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Citations relevées dans “Le crépuscule des prisons” (1972)

Cette page réunit toutes les citations relevées dans Le crépuscule des prisons, avec l'entrée qui y est attachée.

  • Quand le troisième pouvoir de l'État, la Justice, habituellement sereine et lente, est prise de transes, on ne peut se poser des questions. – (79206)
  • ramassant au passage dans les ateliers des outils préparés à l'avance (barres à mines, pied de biche, etc.) et destinés à faciliter la suite de leur projet. – (pied de biche)
  • M. Suchet est le fils d'un ancien gardien de Clairvaux qui avait eu longtemps la charge du quartier disciplinaire, bien que, dans les règlements, les surveillants doivent être placés aux différents postes en alternance. Pour cette raison, le mitard de Clairvaux a gardé le nom de « villa Suchet ». – (Villa Suchet)
  • la chancellerie semble avoir estimé qu'il n'était pas opportun de porter l'affaire au grand jour d'un tribunal. – (79207)
  • À cette époque, la Centrale de Clairvaux est en cours de réaménagement : les dortoirs cloisonnés en « cages à poules » sont progressivement remplacés par des cellules individuelles. « Quand les détenus étaient en dortoirs, explique M. Le Cono, directeur de l'administration pénitentiaire, les détenus ne pouvaient pas laisser leurs affaires personnelles près de leur lit car, au cours de la journée, les “cages à poules” n'étaient pas fermées et des vols auraient pu se produire. » – (cage à poules)
  • Mais en prison, les habitudes ont la vie dure et il était très difficile de faire renoncer les détenus à leur petit sac. – (avoir la vie dure)
  • ils réclameront […] 10000 francs en petites coupures. – (coupure)
  • Buffet et Bontemps, sérieusement blessés, restèrent un moment étendus dans le couloir de l'infirmerie, faisant le mort. – (faire le mort)
  • À Fresnes, un groupe de surveillants les attendaient en « comité d'accueil », selon l'expression qui désigne le tabassage collectif auquel sont soumis, lors d'un transfert, les détenus qui arrivent précédés d'une réputation particulièrement mauvaise. – (comité d'accueil)
  • Bontemps fut transféré à Auxerre – maison d'arrêt sûre et n'abritant aucun autre criminel dangereux – et Buffet à Melun. Cette Centrale, que certains appellent le « Ritz des prisons françaises », semblait particulièrement apte à l'accueillir en raison de la qualité et de la sûreté du personnel de surveillance. – (79208)
  • C'était ce qu'on appelle une force de la nature, sans aucune méchanceté ni brutalité apparente, puisqu'il nous arrivait souvent de chahuter avec lui dans la cour de récréation et qu'il prenait toujours bien les taquineries dont il était l'objet. – (68060)
  • ce n'était pas un détenu indiscipliné, mais au contraire, d'une obéissance passive. Le règlement, c'était le règlement et il n'avait aucun esprit de malice pour essayer de le tourner. – (le règlement, c'est le règlement)
  • d'autres détenus […] laissaient clairement entendre à Gâteau que le surveillant Albe le prenait pour un imbécile, et que pour en finir « il n'avait qu'à lui mettre son poing sur la figure » selon les propres termes de l'un d'eux, condamné à perpétuité – (main sur la gueule)
  • Ensuite, bien sûr, Gâteau a été emmené au mitard et dans les jours suivants il a pris des rossées dont les détenus entendaient les cris. – (rossée)
  • Avoue que t'as fait de la tôle. Il n'y a pas de place ici pour les gibiers de potence. – (taule, gibier de potence)
  • C'est un homme d'un abord aimable, courtois, volontiers enjoué qui n'hésite pas à souligner du geste la pétulance de ses paroles ; c'est peut-être le seul rappel visible de ses origines « pied-noir ». – (69899)
  • C'était un directeur à poigne – (avoir de la poigne)
  • D'ailleurs sous Michelet les prisons étaient devenues de véritables abbayes de Thélème, c'était la foire et on en sortait comme d'un moulin. – (79209, comme dans un moulin)
  • J'ai en tout cas fait appliquer la séparation entre les jeunes détenus et les chevaux de retour – (cheval de retour)
