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Citations relevées dans “La débâcle [Sondage 1940]” (1965)

Cette page réunit toutes les citations relevées dans La débâcle [Sondage 1940], avec l'entrée qui y est attachée.

  • Tu es civil, tu mets à ton veston le ruban de la médaille militaire, et tu sais ce qu'ils pensent de toi, les gens ? Rien en faveur de ton intelligence. Tu es soit un sous-off rempilé, c'est tout dire, soit un pauvre type qui n'a pas su se défendre, je veux dire se planquer. La médaille militaire, ça te classe tout de suite : on sait que tu es un minus. – (c'est tout dire !, se défendre, planquer, minus)
  • La médaille militaire, ça te classe tout de suite : on sait que tu es un minus. Tandis qu'avec la légion d'honneur, l'effet est tout le contraire, surtout dans ma partie, la représentation. On n'a jamais vu jeter à la porte un représentant décoré de la légion d'honneur. – (partie)
  • Naturellement, il ne faut pas porter le ruban rouge avec celui de la croix de guerre, ce qui prouve que tu l'as gagné au casse-pipe, donc sans autre mérite que celui d'avoir été officier. Si tu portes le ruban rouge tout seul, tu es un Monsieur, tu sais nager, tu as des relations et de l'envergure, ça impressionne, et tu peux raconter ta salade à ton aise. – (ruban rouge, savoir nager, salade)
  • J'avais un chouette boulot, chauffeur de chauffage central. À mon compte. C'est chouette parce qu'on est son maître. J'avais cinq immeubles dans le XVIe, des rupins, au même gérant. C'est avec le gérant que j'étais en cheville, les locataires, je ne les connaissais pas. – (en cheville)
  • Je lui ai répondu comme un con : « C'est vraiment triste que les gens aient eu froid dans la rue du Ranelagh comme nous autres les mobilisés. » Il m'a filé un sale coup d'oeil, et j'ai pigé que je venais de drôlement gaffer. – (gaffer)
  • Bon, on s'est tous dégonflés, on n'a pas fait grève, la trouille d'aller au chômage, et le gouvernement a pensé de nous : « Ils sont trop lâches pour débrayer, donc ils sont assez courageux pour la nouvelle der des ders. » [1940?] – (débrayer, der des der)
  • Mais de cette grève loupée du 30 novembre 1938 au 1er mai 39, y a eu de drôles de micmacs entre le gouvernement et les syndicats, puisque la CGT a décrété qu'on ne chômerait pas le 1er mai. Au boulot le 1er mai, la fête du travail ! Motif : une journée de perdue, c'était des tanks et des avions en moins pour ratatiner Hitler !… – (mic-mac, ratatiner)
  • Conclusion : avant que je reprenne une carte d'électeur ou une carte syndicale, il passera de l'eau sous le pont de Neuilly !… – (de l'eau a coulé sous les ponts)
  • Sais-tu seulement quelque-chose de la révolution de 1830 ? –Bien sûr !… Quand Louis-Philippe a viré les ultras !… Même que les victimes ont leurs noms sur le génie de la Bastille… Il l'a encore eu vachement dans le baba, cette fois-là, le populo, comme d'habitude. [1940?] – (ultra, dans le baba, même que, populo)
  • On voudrait pas s'aligner avec toi comme érudits, mais on est quand même documentés. À la communale, qu'on s'est documentés, ça peut te faire braire, mais c'est comme ça. – (faire braire)
  • Maintenant, continue, on t'écoute, t'es pas le mauvais cheval, au fond [1940?] – (mauvais cheval)
  • Tu penses bien que depuis 1917 jusqu'à maintenant, on aurait eu pas mal d'occasions de lui couper le cou, et finalement on aura été encore une fois radicaux-socialistes tricolores cent pour cent, allez enfants de la patrie vous vous y collez pendant que moi je vous regarde. – (cent pour cent)
  • Chez moi, dans la Manche, comme journalier tu te fais dix francs, mais faut pas oublier qu'à la campagne tu travailles la moitié de l'année. – (se faire)
  • Tu vois qu'avec l'allocation pour elle et les deux poulots, ma femme a davantage pour vivre que du temps où j'étais là. – (poulot)
  • On était à peine arrivé en Hollande qu'il a fallu déguerpir. Je me dis : « J'ai assez marché comme ça, j'en ai plein les panards, faut que je me démerde à dégotter un vélo. » Pas difficile, y avait pas besoin d'être champion de démerdage, en Hollande les gens viennent au monde avec un vélo entre les jambes. – (en avoir plein les panards, démerdage)
  • La première maison venue, personne dedans, tous barrés, les Hollandais. – (barré)
  • Et qu'est-ce que je trouve, au lieu d'un vélo ? Tout ce qui se fait de mieux comme moto, une 500 Norton avec réservoir plein et des bidons d'essence dans le garage !… Merde, pour un coup de pot, ça pouvait s'appeler un coup de pot ! – (pour un X, c'est un X)
  • Avant la capture, il n'y avait rien à écouter, car le citoyen mobilisé gardait bouche cousue. Même dans la déroute, il craignait trop les mouchards et les tribunaux militaires pour oser se soulager par des lamentations ou des imprécations. Dès qu'il eut été pris, et libéré de sa terreur, il vida son sac. [1965] – (bouche cousue, mouchard, vider son sac)
  • L'homme du 10 mai tenait d'autres discours. Les Allemands, jusque-là des Fritz, des Fridolins, rarement des Boches, ne furent plus que des vaches de Boches. [1965] – (Fritz, fridolin, Boche)
  • le reporter écrivit : FIN DU 10 MAI, et changea de cahier. Il avait noté tout ce qui lui était venu aux oreilles – (arriver aux oreilles de)
  • Je vous dis que c'est fini, tous les Anglais sont morts. Aussi, qu'est-ce qu'ils avaient à faire du patriotisme exagéré, ceux-là ? Y a des limites à tout, non ? Ils auraient dû se rendre hier soir, j'aurais pu roupiller cette nuit et eux, ils se porteraient mieux. – (il y a des limites à tout)
  • –Ta gueule, tu nous fatigues. – (ta gueule !)
  • Enfin, tu seras encore plus pâle tout à l'heure quand les Fritz vont arriver dans ç't'hangar. – (Fritz)
  • Fernand, passe-moi la bouteille que je la finisse, malgré que j'ai pas l'habitude de boire du pinard de si bonne heure. Mais c'est pas demain qu'on le reverra, le pinard. L'autre coup, j'ai bu de la flotte pendant deux ans et demi. – (pinard, ce n'est pas demain que, l'autre coup, flotte)
  • –Pourquoi que tu buvais de la flotte, poivrot comme t'as l'air de l'être ? – (poivrot)
  • À qui que vous croyez causer, bandes d'andouilles ? – (bande de X)
  • Vous causez à un héros de Verdun, 174e d'infanterie, Douaumont, 3 mars 1916. Tel que vous me voyez, moi et le reste du 174e d'infanterie, on a repris Douaumont le 3 mars 1916. C'est là qu'il en tombait, de la lourde ! – (lourde)
  • Trois ou quatre rangées de macchabs en hauteur, devant les fils de fer, à Douaumont !… Je peux vous garantir que mes abatis, ils les voulaient, le Kronprinz !… Il les a pas eus. Hitler, il les aura pas non plus. – (macchab, abattis)
  • –Sauf ces coups de pied au cul, ça n'aura pas été trop pénible. Et considérons qu'à présent, la guerre est finie pour nous, tandis qu'ils ont encore une bonne chance d'y laisser leur peau, ceux qui nous ont botté les fesses !… – (66715, botter le cul, peau)
  • Regardez ce pauvre curé qui marche sur les morceaux de ses statues : il aura du boulot pour recoller tout ça ! – (boulot)
  • À quoi ça sert qu'il ait fait massacrer tout son monde ? J'ai compté, il en reste six, et noirs comme des Nègres. C'est les explosions qui noircissent, eux autres les Anglais ils ont pris les bombes en pleine poire. – (77333, poire)
  • –Mais je me gourre pas, t'es garde mobile !… Qu'est-ce que tu fous ici, au lieu d'être mort comme c'était ton boulot ? Vaincre ou mourir, les rempilés !… Pourquoi que t'es vaincu et pas mort ? – (rempilé)
  • À la fin de ma perme, je prends le train pour Marine-Dunkerque. À Hazebrouck, tout le monde descend, on ne va pas plus loin, y a du Fritz dans le secteur. – (Fritz, secteur)
  • Un préfet, c'est une autorité, quand même, et il faut lui obéir – (quand même)
  • autrement il me fout dans un camp de concentration comme c'était leur principale distraction depuis six mois à tous ces embusqués de préfets – (embusqué)
  • Je n'avais pas fait deux kilomètres que je rattrape une bande de flics. « Où que tu vas, le mataf ? » qu'ils me demandent. « Je suis en règle, que je réponds. Je vais dans le Loir-et-Cher, ordre du préfet. Et vous autres, les flicards, où que c'est que vous allez ? Défendre la France ? C'est pourtant pas dans les habitudes de votre corporation !… » – (mataf, flicard)
  • parce que toi t'as un peu de retard pour le Loir-et-Cher, les tanks à Hitler sont à la mer, on est dans une poche, on est tous faits comme des rats. – (fait comme un rat)
  • Maintenant, je suis prisonnier de guerre, ça signifie héros, je suis garé des voitures. – (se ranger des voitures)
  • –Méfie-toi, ils sont bien capables de te repoisser après la démobilisation. –Me repoisser ? T'es fou ? […] Et pourquoi tu veux qu'ils cherchent à me repoisser ? Dans ce cas-là, faudrait qu'ils repoissent tout le monde. – (repoisser)
  • Moi, je suis innocent comme un agneau en comparaison des abandons de poste. Combien il y en a, des abandons de poste ? Autant de grivetons ! – (innocent comme l'agneau qui vient de naître, griveton)
  • Tiens, pas besoin d'aller chercher bien loin : toi, t'as le numéro 106 et j'en vois pas d'autres ici avec ce numéro-là. Pas besoin d'être fakir astrologue pour deviner que tu t'es barré en douce quand t'as pigé que ton 106 il allait dérouiller. – (pas besoin d'être fakir astrologue pour deviner que, dérouiller)
