COPAIN, subst. masc. ; COPINE, subst. fém.
Familier
A. 1. Camarade de classe, de jeu, de loisirs (qui est souvent de la même génération). Expr. Salut les copains. On ne dit pas bonjour aux copains (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 272). Les Copains, de J. Romains. Un bon copain, un vieux copain. Une partie de cartes entre copains (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 24). Elle allait faire du camping par ici avec une copine (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 196). Ça fait plaisir de revoir un copain des vieux jours (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 178) :
1. Il avait un camarade, un copin [sic], comme nous disions au collège, avec lequel il partageait tout.
MÉRIMÉE, Mél. hist. et littér., 1855, p. 306.
Loc. adv. En copain(s). Il faut que vous veniez dîner à la maison, en copain, sans cérémonie (COURTELINE, Linottes, 1912, III, p. 56). Ici, plus de manières. On boit en copains (ARNOUX, Paris, 1939, p. 37).
Emploi adj. :
2. ... toute cette marmaille ne m'appelle pas grand'père. Ça sent les rhumatismes, les foulards, la chaise percée, la chancelière, la tête branlante (...) ils m'appellent grand-Ram. Ça, c'est gentil, c'est copain, ça ne fleure pas le corbillard.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Cécile parmi nous, 1938, p. 96.
Expr. Être (très bon) copain avec ; être (rester) copain(s). Avoir des relations de camaraderie avec. Il reste une heure, on cause, il est très copain avec moi (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 713). Juliette est restée très copine avec son ex-mari (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 250). Ils étaient copains comme cochons (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 130).
2. En partic.
a) Camarade de régiment. Mon ami de Presles, Marcel Grindier, un vieux copain de tranchée qui était là dans tous les moments les plus durs (MONTHERLANT, Exil, 1929, III, 3, p. 76) :
3. Vous verrez... des années passeront. Puis nous nous retrouverons, un jour, nous parlerons des copains, des tranchées, des attaques, de nos misères et de nos rigolades, et nous dirons en riant : « c'était le bon temps... » DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, p. 126.
b) Camarade de parti, de syndicat. Vinet avait invité une petite copine, qui avait travaillé pour lui à la permanence (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 156).
c) Camarade de travail, collègue :
4. Comme si vous ne devriez pas avoir honte [dit Lahrier au père Soupe] de vous faire flanquer quatre mille balles pour ne rien fiche ... depuis le jour de l'an jusqu'à la Saint-Sylvestre, pendant que les copains triment à votre place. COURTELINE, Messieurs-les-Ronds-de-cuir, 1893, 4e tabl., I, p. 130.
3. P. ext. Celui qui partage la même opinion. Jeudi 17 juillet. Drumont et son copain en antisémitisme, de Biez, dînent aujourd'hui. (GONCOURT, Journal, 1890, p. 1205).
B. Spécialement
1. Péj. Personne qui utilise la complicité de quelqu'un ou qui est le complice de quelqu'un. Le règne des copains et des coquins :
5. Qui donc prétendait que la République des camarades était morte? L'État français [sic] des petits copains paraît devoir la remplacer avantageusement. L'OEuvre, 1er janv. 1941.
Expr. Faire copain avec. Par fierté, il se refusait à aller dire au Papon d'annoncer une visite : Faire copain avec les domestiques contre un Coëtquidan, ça, non ! (MONTHERLANT, Célibataires, 1934, p. 861).
2. Amoureux, amant :
6. Je rencontre aussi, tous les soirs, une petite putain, peinte et poudrée. Elle est amputée d'une cuisse et marche avec des béquilles. (...). Il paraît que cette personne a des amateurs : Chaque jour elle change de copain. G. DUHAMEL, Journal de Salavin, 1927, p. 115.
7. Il lui dit : Quand j'avais seize ans seize ans, vous entendez, j'avais une petite copine de quatorze ans. Je l'aimais comme on aime pour la première fois, c'est-à-dire avec un feu qu'on ne retrouvera jamais plus. MONTHERLANT, Les Jeunes filles, 1936, p. 1069.
Prononc. et Orth. : [], fém. [-in]. Ds Ac. 1932. L'anc. forme compain est transcrite ds LAND. 1834 qui admet également la graph. étymol. compaing et ds LITTRÉ : kon-pin. Étymol. et Hist. 1. 1708 copin « grand homme sot et niais » (FUR.), attest. isolée; 2. 1838 copain « camarade » (d'apr. ESN. sans réf.) ; 1843 copin (BALZAC, Illus. perdues, p. 668) ; av. 1883 copine (Macé ds LARCH. Suppl., p. 42); 1883 compaing (GONCOURT, Journal, p. 290) ; 1919 compain (ROLLAND, C. Breugnon, p. 229) ; 3. ca 1895 copain « amoureux, amant » (d'apr. ESN. sans réf.). Forme dénasalisée de l'a. et m. fr. compain (compagnon*). Cf. dès la 2e moitié du XVe s. la forme coppin « compagnon » (MOLINET, Faits et dits, éd. N. Dupire, t. 2, p. 732). Fréq. abs. littér. Copain : 809. Copine : 34. Fréq. rel. littér. Copain : XIXe s. : a) 4, b) 39; XXe s. : a) 1 173, b) 2 710. (tlfi:copain)
- On écrivait et on disait autrefois compaing, mot très-expressif que je regrette beaucoup pour ma part, puisqu'il signifiait l'ami, le frère choisi, celui avec qui, aux heures de misère, on partageait son pain, cum pane. C'est l'ancien nominatif de compagnon. (Delvau 1866)
- Viendrait de compain. (SAINXIX)
- Ce mot n'appartient pas à Ed. About comme le dit LAR, c'est un dérivé du vieux mot français compaing. (VIR)
- Eating their bread together. (MAR)
- Du vieux mot : compaing = compagnon. (AYN)
- forme dénasalisée de l'anc. franç. compain (→ Compagnon). (GR)
- Forme dénasalisée de l'a. et m. fr. compain (compagnon*). Cf. dès la 2e moitié du XVe s. la forme coppin « compagnon » (MOLINET, Faits et dits, éd. N. Dupire, t. 2, p. 732). (TLFi)
- C'est par corruption que l'on dit copain ; le vrai mot est compain ou compaing, qui lui-même vient de cum et panis, qui mange le même pain. (D'Albanès, 1845)
- Du vieux mot compain, compagnon. (Dech1918)
- Vocabulaire des écoliers. (Marty Laveaux 1857)