  • Avec M. René Pleven, c'est un homme politique de premier plan qui, en juillet 1969, à l'âge de soixante-huit ans, arrive à la Chancellerie. – (65893)
  • Enfin dans quelques-unes des principales centrales (Poissy, Eysses, Nîmes) les détenus sont parqués la nuit dans des dortoirs cloisonnés que l'on appelle les « cages à poules ». – (cage à poules)
  • pour d'autres qui, pourtant, dans la vie ordinaire, n'étaient pas des gens hypersensibles, c'est un choc terrible. Quand, après ce traumatisme initial, il ne se trouve personne pour « remonter les poids » du détenu, il est terriblement en danger, il craque au point d'être tenté par le suicide. – (remonter les poids)
  • J'ai dû tendre les mains et on m'a passé les bracelets. – (bracelets)
  • À Fresnes on monte l'escalier au bas duquel on dresse parfois les bois de justice et on se retrouve dans une salle pour la fouille. – (bois de justice)
  • À la fin de ce traitement [passage du Dépôt et fouille], on a un terrible coup de barre. Les tentatives de suicide sont alors très fréquentes. – (coup de barre)
  • Pour les arrivants, le parcours pénitentiaire commence par plusieurs étapes dans les locaux du greffe. – (arrivant)
  • Dans une vieille prison, malgré son inconfort, le détenu voit et entend mille choses qui le rattachent à la vie normale : ne serait-ce que les allées et venues, le bruit des poubelles, etc. – (70708)
  • Il est très « à cheval » sur le règlement et, à 18 mois de la retraite, il ne veut pas d'histoires. – (à cheval sur)
  • Les « cours » réservées à la promenade donnent une impression franchement sinistre : dans l'argot pénitentiaire on les appelle des fromages. L'ensemble a la forme d'un hémicycle divisé en cases triangulaires par des murs disposés en rayon. – (fromage)
  • C'est la grosse tambouille qu'on trouve dans presque toutes les communautés : hâricots, pâtes, riz, lentilles, pommes de terre… – (tambouille)
  • Il existe trois système de cantines : la cantine ordinaire, la cantine accidentelle et la cantine exceptionnelle. La cantine ordinaire permet aux détenus de se procurer des denrées alimentaires et des boissons. […] La cantine accidentelle […] permet de se procurer des articles d'usage courant : linge, sous-vêtements, pantoufles, fil, aiguilles, produits de toilette, des timbres-postes, des crayons à bille, du papier, des couverts, des presse-fruits, des jeux de cartes. […] La cantine exceptionnelle concerne tout le reste qui peut être commandé à l'extérieur. Les commandes sont soumises à mon autorisation. – (cantine)
  • Ensuite, pour les prévenus, les passages devant le juge d'instruction : transfert depuis la prison jusqu'au palais en voiture cellulaire : puis, à Paris, attente souvent longue dans la sinistre salle des « trente-six carreaux ». – (trente-six carreaux)
  • les canonniers de la Centrale n'arrivent pas à tromper la vigilance de l'excellent portier des visiteurs. – (79212)
  • Les tirs de Charmat et de Schneider partent dans les décors. Néné loupe trois buts immanquables. – (dans le décor)
  • Une mauvaise action de Néné (décidément ) et Autuori donne le 2e but à la SIGA. C'est la consternation. – (69397)
  • Lorsqu'un détenu se trouve en possession d'un journal dans lequel a été découpée une « fenêtre », sa curiosité se trouve bien plus sollicitée par l'information censurée que par tout le reste. Il cherche à savoir et, très vite, il sait. Comment ? parfois par les surveillants eux-mêmes, parfois par les avocats ou les nouveaux détenus, souvent par ce mystérieux « téléphone arabe » des prisons qui transmet très vite les informations non seulement à l'intérieur d'un établissement, mais plus curieusement encore d'une prison à l'autre, fussent-elles aux deux bouts du territoire. Malheureusement, ces moyens de communication sont généralement infidèles : ils donnent lieu à des extrapolations et aux pires exagérations. – (téléphone arabe)
  • Au bout d'un moment, l'un d'eux m'a dit : « Allons, assieds-toi. » Une de leurs premières questions a été : « Tu es assisté ? » Ils voulaient savoir par là si je disposais de ressources en provenance de l'extérieur. J'ai dit oui, cela les a rassurés car si j'avais été un pauvre type, ils se seraient sentis obligés – c'est une sorte de règle morale dans les prisons – de partager avec moi. – (assisté)