  • Je dis un bon petit million d'abandon de poste, au bas mot. Ils pourront pas chercher des histoires à une foule pareille. Un truc de guerre, c'est grave et emmerdant quand on n'est que quelques copains dans le coup. À un million, c'est de la rigolade. – (chercher des histoires, emmerdant, être dans le coup, rigolade)
  • il aurait du pain sur la planche ce fumier de garde mobile qui est là et qui s'est tiré comme tout le monde. Oui, c'est à toi que je cause, c'est toi le fumier et pas un autre. Y a seulement quinze jours qui c'est qui aurait cru possible de dire ses quatre vérités à une bourrique !… Maintenant on peut l'ouvrir, on a de la liberté, de l'égalité et de la fraternité depuis qu'on est prisonniers. – (dire ses quatre vérités, l'ouvrir, bourrique)
  • je vois passer les bagnoles du 6e CUIR qui montaient en Belgique comme tout le monde. – (cuir)
  • ils n'avaient pas l'air de se marrer, je comprends ça, mais tout de même, je vais vous épater, ils avaient mis des fleurs au bout de leur flingue, juste comme à la guerre de 14. « Merde, vous êtes gonflés vous autres du 6e CUIR, pourquoi que vous avez mis des fleurs ? » Alors y en a un qui me répond : « Eh, Ducon, tu vois pas que c'est pour notre enterrement !… » – (gonflé, fleur au fusil, Ducon)
  • En arrivant à Cherbourg au mois de septembre, j'avais pas le coeur à la rigolade, vous voyez ça d'ici !… Pour me remonter le moral avant d'aller me constituer prisonnier au dépôt, je passe à mon bistrot habituel du temps de mon active – (avoir le coeur à la rigolade, voir ça d'ici)
  • « Je suis de retour. Six mois seulement que j'ai été rendu à la vie civile, et ils me foutent leur garce de guerre de Dantzig dans les pattes !… Si c'est pas malheureux ! » Elle me rétorque la patronne : « C'est pas si malheureux que ça. Vous êtes même drôlement verni !… Est-ce que vous savez qu'au dépôt vous allez voir Jean Gabin en chair et en os ? » – (si c'est pas malheureux, coller dans les pattes, garce de, verni)
  • comme ce vieux con de général à deux étoiles qui se baladait tous les soirs dans la rue du cinéma rien que pour se faire saluer. – (rien que pour X)
  • –Non, ce film-là, je l'ai pas vu. C'est rare, parce que pour moi, le ciné, c'est sacré. – (77336)
  • J'y ai été deux fois par semaine [au cinéma] pendant toute la Drôle, sauf naturellement pendant mes permes. – (77337)
  • Mais pour en revenir à ton film, je ne l'ai pas vu, à cause de M. André Maurois, qui faisait une conférence aux troupes le même soir, et je m'étais dit : Faut pas rater ça, des films tu en verras toujours mais t'auras pas deux fois dans ta vie l'occasion de voir un éminent académicien. – (rater)
  • Ils m'avaient appelé et pendant les trois semaines que j'ai pas été là ma femme a trouvé le moyen de fourguer mes meubles et de se barrer avec son Jules. – (fourguer, Jules)
  • Voilà les copains qui claquent des mains, mais moi, je profite de l'occasion pour me tuyauter à fond. – (à fond)
  • Je me serais consolé si on m'avait coupé une jambe, ou bien si j'avais perdu un oeil. J'aurais touché une bonne pension. Mais je me serais jamais consolé si j'avais été blessé aux parties, parce que ça, les parties, on ne peut réellement pas s'en passer. – (parties)
  • Quand j'ai passé la visite d'incorporation, le toubib a dit à son infirmier d'écrire sur ma feuille : prothèse supérieure. J'étais bien content, vous pensez !… Je dis au docteur : « Avec une maladie comme ça, je suis sûrement réformé ? » Il me répond : « Mais non, bougre de con, c'est ton râtelier. » – (tu penses !, râtelier)
  • Un médecin militaire de carrière, qu'est-ce qu'il peut connaître à la médecine ? Rien du tout. Il n'a jamais à soigner les vraies maladies, les vieux, les femmes enceintes et les gosses. Tout ce qu'il voit, c'est des jeunes types comme nous autres qui ne cherchent qu'à lui bourrer la caisse. En résumé, il est tout juste bon à soigner les chaudes-pisses. – (bourrer la caisse)
  • Quand je pense que ma femme elle a trois fois filé du fric au fakir Birman pour avoir son horoscope ! Elle l'a eu trois fois, jamais le même ! Tout foutaise et compagnie. – (c'est X et compagnie)
  • Un bon côté de leur caractère aux Fridolins, c'est qu'ils se foutent pas mal de ce qu'on raconte, nous autres. – (fridolin)
  • Hitler va nous reprendre l'Alsace-Lorraine comme c'est l'habitude dans l'Histoire de France. Nous, on sera donc obligés de faire une nouvelle guerre genre 14 pour reprendre l'Alsace-Lorraine au gross rèche. – (genre X)
  • sans compter qu'à cinquante ans t'es pas encore trop vieux pour fricoter avec une petite femme qui s'ennuie du fait que son homme a abandonné le domicile conjugal pour aller rigoler dans les tranchées. – (fricoter)
  • Les officemars, c'est comme partout, t'avais du bon et du mauvais. T'avais le fayot qui se croyait, et t'avais le mec qui était aussi emmerdé que toi d'être là faire le con. Pour le troufion, question de chance. – (officemar, fayot, se croire, con, troufion)
  • les curés, on a beau dire, c'est le plus souvent des braves types pas sauteurs – (type, sauteur)
  • Malgré tout, j'ai des inquiétudes parce qu'ils sont allés chercher le général Weygand. Celui-là, il est encore foutu de retourner la situation, et alors nous, on est bon pour quatre ans de rab. – (foutu)
  • Hitler peut prendre tout ce qu'il veut, moi, je m'en fous du moment qu'il touche pas à la prime de naissance. Parce que le mois prochain, ma femme accouche, et la prime, on l'a bien gagnée, on a fait toutes les formalités en temps et en heure. – (71724)
  • Non, je n'étais pas dans les tranchées en 14-18. Ma classe était bonne comme la romaine, c'est certain, mais les choses ont tourné de telle sorte que, comme je suis tailleur de mon métier, j'ai passé toute cette guerre-là dans un atelier de l'Intendance à Perpignan. – (bon comme la romaine)
  • –Hitler va demander cinquante milliards d'indemnités de guerre. C'était cinq milliards en 70, mais le prix de la vie a augmenté. –Où c'est qu'ils vont aller chercher tout ce pèze ? –T'en fais pas, ils vont en fabriquer. Maintenant, on ne paye plus avec des Louis, on paye avec des billets. Reste à savoir si Hitler va pas se méfier, crainte d'un coup fumant qu'on lui ferait comme ils nous ont fait à nous les Fridolins au temps de la Ruhr. – (fumant)
  • Après l'autre guerre, Clemenceau leur avait dit : « Vous allez payer tant par mois pour les réparations. Si vous oubliez de payer, je vous occupe. » Pour payer, ils ont payé. Ils ont fabriqué des marks en veux-tu en voilà, si bien que tu finissais par payer un milliard de marks pour un paquet de tabac. – (pour X on X, en veux-tu en voilà)
  • Quand il s'est vu blousé, Poincaré a exigé de la camelote, et il a occupé la Ruhr pour. – (être blousé)
  • J'étais bleusaille, j'y suis parti, dans la Ruhr. On était mal vus, mais Poincaré s'en foutait. – (bleusaille, 53438)
  • Si Hitler était pareil, se payer en nature, nous, on peut se préparer à claquer drôlement du bec, et pour longtemps. Faut pas croire qu'on va rentrer et reprendre nos petits boulots comme si de rien n'était, une guerre ça a toujours des suites désagréables. – (claquer du bec, 53976)
  • Ça, pour être pas verni, je peux dire que je suis pas verni !… – (pour un X, c'est un X)
  • –Pleure pas. Les Belges vont gagner quinze jours sur nous, c'est tout. T'en mourras pas pour quinze jours de plus. –Quinze jours que tu dis !… C'est pas prouvé !… – (que tu dis !, 68922)
  • C'est pas prouvé !… –C'est archi-prouvé qu'Hitler a dit qu'il serait à Paris le 15 juin, dans quinze jours à compter d'aujourd'hui. – (archi-)
  • Avec Hitler à Paris, le président de la République il l'invite à venir discuter le coup et il lui dit comme le roi des Belges : « Adolf, on reconnaît que c'est toi le plus fortiche, on te donne ton corridor, on te payera tes dommages de guerre mais toi tu rends les prisonniers. » – (fortiche)
  • À la guerre de 70, les Fritz étaient à Paris, et la bagarre a continué. Si t'as ton certif, tu sais ça. – (certif)
  • Un roi, il fait tout ce qu'il veut, tandis qu'un président, il doit demander la permission des députés. Les députés pour pas perdre leur filon ils vont vouloir continuer la corrida [la guerre], et le président il aura tout juste le droit de fermer sa gueule s'il veut pas aller en cabane comme défaitiste. – (filon, corrida, fermer sa gueule, cabane)
  • Tu ne trouves pas bizarre que les Fritz ne nous donnent pas à becqueter ? […] quand on aura fini de vider nos musettes, qu'est-ce qu'on va la sauter ! – (la sauter)
  • quand on aura fini de vider nos musettes, qu'est-ce qu'on va la sauter !… Je croyais qu'il y avait un règlement comme quoi un prisonnier doit bouffer sa suffisance. Sans doute qu'Hitler il s'assoit dessus. – (62540)
  • Trente francs par jour, qu'ils gagnent, eux, oui trente francs par jour au deuxième classe, et le plus vieux a vingt-trois ans ! Compare un peu avec tes cinquante centimes, tabac de troupe à déduire ! […] Tu t'expliques facilement qu'un troufion anglais à trente balles soit soixante fois plus courageux qu'un troufion français à trente ronds. Mon vieux, dans la vie, même au casse-pipe, tout est une question de gros sous. – (balle, rond, gros sous)
  • moi, ils auraient pu me filer trente balles que j'aurais pas bougé d'une patte pour leur Dantzig. – (77338)
  • Qu'est-ce qu'il disait, M. Poincaré, vers les 1916 ou 17 ? Il disait avec une grande éloquence : « Citoyens mobilisés et admirables héros de Verdun, vous faites la dernière guerre du Droit et de la Civilisation, après vous on pourra tirer l'échelle, après vous y aura plus jamais de héros parce que ce sera la paix pour toujours […] » – (on peut tirer l'échelle)
  • mais à la seule condition que la nation de proie de Guillaume elle soye mise plus bas que terre. – (54062)
  • Allez-y de bon coeur et sans rouscailler pour que vos fils ils revoient jamais ça, pour la fin du militarisme prussien – (64874, rouscailler)
  • Ah ben merde ! Ils ont fait passer M. Poincaré pour un menteur, je leur pardonne pas ! Le Grand Lorrain, le sauveur du franc, un menteur, un qui nous aurait salement bourré la caisse avec préméditation ! – (salement, bourrer la caisse)
  • Oui, on était un régiment de travailleurs, on n'était pas un régiment de corps francs, mais n'empêche que d'un jour à l'autre la bagarre est arrivée dans le secteur de mon blockhaus qui n'avait pas fini de sécher – (73754)
  • Mais je te disais que j'avais une autre raison que M. Poincaré pour ne pas vouloir bouger une patte. Ah oui, les trente francs !… Ils nous auraient donné trente francs par jour pour coltiner les sacs de ciment, je les aurais eus quand même à la retourne, parce que trente francs, c'est la moitié du tarif syndical, et qu'on a pas fait mai 36 pour se laisser exploiter d'une façon ou d'une autre. – (coltiner, les avoir à la retourne)
  • Il faut espérer que tous les planqués d'âge mobilisable seront faits prisonniers. Un affecté spécial c'est un militaire réserviste autant que nous les pauvres mecs. –Là tu vas loin. Où qu'il les mettrait Hitler, tous ses prisonniers ? Compte un peu. Tu as vingt-six classes mobilisables, à trois cent mille hommes l'une dans l'autre, total : huit millions. On était mettons deux millions au casse-pipe, il te reste six millions de planqués !… – (77339, planqué)
  • Nous, deux millions à devoir mourir pour la patrie, et eux, six millions à nous regarder crever… Comment qu'elle se foutait de notre gueule, la patrie !… – (se foutre de la gueule de)
  • J'ai fini mon active comme sergent, mais ils m'ont mobilisé comme deuxième classe à cause de mon casier judiciaire. J'ai tiré de la taule pour des malentendus avec les douaniers. – (taule)
  • Naturellement, tout le monde ne se trouve pas dans le même cas. Par exemple, moi et mes copains, si Hitler prend tous les départements du Nord, et de l'Est, on s'en fout royalement, on est du Gers. – (royalement)
  • Maintenant que je suis certain de m'en tirer sans blessure, je jubile, c'est rien de le dire. – (c'est rien de le dire)
  • j'en ai tellement bavé, en 33, quand j'ai été opéré de l'appendicite, qu'à la seule idée d'attraper un mauvais coup loin d'un hôpital et des anesthésiques, je ne vivais plus, littéralement. Je suis douillet, on ne se refait pas. – (on ne se refait pas, 64458)
  • Un drôle de truc, hein ? –Quoi, ça, un drôle de truc ? –Qu'on ait l'occasion de nourrir un capitaine !… –Un drôle de truc, c'est qu'un corniaud dans ton genre se prive pour de la gradaille !… –Pardon, un galonné si tu veux, pas de la gradaille !… J'étais au bureau de la compagnie, et le capitaine et moi, on était copains. – (corniaud, gradaille, galonné)
  • Voilà qu'autour du 20 mai, quand tout était foutu, le gardien-chef de la prison vient avec sa belle casquette de gaffe expliquer au capitaine qu'on évacue la prison en direction de Rouen – (gaffe)
  • Un quart d'heure plus tard, le gaffe était de retour, avec deux jeunes civils élégants et mobilisables, le commissaire de police et le procureur de la République. Il ne manquait que le sous-préfet pour que la bande des embusqués à grosse paye et grosse retraite soit au complet. – (embusqué)
  • Après quoi, le capitaine les envoie paître, et pas poli, je vous le garantis !… – (54279)
  • –Pourquoi qu'ils t'appellent Double C, tes collègues ? –Parce que je suis un double C. –Un double con, ça veut dire ? –T'as deviné. Je suis même un triple con. Fais le calcul : P.C.D.F., pauvre con du front, en 14 : ça te donne un simple C. Ils me possèdent ce coup-ci, en rabiot : ça te donne un double C. Et comme j'ai voté en 36 pour le Front Populaire qui nous a tant baisés, je suis un pauvre con du front popu, total : un triple C. – (P.C.D.F., baiser, Front Popu)
  • Ils auraient pu gagner la guerre sans se ruiner, et même en faisant des économies, si le gouvernement avait payé tout le monde dix sous par jour, du simple bibi au général. – (bibi)
  • Notre sergent-chef comptable, aux premiers bombardements, il l'avait à zéro, le trouillomètre !… Je n'ai jamais vu un homme qui en avait si peu, et il se disait comptable en parties doubles !… – (trouillomètre à zéro)
  • Malheureusement, ces vaches-là ils m'ont pris bon service armé et j'ai dû la boucler pendant douze mois que j'ai été emmerdé par des connards de rempilés. – (rempilé, connard)
  • Le seul profit du service militaire, je le méprise pas, c'est que tu peux dire à une môme, en lui montrant ta photo en troufion : « Malheureusement, ces vaches-là ils m'ont pris bon service armé et j'ai dû la boucler pendant douze mois que j'ai été emmerdé par des connards de rempilés. » Alors elle, la môme, elle pense en elle-même : « Ah, il a été pris bon service armé, donc c'est un homme, je peux toujours essayer. » Autrement, elle se méfie et tu te bombes. – (se bomber)
  • On n'est plus dans l'ancien temps où que le général se mettait à cheval avec sa lunette sur une hauteur pour voir ce qu'ils faisaient tous ses zèbres sans exception. – (zèbre)
  • Mais quoi, faut choisir : tout le monde prisonner, et on la crève, ou personne prisonnier, et on crève. J'aime mieux crever de faim que de crever d'une bande de mitrailleuses. – (la crever)
  • Étions-nous des fantassins français qui fuyaient toutes voiles dehors ou des parachutistes allemands déguisés en fantassins français ? Ils étaient devenus méfiants, les Tommies. – (77340, Tommie)
  • Comment, ces gens-là se prennent pour vos supérieurs infaillibles, et un homme de troupe, un rien, un zéro, les tirerait d'embarras ? – (zéro)
  • J'ai vu la Joconde, elle ferait deux thunes aux puces de Montreuil. Mais il paraît que ça vaut des millions et des millions. – (les Puces)
  • À quoi ça sert [la Joconde] ? À rien. À engraisser des gardiens qui se les roulent pour pas qu'on fauche ces trésors. – (se les rouler)
  • Je serais le gouvernement, je dirais à Hitler : « Tiens, Furère, voilà le Louvre rempli de grands chefs-d'oeuvre qui ont cessé de nous intéresser, on les connaît par coeur, mais toi qui es du métier tu es capable de les apprécier. Tiens, on te les donne, tu prends tout, même les cadres, on est quitte et t'arrêtes d'emmerder le monde. » – (si j'étais le gouvernement, 65904, être du métier, X le monde)
  • Hitler pourrait prendre la cabane, le Louvre. Il démonte ça et il le remonte à Berlin. Du coup, on a juste en plein centre l'endroit rêvé pour un stade de cent mille places et tous les sportifs au lieu de cavaler se serrer comme des anchois à Colombes ils verraient à leur aise les finales de Coupe. – (comme des anchois)
  • –Non, mais vous l'entendez déblatérer, celui-là ? Staline te dit merde, espèce de con prétentiard !… [1940?] – (prétentiard, dire merde)
  • Le maréchal Pétain c'était un homme bien placé pour avoir toute la documentation possible et imaginable. – (possible et imaginable)
  • Bien tuyauté comme il était, le maréchal Foch, il avait déclaré dans une interviève qui a fait un drôle de bruit : « Le militarisme prussien il est supprimé pour toujours. Maintenant, à nous autres de balancer les canons à la ferraille et de mettre les militaires au travail honnête !… » Vous parlez si j'étais content. Mais voilà-t-il pas que, quelque temps après, je suis convoqué pour une période de réserve à titre de précaution contre le militarisme prussien !… Comment qu'on fumait, moi et les copains. – (tuyauté, voilà t'y pas, comment que, fumer)
  • Mais si t'allais pas, ils te foutaient un an de tôle. C'était eux autres les maîtres. Maintenant depuis le 10, c'est nous autres. – (77344)
  • Moi, je suis patron de bistro. Un petit bistro pas très conséquent, mais enfin je suis patron, j'ai personne sur le dos. – (36434, sur le dos)
  • Un beau jour, ils m'ordonnent de plaquer mon comptoir et d'aller faire le militaire sous prétexte d'une question de Dantzig. Je trouve ça abusif. C'est comme si je disais à des militaires professionnels : « Ça va mal dans la limonade. Vous là, le colonel, vous allez plaquer votre régiment pour aller dans mon bistro faire le garçon pendant un temps ixe. » – (plaquer, limonade, 77345)
  • –Vingt bornes dans les pattes et une louche de tisane dans le ventre !… On sera tous morts avant d'arriver à Paris. – (avoir [distance] dans les pattes)
  • Et l'armée allemande qui ne voulait pas de mal aux civils !… Tu ne la trouves pas bonne, celle-là, après ce qu'on leur a vu tomber sur la gueule, aux civils ? – (une bien bonne, tomber sur la gueule à)
  • –Moi, où je me marre, c'est quand je pense à la bouille des flicards, poulets, bourres et compagnie. Tu sais combien y a de têtes de ce bétail-là, rien qu'à Paris ? Au moins vingt mille !… – (et compagnie)
  • Même qu'une fois le gouvernement il a mis un article sur les journaux pour expliquer qu'il devait retenir les flics de force tellement qu'ils avaient honte !… Les retenir de force, tu parles !… – (tu parles !)