  • Mais il a voulu la garder toute la soirée dans son lit. Alors ça ne m'a pas plu et je lui ai filé sa tabassée. – (tabassée)
  • Le point noir de cette prison c'est l'infirmerie. C'est un endroit infect où règne une promiscuité effroyable. Par dortoirs de trente, les vieux chevaux de retour voisinent avec les jeunots, les relations homosexuelles sont très fréquentes. – (point noir)
  • La société des détenus comporte trois classes : les « garçons », les « voyous » et les « caves ». Les « garçons » tiennent le haut du pavé. Ce sont les grands truands, les « braqueurs » (auteurs d'attaques à main armée), les chefs de bande. Le terme de « garçon » n'implique en aucune manière la jeunesse ; il est une affirmation de la virilité par opposition à « fille ». « Garçon » est utilisé comme vocatif et équivaut approximativement à « Monsieur ». C'est un terme honorable qui classe celui qui en est paré dans l'aristocratie des prisonniers. « Mémé » Guérini est le type du « garçon ». – (garçon)
  • Dans les centrales, les « garçons » les plus considérables deviennent des caïds. Il est d'usage que le caïd ne travaille pas et que ses vassaux prélèvent sur leur propre production pour en mettre une part à son crédit. – (caïd)
  • Le caïdat [en prison] comporte d'autres aspects : le caïd contrôle les jeux et prélève une dîme ; il distribue également des amendes ou, le cas échéant, prononce des condamnations plus graves pouvant aller jusqu'à la peine de mort. Les caïds utilisent souvent leur puissance pour s'enrichir. On cite le cas d'un caïd sorti de la prison de Loos avec un pécule dépassant 10000 F, alors que l'immense majorité des détenus part avec les 200 F du pécule de réserve péniblement amassé. – (caïdat)
  • alors que j'ai tendance à être assez indulgent pour les infractions commises par un détenu ordinaire, je ne rate pas les caïds quand ils se mettent dans leur tort. – (ne pas rater qqun)
  • Un jour, raconte M. Decroix, nous avons reçu dans notre cellule un gangster marseillais du nom de Philippi. Avant même son arrivée, les messages et les présents affluaient des autres cellules par les « yoyos » : cigarettes, chocolats, etc. – (yoyo)
  • Ne me touche plus jamais, espèce d'enculé, autrement je vais t'en retourner une. – (en retourner une)
  • Au-dessous des « garçons », caïds ou leurs lieutenants, prennent place les « voyous ». Ce sont des truands de rang subalterne, petits « casseurs » (auteurs de cambriolages, voleurs de voitures, etc.), malfaiteurs solitaires, trafiquants. – (voyou, casseur)
  • auteurs de crimes passionnels, d'infractions sexuelles (ceux qui sont « tombés pour la pointe ») – (pointe)
  • Il vaut mieux être un cave plein de bonne volonté, qui promet de faire mieux, de ne plus se laisser sauter connement par les poulets, il vaut mieux essayer de devenir un homme. – (sauter)
  • Il est aussi la proie toute désignée des racketteurs, toujours prêts à faire main basse sur ses achats de cantine ou à lui extorquer les sommes dont il dispose en l'obligeant à régler des achats faits pour d'autres. – (racketteur)
  • Si toutes les prisons conservent quelques cellules individuelles pour les cas spéciaux, la plupart connaissent un surpeuplement tel qu'il faut « empiler ». – (79213)
  • beaucoup ne résistent pas à cet isolement et c'est pourquoi on triple certaines cellules. Les détenus ne sont jamais à deux seulement à cause de l'homosexualité. – (79214)
  • En principe, le système des dortoirs garnis de « cages à poules » est condamné. Supprimées à Clairvaux, les cages à poules, sinistres survivances du siècle dernier, existent toujours dans trois grandes centrales : Nimes, Poissy et Eysses. Les cages à poules sont des sortes de cellules aménagées à l'intérieur d'un dortoir ; mais à l'inverse des vraies cellules, elles n'assurent aucun isolement réel à celui qui y habite. Il en existe de différents types ; les plus rudimentaires sont des sortes de clapiers grillagés qui se bornent à insérer le lit et un espace minimum. D'autres sont faites de planches plus ou moins ajustées avec une porte grillagée qui, dans certaines prisons, sont à ouverture automatique au moyen d'un loquet commun actionné à l'aide d'une longue tige de fer. Seul, le côté où se trouve la porte est à claire-voie. – (cage à poules)