  • La vraie raison, c'est que ça la foutait mal de voir des vieux jetons de quarante-huit berges mobilisés au champ d'honneur pendant que monsieur l'agent faisait circuler les bagnoles. – (ça la fout mal, vieux jeton, 53686)
  • Dire que c'était ça [police] qui nous matraquait dans les manifestations soi-disant par patriotisme contre la canaille rouge et que ça a passé la guerre au plumard en laissant les prolos défendre leur fromage !… On aura tout vu comme fascisme intégral !… – (fromage, on aura tout vu)
  • Ces traîtres de prolos, sous prétexte que vous [les flicards] les avez vachement sonnés au temps de la manifestation Sacco-Vanzetti, ils vous laissent la gloire de démolir les tanks à Hitler. – (vachement)
  • vous allez vous y coller et partir à fond de gomme avec vos matraques et vos pélerines pour arrêter les Fridos qui sont à Saint-Denis, les sauvages !… En avant, dans les taxis !… [1940?] – (s'y coller, à fond de gomme, Frido)
  • –Qu'est-ce que tu fais comme boulot civil, toi ? –Je suis loufiat. –T'es pas un vrai prolo, c'est ce que je me disais, parce que t'es dans l'erreur la plus complète. Tu me tiens des raisonnements rancuniers, t'es pas éduqué politiquement, malgré que t'as de la conscience de classe. – (loufiat, prolo)
  • Une supposition même que le gouvernement décide de faire zigouiller sa police, elle se laisserait pas faire. Elle sait qu'Hitler sera à Paris le 15 juin, elle est prête à le recevoir avec des égards, parce qu'Hitler, alors, ce sera le patron, et que la police est toujours pour le patron, forcément. – (une supposition que, forcément)
  • Faut pas perdre de vue non plus qu'Hitler ou pas Hitler, cette guerre-ci finira par la victoire du prolétariat, et qu'alors les flics tabasseront les capitalistes comme avant ils tabassaient les voyous en casquette. – (X ou pas X, tabasser, voyou)
  • Je pense que le général Gamelin n'a jamais été le sombre crétin que vous dites. N'oubliez pas qu'il n'est devenu un sombre crétin que le jour où son armée a foutu le camp. – (sombre X)
  • Peut-être était-il un crétin [Gamelin], mais ce crétin avait su se renseigner sur l'état d'esprit du réserviste. Il était donc moins crétin que les ministres qui l'ont dégommé. – (dégommer)
  • J'aurais peut-être fait du zèle si j'avais une chance pour la légion d'honneur, mais je n'en avais aucune. Comme griveton, j'aurais pu à la rigueur ramasser la médaille militaire, mais qu'est-ce que j'en ai à foutre, de leur médaille ? – (griveton)
  • Tout ce qui se fait de mieux comme moto, une 500 Norton […]. Je coince deux bidons sur le tan-sad, je donne un coup de Kick et en route, à fond de gomme, jusqu'à Dunkerque. – (à fond de gomme)
  • je donne un coup de Kick et en route, à fond de gomme, jusqu'à Dunkerque. Personne n'a rien demandé, sans doute qu'ils me prenaient pour un agent de liaison avec une mission d'urgence, tellement je traçais. – (tracer)
  • À Dunkerque, c'était déjà la grande pagaille, mais il y avait quand même encore des galons capables de venir me demander qu'est-ce qu'il foutait ce biffin de deuxième classe et d'un régiment parti de Hollande sur une moto qui est un engin de cavalerie. – (galon)
  • C'est pas tout ça, j'ai du temps devant moi avant que le régiment arrive à pinces, faut que je planque cette moto toute neuve qui vaut au moins quinze billets – (64803, à pince, billet)
  • Oui, ces cognes, ils m'engueulent en fridolin, ils me tabassent, ils me foutent dans une colonne de prisonniers – (fridolin)
  • je me suis mis en ménage avec sa frangine à ma soeur légitime […] mais maintenant elle touche mon allocation, et sa frangine ma vraie femme qui n'est que ma belle-soeur aux yeux de la mairie elle touche des clous. – (des clous)
  • elle m'enverra pas de colis, et avec deux femmes je suis plus à plaindre que si j'étais resté jeune homme. Tant pire… – (tant pire)
  • Je me rappelle que pendant l'autre guerre j'arrive en perme et le soir même je vais au théâtre avec ma petite poule (je dis comme ça ma petite poule, mais elle était sérieuse, maintenant c'est mon épouse, on s'est mariés en 19 […]) – (poule)
  • une idée marrante qu'il avait eue, l'auteur, de supposer qu'en 1936 les jeunes seraient encore obligés d'aller à la caserne, puisque la guerre de 14 c'était la vraie der des ders ? – (der des der)
  • Aussi, comment qu'ils rigolaient, les spectateurs, et moi le premier ! – (et moi le premier)
  • J'ai lu, je crois que c'est dans À l'Ouest rien de nouveau, que les Fritz en arrivant en perme ils trouvaient leur femme au page avec un Jules. – (page)
  • Celui-là, il a beau chiner des clopes, il est encore prêt à parier qu'il le fera sécher un jour, son linge, sur la ligne Siegfried ! – (chiner)
  • Vous avez lu leurs affiches, ils pelotent les civils, et nous, ils nous affament !… Comme si nous ne venions pas de prouver que nous ne sommes pas autre chose que des civils inoffensifs, malgré notre défroque. – (peloter)
  • Des abrutis, les Boches, je vous le répète. […] Mais je vous le prédis : ils la payeront, leur connerie. La connerie se paye toujours !… – (le payer)
  • Et on aurait voulu faire marcher à la trique une armée où des sapeurs de deuxième classe savaient causer comme des académiciens ? – (à la trique)
  • si un Fritz l'avait entendu les traiter de Boches et Hitler de guignol, il aurait eu du vilain pour sa pomme. – (sa pomme)
  • T'es par exemple une putain qui gagne ses ronds au plumard, t'as pas l'obligation de gratter en usine, tu te les roules sans que personne s'occupe de toi, sauf ta clientèle. – (rond, au plumard, gratter)
  • Mais si t'es honnête ouvrière, t'es obligée de turbiner chez Niome et Rhône – (turbiner)
  • et quand t'as la grippe, on te balance en cabane pour deux berges ! – (cabane)
  • Comment que je l'aurais sec si maintenant j'étais à l'hosto avec une blessure !… – (l'avoir sec)
  • À l'avenir, les juges, ils vont sonner les types qui diront qu'Hitler est un fumier. – (sonner)
  • Je suis passé sergent-major en 1916, et en 1919, à ma démobilisation, j'étais toujours sergent-major. Comme vous voyez, j'ai vingt-quatre ans de grade, active et réserve. Je suis un sergent major à l'état pur, une quintessence de scribouillard, l'as des as du livret matricule. – (scribouillard, as des as)
  • Quelques-uns de mes camarades de la classe 14 étaient déjà officiers à deux ficelles quand je suis devenu sergent-major à deux sardines. Je ne les jalousais pas, ces héros, ils jouissaient de leurs ficelles en première ligne, et moi, avec mes sardines modestes, je restais à l'échelon, loin des aventures. – (ficelle, sardine)
  • Ils n'ont pas vu l'armistice, les pauvres… Fauchés à la fleur de l'âge, avec leurs ficelles. Moi, j'ai pu m'offrir une deuxième guerre. À l'échelon. – (58661)
  • Toute la question est de savoir si Hitler s'intéresse tant soit peu aux bourrins. – (54471)
  • Les Japonais c'est une race de Chinois beaucoup moins intelligents, qui s'ouvre le ventre avec un sabre pour un oui pour un non quand on les a vexés. – (pour un oui ou pour un non)
  • Ça va durer dix ans… Dix ans !… Et nous, prisonniers pendant dix ans !… –Te frappe donc pas ! – (se frapper)
  • T'as pas vu que ton civil avait une rosette rouge ? Un ancien général, je parierais. – (rosette, 74563)
  • En tout cas, son raisonnement tient debout, à celui-là. – (ne pas tenir debout)
  • Et qui c'est qui a traité Hitler de menteur quand il a dit qu'il serait à Paris le 15 juin ?… Personne !… Pas Weygand !… Weygand savait bien en lui-même que sa première armée du monde c'était du mou de veau. – (du mou de veau)
  • C'est officiel, les gars, c'est pas un bouteillon : ils vont nous donner à becqueter dans la citadelle et ensuite on prend le train. On va en Belgique. Rassemblement de tous les prisonniers en Belgique jusqu'à l'armistice ! [1940?] – (bouteillon)
  • –Quand ce sera, l'armistice ? –Faut pas trop demander, dis-donc !… En v'là un impatient ! – (en v'là X)
  • –Tu n'as que ces mots à la bouche : la classe ouvrière par-ci, la classe ouvrière par-là. Je voudrais bien savoir où elle commence et où elle finit, ta classe ouvrière ! – (n'avoir que ces mots à la bouche, X par-ci, X par-là, 77350)
  • J'ai comme qui dirait l'impression que toi, avec ta grande gueule, t'es plutôt un fasciste à Casimir !…[1940?] – (grande gueule, Casimir)
  • Non, je ne suis pas fasciste, et je vais tout t'avouer : je suis intertiste. Je suis le fondateur, le président et l'unique membre du parti inertiste français. Ça s'écrit : P.I.F., et ça se prononce : pif. Le P.I.F. est le premier de tous les partis sous le rapport de l'intelligence. Résumé de la doctrine pifiste : ne jamais bouger, être inerte. Attendre les ordres. Le pifiste convaincu est un vrai bout de bois. – (77352)
  • une fois, nous avons eu un avion d'observation, un mouchard fridolin, à bonne distance. Le juteux hurle : Tirez dessus !… – (une fois, fridolin, mouchard)
  • Vous voyez que la classe ouvrière n'aurait rien à me reprocher, sauf dans sa partie maréchaussée et garde mobile, bien que je lui reproche, moi, d'être plutôt mâtinée cochon d'Inde, n'en déplaise au camarade syndiqué. – (mâtiné cochon d'Inde)
  • Mais fusiller un grand chef fasciste, vous parlez d'un truc excitant !… […] Moralité : un homme est toujours prêt à mettre du plomb dans la peau d'un autre homme, au nom de petites convictions. L'antifascisme dans la peau du fasciste, et inversement. – (77353)
  • Le 19e Train, il est comme la vigne, il remonte pas plus haut que Pontoise. Qu'est-ce qu'ils viendraient perdre leur jeunesse dans le Nord en temps de guerre ces mecs-là ? Pas fous ! – (pas fou !)
  • J'ai tiré mon temps de régiment au 19e Train, j'en connais un bout. Ils y mettaient des cloches dans mon genre pour être tampons des fils à papa. Valait mieux être tampon au 19e Train en Seine-et-Oise que de se faire bousiller à guerre du Rif. – (tampon)
  • Moi, je servais de tampon à un deuxième classe qui baladait le pitaine dans sa Delage. En ce temps-là, une Delage, c'était de la bagnole ! – (tampon, pitaine, bagnole)
  • Du reste, les officemars étaient bien élevés comme tout avec les grivetons, vous en seriez pas revenus de voir ça. Y a armée et armée, c'est une certitude, et ceux qui disent que l'armée c'est tout méchanceté et compagnie, ils n'ont pas été au 19e Train. – (officemar, il y a X et X, c'est X et compagnie)
  • Oui, mais l'emmerdant, c'est que pour faire sauter mon affectation spéciale, il fallait d'abord que je donne ma démission. C'est le règlement ! – (faire sauter)
  • –Il a fait son service, ton beau-frère ? –Tiens, comme tout le monde !… Autrement, il aurait pas été pris à la S.N.C.F. C'est bien ce qui m'épate. Ils sont comme ça un bon million de budgétivores planqués dans tous les secteurs et qui n'ont pu devenir budgétivores qu'à la condition d'avoir été troufions. – (budgétivore)
  • Réfléchis qu'ils peuvent pas faire le tri d'avance, ça aurait l'air d'être des injustices, tandis qu'au contraire une fois leur guerre commencée, ils peuvent faire toutes les injustices qu'ils veulent, avec les propos anti-français ils ont la loi et personne ne ramène sa gueule. – (ramener sa gueule, avoir la loi)
  • –Lui, c'était un brave prolo sans prétention, mais son fils, il est devenu socialiste. – (prolo)
  • Qui c'est çui-là qui me fout ses pattes sur le bide ? Non mais, tu te crois en slépingue ? – (non mais !, slépingue)
  • Mais Monsieur est artilleur ? Peut-être que Monsieur se croit supérieur à la biffe, comme tous les connards de son honorable corporation intellectuelle ? – (biffe)
  • Le plus dur, dans notre cas, c'est pas d'être prisonniers, c'est d'être obligés de supporter un tas de peigne-culs sans éducation. – (peigne-cul)
  • On ne serait pas maintenant ici avec des crapoteux qui vous collent leurs panards dans les gencives et qui voudraient encore qu'on leur demande pardon Messieurs-Dames ! [1940?] – (crapoteux, dans les gencives)
  • Et d'abord, t'as pas à nous demander pardon, t'as à pas nous courir, un point c'est tout, fermez les guillemets. – (fermez les guillemets)
  • Peut-être bien qu'on est crapoteux, mais c'est toi qui cognottes. – (crapoteux, cognotter)
  • Des trouillards, des mecs qu'ont eu les jetons, que j'appelle ça, moi !… Et encore, je suis poli !… [1940?] – (trouillard, avoir les jetons, et je suis poli)
  • Dis plutôt que t'as pas osé te débiner parce que t'avais pas la permission de ton serre-pattes ! [1940?] – (serrepatte)
  • Faut d'ailleurs pas chercher de l'intelligence dans l'artillerie, grands, forts et bêtes, c'est une réputation mondiale bien connue qu'ils ont, les artilleurs. Et je te démontre, fleur de nave !… – (fleur de nave)
  • tu faisais de la désertion en présence de l'ennemi. Ni plus ni moins. Tu sais ce que ça va chercher, d'après leur code ? Douze balles dans tes rumatisses, mon petit pote. – (douze balles, 59625, pote)
  • Non, ce qu'il fallait faire, c'est du collectif, tout le monde ensemble, mais ça, c'était pas possible avant le 25. Après le 25, c'était franc, les gardes mobiles ils ne pensaient qu'à cavaler eux-mêmes au lieu de te cuisiner sur l'endroit où il pouvait bien être, ton régiment. – (franc)
  • Et alors, finalement, t'as fait du collectif, toi, le 25 ? –Officiel et incontestable !… On ne pouvait pas aller bien loin, on était encerclés dans la poche, j'ai pas à te l'apprendre. Moi, ma compagnie, demande aux copains, elle a été poissée le 27, et par deux Fritz sur leur moto en tout et pour tout. Je trouve que tout le monde peut pas en aligner autant, sous le rapport du collectif ! – (officiel !, poissé)
  • Trahis, tu dis ? Trahis et vendus ! Tout ce qui nous commandait, c'était traître, Bazaine et compagnie. – (être vendu, c'est X et compagnie)
  • Il veut voir ma gueule, le chef m'envoie chercher, et j'entre dans le bureau avec mon calot à la main. – (vouloir voir la gueule de, calot)
  • Là, tout à fait furibard, il hurle : « Vous me prenez pour un con ? » Je réponds tristement : « Oh non, Monsieur l'Officier subalterne, je suis de la pédale. » [1940?] – (pédale)
  • –Elle est marrante, ton histoire, mais tu risquais gros. –Qu'est-ce que je risquais, à ton avis ? –D'en prendre pour cinq ans, et que la guerre finisse du jour au lendemain… Tu aurais eu l'air fin, dans ta taule, pendant que les copains se seraient rhabillés en civil ! –Je n'en aurais pas pris pour cinq ans. J'en aurais pris pour six mois. Je connais le tarif. – (74591, avoir l'air fin, tarif)
  • La prison d'Amiens, on l'avait bourrée d'objecteurs de salut ou d'autres choses, qui, entre la taule et les pissenlits pour Dantzig, avaient choisi la taule. – (voir les pissenlits pousser par la racine)
  • Pour moi, l'essentiel est de ne pas rester trop longtemps prisonnier. Les absents ont toujours tort, surtout dans les administrations… – (les absents ont toujours tort)
  • Pas de flotte, pas de courant, pas de boustif. – (boustife)
  • Il arrivera bien un moment où les Fritz nous laisseront envoyer une lettre à notre famille. Alors, qu'est-ce que t'aimeras mieux lui dire, à ta femme ? « Je suis prisonnier », ou bien : « Je suis mort » ? La question se pose même pas, et celui qui me dirait le contraire, je lui répondrais : « T'es l'hypocrisie en personne !… » – (76904, 77356)
  • Si c'est vrai que l'Italie va nous déclarer la guerre, alors vous pouvez être sûrs qu'elle est finie la bagarre. Vous ne les connaissez pas, les Ritals, si vous vous figurez qu'ils vont se mettre dans une guerre pour attraper des jetons. – (jeton, Rital)
  • Ne confonds pas !… Tu admettras qu'il y a bouseux et bouseux, le propriétaire exploitant avec ses hectares et son cheptel, et le journalier, l'ouvrier agricole, le vrai bouseux ainsi nommé parce que son patron le fait coucher avec les vaches. – (bouseux, il y a X et X)
  • Ma concierge, c'est la reine des emmerdeuses. Elle défend l'immeuble de son probloc, on dirait qu'il est à elle. – (probloc)
  • On nous aura possédés jusqu'au trognon ! – (jusqu'au trognon)
  • Écoutez, les gars, parce que vous êtes une bande de petits cons, et que je veux vous mettre le nez dans votre connerie, écoutez un vieux con. – (mettre le nez de qqun dans le caca)
  • Clemenceau a fini par foutre Caillaux en taule et l'équipe de Caillaux au poteau de Vincennes… – (poteau)
  • Mais voici votre erreur, votre très grave erreur : vous tirez gloire de votre dégonflage !… Vous êtes des petits cons. Sachez que les dégonflages et les dégonfleurs ont toujours été très mal jugés. Même votre mère, même votre femme n'aimera pas vous entendre dire : « Et comment que je me suis tiré !… » – (dégonflage, dégonfleur)
  • Caillaux ? Qui était donc ce personnage ? Ah oui, le type dont la femme se faisait justice elle-même… Un crabe d'avant-guerre… Il était mort en 14, sauf erreur ? – (crabe)
  • Au cas très fréquent où vous n'auriez jamais vu de Fritz avant de lever les mains, tuyautez-vous auprès de vos camarades plus favorisés, pendant qu'il en est temps encore. Fabriquez-vous une histoire plausible, et qui ne variera plus. Bien agencée, elle pourra vous valoir, le moment venu, une citation avec palmes. – (tuyauter)
  • La France aura été vaincue par les chars et les avions, et non par la grève sur le tas. Je parlais tout à l'heure des mutins de 17 : est-ce qu'ils sont dans ton manuel ? Non ? Alors ?… – (grève sur le tas)
  • On a manqué de toc, on l'a laissé partir sans le remettre à sa place. [1940?] – (manquer de toc)
  • Il est vrai qu'on était plutôt sidérés d'entendre un Chinetoque se rebiffer comme ça. Il nous a dit merde, qu'est-ce que ça se croit !… – (se croire)
  • C'est des acariâtres eux autres. J'ai dans l'idée que si tu leur manques de respect comme à nous, ils te la boucleront avec une mitraillette. – (la boucler)
  • Nous, des indigènes !… Ah, si seulement on avait du couscous, ça irait encore !… Mais être indigènes et la sauter à pieds joints, y a de l'abus !… [1940?] – (y a de l'abus, la sauter)
  • T'aurais eu tort de te fatiguer à lui expliquer ça. Puisque nos colonies, on les perd, qu'est-ce que ça peut bien te foute, ce qu'ils pensent de nous les colis ? – (colis)
  • Le lieutenant, comme peau de vache, c'était une vache de peau de vache, mais régul. [1940?] – (peau de vache)
  • Le bonhomme qui a voulu avoir des galons pour toucher trois sacs à la fin du mois pour rien foute que d'emmerder le troufion jusqu'à ce qu'il soye général, il doit claboter en cas de coup dur pour la France, y a pas de milieu. – (58586)
  • Le nommé Victor Hugo, je l'ai repéré comme menteur !… Un vrai arracheur de dents ! – (mentir comme un arracheur de dents)
  • Je voudrais le voir ici ce bougre de Totor, même au mois de juin, avec des pissenlits comme puciers et des ampoules aux pinceaux et rien dans le bide – (Totor, 47342, bide)