  • l'administration n'aime pas que des détenus mis ensemble s'entendent trop bien. L'usage veut que, périodiquement, – tous les six mois au minimum – on « casse » une cellule, c'est-à-dire qu'on sépare les détenus qui s'y trouvent pour les répartir entre d'autres cellules. – (casser une cellule)
  • si, à tout moment, il apparaît qu'à l'intérieur d'une cellule règne une certaine bonne entente, cela devient très vite suspect et, pour cette seule raison, on « casse » la cellule. – (casser une cellule)
  • Le prétoire, c'est le tribunal interne de la prison ; c'est là que sont jugées les fautes contre la discipline commises par les détenus. – (prétoire)
  • Ils ressentent très nettement l'infériorité de leur position : « On est là, le petit doigt sur la couture du pantalon, dit l'un d'eux. On ne peut pas dire un mot. De toute façon, le directeur ne peut pas donner tort à un surveillant. » – (le petit doigt sur la couture du pantalon)
  • Si vous donnez tort au surveillant, dit M. Vesse, il ne signalera plus rien. Car, avec eux, c'est tout ou rien. – (79216)
  • Mais dans une prison, le juge d'application des peines, c'est le caillou dans la chaussure. – (cailloux dans les chaussures)
  • les W.C. sont « à la turque » – (69390)
  • Il existe de multiples sortes de moyens de communication : tuyaux qui portent au loin la voix lorsqu'on parle tout contre, « yoyotage », messages écrits ou verbaux transmis par les auxiliaires qui circulent à travers la prison – (yoyotage)
  • La prison, c'est le recyclage du crime. La majorité des récidivistes « retombent » pour un délit différent et plus grave que celui qui les avait fait arrêter la première fois. – (retomber)
  • « Malheur à l'homme seul ! En prison, on peut tout avoir, à condition d'avoir une touche. » C'est M. Decroix qui parle : « Une touche, c'est le “contact”, l'homme qui, directement ou indirectement peut vous faire obtenir ce dont vous avez besoin, une faveur, un passe-droit, n'importe quel objet. Pour avoir une ampoule neuve ou plus forte que celle des “lampes justice” avec lesquelles on ne voit pas clair, il faut “toucher” l'électricien. […] » – (touche, toucher)
  • Comme personne ne dispose d'argent liquide, le prix de base de ces différents articles est fixé en cigarettes. Un couteau avec un manche en cuivre et dont la lame a été fabriquée avec une scie vaut quatre « ballots de pipes » – (ballot)
  • Avec tous ces articles ajoutés à ce qu'on peut se procurer à la cantine, les détenus expérimentés parviennent à confectionner de petits équipements clandestins, notamment des réchauds appelés « totos » dont le principe commun est une vieille boîte de conserve trouée. Les combustibles varient : morceaux de linge roulé dans de la margarine, boules de papier mouillées, serrées et séchées, petits morceaux de bois arrachés au mobilier. Sur ces réchauds on prépare diverses nourritures ou boissons chaudes. – (toto)
  • Autre préparation recherchée, le « café manouche » : dans un récipient qu'on fait chauffer fortement, on laisse calciner des morceaux de sucre sur lesquels on verse de l'eau bouillante, ce qui produit une décoction à la fois amère et sucrée. C'est une boisson toxique qui provoque de la tachycardie ; mais certains détenus en sont très friands. – (café manouche)
  • Le coiffeur, dit encore M. Decroix, est un personnage très important, car il voit et il connaît tout le monde. Ça n'est généralement pas un coiffeur métier […]. C'est un « classé » ; comme c'est un poste clé, il est important pour les détenus influents qu'il ne soit pas occupé par n'importe qui. Si l'homme ne fait pas l'affaire, on s'arrangera pour le faire déclasser. – (classé)
  • Le coiffeur est donc obligé de se ménager les caïds. Il soigne particulièrement leur coupe : il a deux « coupe-chou » [sic], un bien entretenu réservé aux « grands » et un autre pour le tout-venant. – (coupe-choux, 37996)