  • Faut dire que tous ces pousse-au-crime que les gosses sont obligés de s'esquinter les méninges dessus à l'école, personnellement ils aiment mieux rester civils à fabriquer leurs conneries en vers que d'aller faire les soldats de l'an II à la bataille de la Moskova !… – (pousse-au-crime, s'esquinter les méninges)
  • Je te ferai remarquer que la bataille de la Moskova a été livrée, non par les soldats de l'an II, mais par les grognards de Napoléon. – (grognard)
  • Ça ne doit pas manquer, maintenant, les souris qui sont impatientes de se faire violer par l'ennemi héréditaire ! [1940?] – (souris)
  • À vingt francs par tête de pipe, et même à l'oeil ! [1940?] – (par tête de pipe)
  • Que ça vous plaise ou non, entre un Fridolin bien balancé et un tordu de son patelin, une gonzesse n'hésitera pas dans son for intérieur !… Quoi de surprenant ? Est-ce que vous hésiterez, vous, quand l'occasion s'en présentera, à faire le bonheur d'une Fridoline ? Le patriotisme dans ce domaine-là, laissez-moi rire !… – (balancé, tordu, fridolin, laissez-moi rire)
  • Et si la gonzesse l'envoie aux fleurs, le Frisé, c'est seulement à cause du qu'en-dira-t-on. Les commentaires des vieilles hors d'usage… [1940?] – (envoyer aux fleurs, qu'en-dira-t'on)
  • Tu pourras toujours fermer le bec des dénigreurs en leur disant : « Et toi, tu étais où, le 10 mai ? » Là, tu les verras plutôt avoir l'air con, vu que l'homme qui te dénigre parce que t'as été fait prisonnier, lui il n'a donc pas été fait prisonnier, il était planqué ce grand patriote. – (fermer le bec, con, vu que X)
  • Y a pas d'affectation spéciale et de vieillesse qui tienne, un affecté spécial pouvait toujours se faire virer pour aller dans un corps franc montrer son patriotisme, et un vieux jeton pouvait toujours s'engager, ça se voyait tous les jours en 14 des birbes de soixante berges qui partaient à la riflette comme volontaires. – (il n'y a pas de mais qui tienne, birbe, riflette)
  • –Vous devriez aller voir le spectacle là-bas, dans le camp des officiers ! Y font la queue à la soupe avec une galetouze, tous mélangés, les sous-lieutenants et les colonels. Ça les change des popotes avec les nappes, les gigots et le pousse-café ! – (galetouse)
  • Nous, nous sommes le 31e Génie, division Marocaine, démolie à Gembloux, les débris faits prisonniers à Lomme-lez-Lille. – (démoli)
  • Laissez-moi pourtant vous dire, à titre documentaire, que nous nous sommes battus contre les chars avec nos mousquetons. Il nous en reste l'impression d'avoir été des imbéciles, seuls à lutter quand tout décrochait autour de nous. – (décrocher)
  • Nous ignorions tout de cette France réelle que nous découvrons depuis une semaine, nous croyions que la France de 1940 valait celle de 1918… Quelle dégringolade !… Chez nous, un Européen, c'était quelqu'un !… Après cette déroute, de quoi aurons-nous l'air, aux yeux des indigènes ? – (dégringolade, c'est quelqu'un)
  • La bonniche à cent sous par jour, l'essence à cent sous le bidon, la Buick sans droits de douane, le burnous qui sue sans rouscailler… – (faire suer le burnous)
  • Et dire que tu as failli y laisser ta peau de bon coeur, mon pauvre vieux architecte !… Y a pas bon, monzami !… – (y a bon !, mozami)
  • J'ai mon frangin il est voyageur de sa nature, ça fait qu'il a demandé à faire son service dans la marine pour voir du pays. Total, il est dactylo dans une caserne du côté de la gare Saint-Lazare. – (voir du pays, dactylo, total, X)
  • La marine dans les betteraves, l'infanterie dans les tractions avant, l'aviation dans les imaginations, on peut dire qu'il ne manquait pas un bouton de guêtre !… – (il ne manquait pas un bouton de guêtre)
  • mais voilà qu'y a un petit pote qui lui sort : « On va tout de même pas se faire flinguer pour que tu continues à gagner vingt-cinq francs par jour !… » [1940?] – (flinguer)
  • ça va chercher dans les trois cents balles de maintenant. Moi, pour une paye pareille, je risquerais le paquet, mais pas pour dix ronds. – (risquer le paquet)
  • chez nous, dans l'active, il y avait quelques gonflés. Ce n'est pas notre faute si mon régiment, le 27e de Dijon, a été pris à Namur. – (gonflé)
  • –C'est pas de ta faute si t'es pas mort !… Vaut mieux entendre ça que d'être sourdingue !… Et t'ose le dire en public !… J'espère que tu sortiras pas ça à ta mère : qu'est-ce qu'elle te casserait !… – (il vaut mieux entendre ça que d'être sourd, casser qqchose à qqun)
  • –Eh, bonjour, monsieur le Ministre ! ça va comme vous voulez ? –Pas mal, et vous ? –Tout doucement. – (77361, ça va comme vous voulez ?)
  • Je viens vous parler un peu du corridor. Est-ce qu'Adolf est toujours intraitable ? –Vous voulez dire qu'il a mangé du lion !… –Ce qu'il peut être emmerdant !… Vous ne devez pas vous marrer tous les jours, avec ce coco-là ! – (manger du lion, ne pas s'amuser tous les jours)
  • Êtes-vous d'accord, monsieur le Ministre ? –D'ac, mon cher. [1940?] – (d'acc)
  • –Trois millions, ça vous va ? –Non, c'est trop. […] J'estime qu'avec huit cent mille, on aurait une bonne petite guéguerre avouable. –Coupons la poire en deux, et disons dix-huit cent mille. C'est un gros sacrifice que je vous fais là. – (couper la poire en deux)
  • Au bout de neuf mois [de drôle de guerre] cependant, la belle saison revenue, on décide de consommer une partie des stocks, pour avoir l'air d'avoir l'air. On convient d'une attaque bidon […] – (avoir l'air d'avoir l'air)
  • C'était ça, l'armée française ? Quand commence le vrai casse-pipe, elle s'évapore ? – (s'évaporer)
  • Vous avez vu la grosse Gretchen qui est fringuée en amiral comme un aboyeur du Pramount ? Il paraît que c'est une cheminote. Vous parlez d'un tonnage ! – (16450)
  • Qu'est-ce qu'ils nous racontaient, nos journaux, qu'en Allemagne les gens crèvent de faim !… Quels menteurs !… Et toutes leurs charrettes avec des pneus, eux qui n'avaient pas de caoutchouc !… Comment qu'on s'est fait bourrer la caisse !… – (bourrer la caisse)
  • Nous, on a été ramassés par les Fritz à Bettignies, et je te prie de croire que j'ai poussé un drôle de soupir de soulagement – (ramassé)
  • Figure-toi qu'on avait un colonel, mais ce qui s'appelle un colonel, un dur, un pénible, pas un de ces foireux qui ont foutu le camp sans même donner l'ordre de faire sauter les pièces. – (X, mais X, foireux)
  • on avait un colonel, mais ce qui s'appelle un colonel, un dur, un pénible […] sous prétexte qu'il était colonel d'artillerie, il voulait faire fonctionner son artillerie, même quand on était encerclés près de Maubeuge !… Pénible, je te dis !… Il ne voulait pas se rendre : quelle idée ! – (X je vous dis)
  • Et d'après des copains, il ne s'est pas rendu, il s'est fait sauter le caisson : si c'est pas malheureux de voir des choses pareilles ! – (se faire sauter le caisson)
  • quel affront pour les autres colonels qui se sont laissés alpaguer comme nous autres, en se disant : « Pas trop tôt que ça cesse !… » [1940?] – (alpaguer, c'est pas trop tôt)
  • Eh bien, au fur et à mesure que les Belges sont rentrés en Belgique, ils ont été piqués par les Feldgendarmes, et raouss !… en route pour Trêves. Il paraît que le gros de l'armée belge est déjà en train de casser des cailloux au fin fond de la Fridolie !… [1940?] – (piqué, Fridolie)
  • Oui, je devrais être affecté spécial en usine, mais j'étais catalogué de longue date, et ils m'ont envoyé dans une unité combattante pour me punir. Un travailleur qui ne leur léchait pas les bottes, ils le punissaient en le mettant troufion !… [1940?] – (catalogué, lécher les bottes)
  • Dans votre cas, c'était le rebut de la population trop connard pour faire de la rouscaille. – (rouscaille)
  • Moi, tout au contraire, je travaillais en usine et j'ai dû faire des pieds et des mains pour être envoyé dans la zone des armées. – (faire des pieds et des mains)
  • Du coup, en 60, le gouvernement trouvera une classe 38, par exemple, au grand complet. Mettons trois cent mille tête de pipe, tandis que nous, de la 14 à la 18, qu'est-ce qu'on restait disponibles pour cette guerre-ci ? Vingt mille par classe en moyenne, grand maximum. [1940?] – (par tête de pipe)
  • Du coup, en 60, le gouvernement trouvera une classe 38, par exemple, au grand complet. […] pour le général en chef de 60 ce sera du gâteau. – (du gâteau)
  • Nous avions un lieutenant, un vieux birbe, qui le tenait, le filon !… Comme il était avocat, le colon l'avait choisi pour nous faire les conférences de propagande. – (filon)
  • Nous le savons bien, que nous sommes des cons, mais ce n'est tout de même pas au gouvernement de nous le jeter à la figure ! – (68583)
  • il nous déclare froidement que l'intelligence d'un homme se mesure au nombre de ses gosses […] Qu'est-ce qu'ils prenaient, les traîtres qui ne s'en ressentaient pas pour le lapinisme ! – (77365)
  • « Je n'ai pas dit ça !… » Et le copain : « Si, vous l'avez dit !… Pas en toutes lettres, mais enfin […] » – (59299)
  • Juste au moment où on traversait Armentières, les avions arrivent en piqué. – (61364)