  • En prison, on ne joue jamais aux cartes à trois : le nombre trois porte, dit-on, la « schkoumoun », c'est-à-dire la malchance ou, comme dit Alphonse Boudart [sic], la « cerise ». – (scoumoune, 79221)
  • On prête de même un pouvoir maléfique aux objets les plus divers, ainsi qu'à certains personnages réputés avoir le « mauvais oeil » et qui sont d'autant plus redoutés qu'ils passent pour contagieux. – (avoir le mauvais oeil)
  • Les Corses croient se prémunir contre le mauvais sort en « touchant du bois ». – (toucher du bois)
  • Les symboles que représentent ces tatouages sont en général naïfs, mais il y a une mode des sujets qui est en perpétuel changement. Voici quelques années, « le Saint » un personnage de Leslie Charteris était en vogue. – (79222)
  • Les symboles que représentent ces tatouages sont en général naïfs, mais il y a une mode des sujets qui est en perpétuel changement. […] En ce moment, c'est plutôt la représentation d'un chemin qui serpente en direction d'un calvaire qui a la faveur des détenus. – (79223)
  • Il y a toujours aussi les trois points à égale distance du premier métacarpe, de l'index et du pouce, ou les quatre points avec un cinquième au milieu qui signifient : « Je suis seul entre quatre murs. » – (trois points, quatre points en carré et un cinquième au milieu)
  • Le point bleu sur la joue droite est assez répandu aussi ou alors une série de points alignés, d'une oreille à l'autre et passant sous la jugulaire, ce qui veut dire : « À découper suivant le pointillé. » – (point bleu sur la joue droite, à découper)
  • Sont également très prisées, et depuis longtemps, la dague sur l'avant-bras, ainsi que l'inscription, parfois sur la poitrine, « À ma mère ». – (79225, 79226)
  • Quelques signes et attitudes sont également caractéristiques du monde des prisons et servent aussi, à l'extérieur, de mode de reconnaissance. L'index pointé sur la glotte est un geste stéréotype très répandu. – (index pointé sur la glotte)
  • Les détenus ont également l'habitude, forgée au départ par la nécessité de la dissimulation, de tenir leur cigarette retournée dans le creux de la main. – (79228)
  • Le langage de base, en prison, comme d'ailleurs dans le milieu, est le « verlan », mot dont l'orthographe est incertaine et qui est composé des syllabes inversées de « l'envers ». Parler verlan, cela signifie, de la même manière prononcer les mots en inversant leurs syllabes et en apportant, le cas échéant, les aménagements phonétiques nécessaires. C'est ainsi que le « calibre » devient en verlan « brelica » et le « casse » (c'est-à-dire le cambriolage) devient le « seca ». – (verlan, brelica, seca)
  • La vieille technique du « javanais » a encore cours : « bavonjavour » veut dire bonjour et « louchebem » (par une utilisation assez fréquente de la terminaison explétive « bem ») signifie « boucher ». – (javanais, bavonjavour, loucherbem)
  • Le yoyo : activité qui consiste à lester un petit sac, par exemple avec du pain dur, à l'attacher à une ficelle et à le balancer jusqu'à ce que le détenu de la cellule contiguë puisse l'attraper (sert à acheminer messages, sucre, cigarettes, etc.) – (yoyo)
  • il y avait 600 inoccupés de plus dans les prisons. – (inoccupé)
  • Sur les sommes gagnées en travaillant le détenu ne perçoit effectivement qu'une partie affectée à son pécule disponible : sept dixièmes pour les prévenus, cinq dixièmes pour les condamnés à des peines correctionnelles, quatre dixièmes (ou un peu plus à titre de récompense) pour les condamnés à la détention criminelle. Le reste est affecté jusqu'à concurrence de 200 F au pécule de réserve qui serait remis au détenu lors de sa libération. – (pécule)
  • L'attribution de dotations, d'équipements, pendant quelques années, la création, sur chaque budget, des postes techniques supplémentaires permettraient d'arriver progressivement à une situation où l'entreprise pénitentiaire « tournerait » par ses propres moyens. – (tourner)
  • il ne faut pas attendre la dernière minute, sans quoi le détenu est perdu. – (68247)