  • À Armentières, il y avait une maison de dingues, les gardiens s'étaient sans doute tirés, et les dingues cavalaient sous les bombes. Ceux qui se prenaient pour Napoléon devaient se croire à la bataille de Marengo. Je me suis rarement tant marré ! – (dingue, se prendre pour Napoléon)
  • Je dis que ce mec-là qui s'est mis à adorer les anciennes gueules-de-vaches en 35, à vouloir à tout prix le casse-pipe en 38 avant et après Munich, et à ne plus aimer les gueules-de-vaches et le casse-pipe en 39 quand Staline et Hitler sont devenus copains comme cul et chemise, je dis que ce mec-là c'est un archi-con. – (gueule de vache, être cul et chemise, archi-)
  • Si demain, le génial Staline retourne encore une fois sa veste, qu'est-ce qu'elles vont encore une fois devenir tes opinions personnelles et mûrement réfléchies ? – (retourner sa veste)
  • Moi, j'aurais été à la place de Mussolini, j'aurais pas bougé une patte. – (77338)
  • Ce coup-ci c'est pas pareil, Hitler a fait tout le boulot. Le Dusse a bien choisi son moment pour nous sauter sur le poil. Les Fritz, je ne dis rien, c'est régul, mais devoir se mettre à plat ventre devant les macaronis, là il y a de quoi marronner. [1940?] – (sur le poil, régul, macaroni, 36691)
  • Ils auront une surprise désagréable les copains qui se sont barrés au bon moment et qui attendent maintenant la vermache à Bordeaux. Ils devront revenir à pied sans bouffer de Bordeaux à Trèves ! Un drôle de sport !… Ça leur fera les pieds, à ces petits malins, c'est le cas de le dire !… – (sport, faire les pieds, c'est le cas de le dire)
  • Dans le temps jadis, tu tirais au sort pour être soldat ou pas. Tu avais un mauvais numéro, pauvre type tu t'y collais pour sept ans. Tu avais un bon numéro, tu passais à travers, mais si t'étais fauché, tu te vendais à un rupin qui avait tiré un mauvais numéro. Tu vois la combine ? – (passer au travers, combine)
  • mais si t'étais fauché, tu te vendais à un rupin qui avait tiré un mauvais numéro. Tu vois la combine ? Tu le remplaçais, ce rupin, tu te tapais les sept ans au lieu de lui. Tu vois que déjà en ce temps-là les gros étaient garés du casse-pipe. – (être garé, gros)
  • T'es un soldat sans solde, donc tu n'existes pas comme soldat, d'après le dictionnaire. Pas besoin d'être bachelier pour savoir qu'on ne peut pas faire une guerre sérieuse avec des soldats qui n'existent pas. – (77367)
  • Adolf, avec les Sudètes et l'Autriche, je trouve que c'est marre. Maintenant que t'as montré ce que t'es capable, tu vas rester peinard avec ta paye de Furère et te mettre de l'argent de côté pour nos vieux jours. – (en avoir marre, 53167, 75711)
  • Je n'ai jamais voulu la défaite, moi, j'aurais mieux aimé qu'on le déculotte, l'Hitler. Mais il y avait des gens payés pour le déculotter. Dans mon patelin, en cas d'incendie, c'est les pompiers qui vont l'éteindre. Moi, je reste dans mon lit, je ne suis pas pompier, et ça ne veut pas dire que je voudrais que la maison brûle jusqu'au bout. – (77368)
  • après tout ce que j'ai entendu de conneries sorties par des cons dans ton genre, je suis blindé, je laisse choir. – (être blindé, laisser choir)
  • Si nous, les spécialistes, on ne vous avait pas eus dans les pattes, on aurait pu faire du bon travail – (coller dans les pattes)
  • Vous devriez comprendre que je pourrais me mettre en rogne quand je vous entends ricaner derrière mon dos, par-dessus le marché. – (35115)
  • Et puis je me dis que vos ricanements, c'est surtout à base de basse jalousie. Ça n'a pas été foutu de passer cabot, et ça se permet de charrier les gradés ! – (cabot)
  • Faut bien le reconnaître, les Fridolins, question d'intelligence, ils étaient en retard à la distribution !… – (qui n'était pas derrière la porte le jour de la distribution)
  • Chez nous, suppose qu'aux élections il monte à la tribune un candidat avec un costume genre nazi : la culotte, les bottes, le baudrier, la chemise et le brassard. Tu te dis : « Merde, mais c'est un uniforme !… » – (genre X)
  • Et pire que tout, Hitler c'est un ancien cabot, il était cabot dans les tranchées et pas du bidon !… Non, mais tu vois chez nous un ancien cabot des tranchées dire aux électeurs : « Ce qui vous manque, c'est du juteux et du maniement d'armes. […] » – (cabot, bidon)
  • Qu'est-ce qu'il prendrait pour son grade, l'ancien cabot ! J'entends ça d'ici, et moi au premier rang : « Eh, figure, t'as été dans les tranchées comme cabot et tu veux remettre ça ? Sortez-le, le candidat ! À l'asile !… À la douche !… » – (voir ça d'ici, figure, 77369)
  • Sans doute que cette race d'Aryens elle avait gardé un bon souvenir de l'héroïsme. Y a pas à chiquer, c'est des incorrigibles. – (y a pas à chiquer)
  • J'ai droit à ma perme de vingt-quatre heures, je la prends bien sûr et j'arrive à la gare. Tout content que j'étais, dis donc ça faisait deux mois depuis mon rappel et bromure ou pas bromure deux mois c'est long. – (X ou pas X)
  • Je dis au type du guichet : « Un billet militaire pour Rouen, et mets ton cachet sur ma perme, c'est réglo qu'il paraît. » Tu vois par là que je cherchais pas les histoires. – (réglo, chercher des histoires)
  • je grimpe dans le tortillard, et tranquille jusqu'à après Amiens. Et puis voilà la tête de lard de contrôleur qui se présente. Billets siouplaît. – (tête de lard, siouplait ?)
  • Il me dit : « Vous payez la différence ? » J'y dis : « Des clous, que je paye. » Il me dit : « Vous avez tort, on vous fera des emmerdements. » – (emmerdement)
  • C'est pas flatteur d'être colonel de ce moment-ci. Je parle des colonels de régiments. Pas à cause qu'on a pris la dérouille, non, mais à cause des faux colonels, ceux qu'on voyait dans les journaux et qui, si ça se trouve, n'avaient jamais fait de service. – (dérouille, si ça se trouve)
  • Vous vous rappelez ? Comme ça, c'était écrit : Le Tribunal, présidé par le colonel Duconnard, a infligé dix-huit mois de prison à ce mauvais Français. Tel que. [1940?] – (Duconnard, 38215)
  • En 35, tu voyais couramment dans le journal 18 mois de prison à un escroc au chômage. Qu'est-ce qu'il avait fait, ce terrible escroc ? Il avait gagné quarante sous avec un petit boulot d'occasion, du hasard. Là, les juges te loupaient pas !… – (ne pas louper qqun)
  • ils disent que fascisme pour fascisme ils seraient des cons d'aller se faire démolir pour ratatiner le fascisme à Hitler !… – (X pour X, démolir)
  • J'ignore s'il y aura armistice ou capitulation, mais je vois déjà les grandes lignes du traité de paix. – (42413)
  • Nous, dans le Nord, on n'était pas politiciens. On s'occupait du vélo, du football et des combats de coqs. Sans vous autres le Midi, on n'aurait pas eu tous ces cons de ministres qui nous ont foutu dans le bain. T'as jamais vu un homme du Nord ministre. C'est un métier de feignant. Nous, on travaille, on vous nourrit, on vous habille, on vous chauffe, et vous, vous savez juste jouer aux boules et nous emmerder avec votre politique et vos radicaux-socialistes. – (être dans le bain)
  • En plus de ça, les rares chez vous qui veulent faire semblant de travailler viennent dans le Nord pour mettre leur cul sur une chaise. Tout ce qui empoisonne l'existence du monde, les flics, les percepteurs, les sous-préfets, ça sort toujours du Lot ou de la Corse ou d'un autre bled pouilleux. – (le cul sur sa chaise, empoisonner, pouilleux)
  • Si Hitler veut faire un nouveau pays avec la Hollande, la Belgique et le haut de la France jusqu'à Amiens, moi, je suis pour. Y aura que des courageux là-dedans. On en a marre d'être brimés par les mocos !… – (77372, moco)
  • –Un crevard [prisonnier de guerre mal nourri?] m'a juré que les Fritz sont à Nantes. Vous voyez comme il est, Hitler : on lui a coupé la route du fer, il a pris la route du muscadet. – (crevard)
  • Vous voyez comment Churchill sait causer aux personnes haut placées ? Donc, je m'attends pas à ce qu'il se laisse blouser par un cave comme Hitler. – (cave)
  • En somme, nous leur avons fait une sale blague, aux civils jusqu'auboutistes !… Et je parierais qu'ils nous traitent de fuyards ! – (jusqu'au-boutiste)
  • Si ton ami Popaul [Reynaud] tirait de ça la conviction que nous étions les plus forts, permets-moi de garder la mienne : c'est un petit con. – (Popol)
  • Tandis que Pétain, lui, il est capable de juger la situation, d'abord, et ensuite, du fait qu'il est maréchal, il a toutes les étoiles et toutes les médailles imaginables. Il n'a plus rien à gagner, donc il laisse tomber. – (77373)
  • Le premier jour à la maison, je me mets à table à midi et je bouffe jusqu'à huit heures du soir. Et puis je me mets au pucier, la vaisselle on le fera demain matin, c'est pas urgent, et alors on commencera avec la patronne à rattraper tout ce qu'on a perdu depuis septembre. – (patronne)
  • on ne pouvait pas trouver mieux que le maréchal Pétain au gouvernement. Voilà un homme qui a déjà vu tant de morts pendant l'autre guerre qu'il en a plus que son compte de macchabs, même pour un galonné, et qu'il n'allait pas essayer d'en faire un million de nouveaux le long de la Loire. – (avoir son compte de, galonné)