  • tandis que l'évasion est devenue un mythe, la récidive […] continue de faire le plein. – (faire le plein)
  • En fait de réveil, ce 20 décembre au matin, c'est le lugubre clic-clac d'un verrou, la vision d'un mur d'une saleté repoussante et le froid d'un matin d'hiver qui m'assaillent ! – (clic clac)
  • Les détenues assistées de l'extérieur peuvent « cantiner », c'est-à-dire faire acheter à l'extérieur lorsque les feuilles de commande passent environ cinq fois par semaine. On a le droit d'acheter de la charcuterie, deux pâtisseries, papier à lettre, timbres, dentifrice, shampooing, sel, sucre, beurre. – (cantiner)
  • Durant ces visites, il est formellement interdit de parler, et des autres détenues, et des conditions de détention, des gardiennes écoutant votre conversation et vous mettant un rapport si vous passez outre. – (78139)
  • La Roquette va être détruite, nous dit-on. Il serait temps ! – (68159)
  • une formule courante dans les prisons est : « Donne-moi dix pipes et je t'en fais une ». – (pipe)
  • Les vieux, formés sur le tas, sont en train de partir à la retraite – (sur le tas)
  • Sur un fond général de prudence et même de méfiance, ils [gardiens de prison expérimentés] savent quand ils peuvent « lâcher un peu de mou » et quand, au contraire, il convient d'ouvrir l'oeil. – (laisser du mou dans la corde)
  • compte tenu des difficultés du recrutement, on n'est pas trop regardant sur les diplômes. – (regardant)
  • Les psychopathes [les gardiens violents], ce sont des salauds. Ils nous cassent notre travail [aux enseignants de l'adm. pénitentiaire]… – (79239)
  • Il y a un noyau dur de détenus mélangés aux prévenus qui pose un problème continuel de sécurité. – (78516)
  • On m'a lancé une pomme de terre en plein sur la tête. – (71018)
  • Il y a des accrochages avec les surveillants plus anciens car la formation que nous donnons aux jeunes est incomplète. Elle est moins valable que celle du surveillant formé sur le tas. – (sur le tas)
  • « Jambe de laine » célèbre par sa perfidie et son pied-bot. – (jambe de laine)
  • « Cul bleu », soupçonné de moeurs spéciales – (79240)
  • « Cobra », pour lesquels les anciens détenus de la Santé ne trouvent pas de mots assez forts. Type achevé du sadique, il devait son pseudonyme non seulement au port de lunettes mais à son goût des ruses diaboliques. – (79241)
  • C'est sous un prétexte quelconque la « mise à poil » du détenu, particulièrement pratiquée au mitard. Ce sont les fouilles répétées, la mise à sac de petits objets personnels du détenu… – (à poil)
  • Le J.A.P. donne son avis sur les transfèrements et les grâces, ainsi que sur l'adminission à la libération conditionnelle. Il contrôle sursis avec mise à l'épreuve. Il accorde audience aux détenus qui souhaitent lui parler. – (JAP)
  • À l'inverse, certains éducateurs ont été accusés d'user de la manière forte à l'égard des jeunes détenus. – (79242)
  • Il ne veut pas se plaindre ouvertement, car il a peur que le sursis, dont a été assortie sa punition, ne saute. – (sauter)
  • Le Dr Fully, « grand patron » de la médecine pénitentiaire, le dit tout net dans un moment de découragement – (patron)
  • En général, les détenus qui ont obtenu un régime alimentaire du médecin n'insistent même pas pour qu'on le leur donne. Cela les ferait mal voir. – (53438)
  • Ainsi, pour une grippe, nous donnons en tout et pour tout trois cachets d'aspirine et un cachet de vitamines C. – (en tout et pour tout)
  • J'ai vu le cas d'un détenu qui avait des ascaris ; on lui a fait tant de difficultés que je n'ai pu le soigner que trois mois après, alors que l'ascaris avait atteint le cholédoque, ce qui a provoqué des complications sans nom. – (sans nom)
  • À Fresnes, il y avait quatre ou cinq tentatives de suicide par semaine. On appelait ça des « autolyses » et on les divisait en deux catégories : les « coupés » et les « pendus ». – (coupé)
  • l'inconscience des élus qui, même au niveau du parlement, ne connaissent guère, en matière pénitentiaire, que des émotions à fleur de peau. – (61681)

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