  • Il est certain qu'un petit mec comme Hitler qui a tout juste réussi à passer cabot, il va serrer les fesses devant un maréchal comme Pétain. – (serrer les fesses, petit mec)
  • Quoi qu'il en soit, Pétain aurait pu répondre : « Débrouillez-vous tout seuls, moi je ne suis plus en activité, je bouffe ma retraite et je n'ai pas à arranger les conneries de vos généraux incapables ! » – (bouffer sa retraite)
  • Il doit croire, lui, naturellement, que les chefs sont responsables de tout, il n'est pas au courant de ce que le moral du soldat avait été mis au-dessous de zéro par les injustices. – (au-dessous de zéro)
  • Il doit y en avoir, du beau monde, à Bordeaux ! J'espère bien que les Fritz vont embarquer toute cette racaille à destination des stalags !… Nous les innocents, pourquoi serions-nous seuls à manger de l'herbe ? – (du beau monde, racaille)
  • En Angleterre, voilà comment ça se passe. Une demoiselle Chamberlain se marie avec un fils Churchill, ils auront des gosses qui seront ministres, ambassadeurs, chanceliers, tout le gratin, quoi. Là-bas, les ministres viennent au monde ministres, et plein de sous, avec ça. L'avantage des Anglais sur nous, tu le vois : ils n'ont pas de crasseux qui passent ministres à force de lécher les bottes et qui foutent dans leur poche le fric de l'aviation. – (gratin, plein de fric, lécher les bottes, 86156)
  • N'oubliez pas que Pétain a arrêté les mutineries en disant aux poilus : « Vous les aurez vos permissions, cessez de faire les cons et je passe l'éponge. » – (passer l'éponge)
  • Un autre général, il aurait fait fusiller tous les rouspéteurs. Lui, personne. Il comprend le troufion, il sait qu'on n'a qu'une idée, rentrer chez nous. – (rouspéteur)
  • Ils disaient [les gendarmes] : « Un, deux, trois, quatre, cinq. Sortez du rang, le numéro cinq ! Et douze balles pour le numéro cinq ! Les héros de la gendarmerie, servez ça chaud !… Après ça, les poilus sont redevenus des héros, comme les gendarmes. Ils avaient trop la trouille pour ne pas le redevenir. » – (douze balles, 77376)
  • Je pense au fusilleur Daladier. Avant la guerre, on pouvait dire sans se gêner : « Daladier est un fusilleur. » La moitié des journaux l'imprimait tous les matins, et Daladier ne s'en portait pas plus mal. – (77377)
  • Ou peut-être jugeaient-ils que toute vérité n'est pas bonne à dire en temps de guerre, surtout quand l'intéressé est président du Conseil et maître des culs de basse-fosse. – (toute vérité n'est pas bonne à dire)
  • Ils me tenaient en grande estime, puisque, m'ayant reçu simple sergent, ils m'ont promu sergent-chef. J'aurais fini juteux, sans les ennuis du mois de mai. Juteux, ma mère !… Juteux, ton fils, simple maître d'école dans le civil !… Ah, si elle m'avait vu juteux, ma mère ! – (juteux)
  • Si nous avions résisté aux chars avec nos pétoires, c'était 172 morts réservistes, 6 morts de carrière, 140 veuves, 117 orphelins. J'ai dressé l'état. – (pétoire)
  • Hier, un bouteillon circulait dans le camp : le maréchal Pétain aurait fait fusiller le fusilleur Daladier. [1940?] – (bouteillon)
  • Et pourquoi que les Boches vous ont nommé chef de baraque ? Parce que vous avez vraiment la gueule d'un qui ira leur moucharder les copains ! – (moucharder)
  • –Si encore ils se contentaient de nous photographier !… Mais nous raser comme des vers !… C'est pas nous qu'on pourrait appeler des poilus, maintenant !… Tu me diras que c'est à cause des poux, mais je n'ai jamais eu de poux, moi !… – (77378)
  • Non, seulement y a toujours des salingues qui sont prêts à t'en repasser, et n'oublie pas que les poux, c'est le typhus. – (salingue)
  • Les copains ont passé le pont, contre mon avis : il y a de grandes chances qu'ils s'expliquent avec les crabes pendant que je me goberge aux frais du Führer. – (77379)
  • Quand les marchands de ciment ont inventé la ligne Maginot, les marchands de canons sont allés trouver les ministres et leur ont dit : « Ces fripouilles du ciment, ça veut notre ruine ! » Les ministres ont répondu : « Mais non, puisque dans la ligne Maginot on mettra tout plein de canons !… » – (tout plein de)
  • nos marchands de canons vont devoir refaire tout le stock pour la prochaine der des ders. Vous parlez d'une commande !… Ils aiment mieux les déroutes, les industriels. – (der des der)
  • Nous n'aurions pas l'outrecuidance de disputer au petit pioupiou français l'honneur de rebattre leur caquet aux nazis. – (rabattre son caquet)
  • Ils nous laisseront mariner huit ou dix jours au stalag, après quoi nous partirons au boulot. – (mariner)
  • Manoeuvres, terrassiers, valets de ferme, voilà ce que nous serons. Les officiers, eux, attendront la classe en jouant au bridge, et leur solde courra toujours. – (la classe)
  • Les officiers, eux, attendront la classe en jouant au bridge, et leur solde courra toujours. Ils voulaient battre Hitler, ou du moins ils faisaient semblant, et Hitler les dorlote !… Il est vrai qu'un officier nazi, prisonnier en France, aurait droit aux mêmes égards. Il y a une convention internationale, respectée, celle-là. Les loups ne se mangent pas entre eux, et le troufion reste le pauvre con en tout état de cause. – (les loups ne se mangent pas)
  • Il y a la race aryenne, maintenant, et Hitler ne va pas la laisser esquinter par un sale petit noiraud comme toi !… – (esquinter, noiraud)
  • Salut, les crevards [prisonniers de guerre mal nourris] !… C'est moi, Joseph !… Qui ça, Joseph ? Joseph, le marchand de rab polak !… Vous n'avez pas encore entendu parler de Joseph ? Merde, pas la peine d'être célèbre !… Il est vrai que j'avais pas foutu les pieds dans cette baraque depuis huit jours au bas mot. Je prends les commandes de rab polak : qui en veut ? Une thune la galtouze !… Magnez-vous le popotin, y en aura pas pour tout le monde !…[1940?] – (rab, crevard, thune, galetouse, se magner le popotin, 77380)
  • Je suis un Polak de Béthune. Rien de bizarre, mon père a été importé en 1920, quand les Français se sont trouvés trop cossards pour descendre au fond des mines et qu'il a fallu embaucher en Pologne des métèques de bonne volonté. Mon père, c'était le pauvre mec, mais moi, pas fou, en sortant de l'école je me suis mis aide-comptable. J'ai mon brevet, et vous ne pourriez pas en dire autant, vous, les Gaulois !… – (cossard, métèque, pas fou !, Gaulois)
  • Le marteau-piqueur et la silicose, très peu pour ma pomme ! – (très peu pour moi)
  • Et attention, il valait mieux la boucler, parce que vos gradés à vous [les Français], comparés aux nôtres [Polonais], ce sont des amis d'enfance ! Donc, je la boucle, et je sors de là sans dommage. J'y ai même appris le métier de jockey, vu que les chars d'assaut polonais fonctionnaient au crottin. – (la boucler)
  • Ma science des canassons me permet d'entrer comme charretier-palefrenier chez un noble seigneur : la misère noire !… Vous autres, vous ne pouvez pas vous faire une idée de ce que c'était, la Pologne, comme bled rétrograde. Le Moyen-Âge, le XIIe siècle ! Mieux que le fascisme : la féodalité ! – (misère noire, bled)
  • Et c'est pour défendre ce régime-là que vous êtes partis, vous, les sans-culottes, au mois de septembre ! Jésus, Marie, Seigneur ! Alors là, comment qu'on vous a eus ! – (Jésus-Marie !, alors là, avoir)
  • Vous avez volé au secours de nos misérables princes-colonels, le plus fauché propriétaire de centaines d'hectares où turbinaient les serfs pour trente sous français par jour !… Incroyable mais vrai ! – (incroyable mais vrai)
  • La France donnait dix francs par jour à ses chômeurs pour se les rouler, et ils se trouvaient fort à plaindre, ces satrapes ; le croquant polonais gagnait trente sous à gratter comme un croquant ! – (se les rouler, gratter, croquant)
  • À présent qu'il n'y a plus de Pologne comme tampon de choc, que l'armée rouge et l'armée verte se frottent l'une à l'autre, ça ne tardera pas à se mettre sur la gueule, et du sérieux, pas de l'amusette comme pour vous et pour nous. [1940?] – (mettre sur la gueule, travailler qqchose, 37331)
  • Ma naturalisation, je l'ai dans ma poche, en ma qualité de héros malheureux de la première heure. – (65931)
  • C'est encore moi, Joseph. Amenez-vous avec vos galtouzes, les sautes-au-rab ! Soignés par moi, vous allez rentrer à la maison gras comme des moines. [1940?] – (saute-au-rab, gros et gras comme un moine)
  • Ne vous laissez pas posséder ! Une alliance, c'est cinq cents balles, cent galtouzes de rab. Le mariage vous aura sauvé la vie. – (posséder)
  • Tous ces Autrichiens sont bons nazis sur les bords, mais quand ils voient du 18 carats, ils ne se sentent plus. Juste retour des choses d'ici-bas, car vos ancêtres n'y allaient pas de main morte pour dépouiller leurs ancêtres ! – (sur les bords, ne plus se sentir, pas de main morte)
  • Vous en avez laissé, de tristes souvenirs, par ici !… Voyez là, au nord, qu'est-ce qu'il y a ? Austerlitz !… Et plus près encore, derrière cette colline ? Essling et Wagram ! […] Oui, c'est dans ce coin-ci que vos ancêtres foutaient ordinairement la dérouille aux Autrichiens. – (dérouille)
  • Au fond, tout le secret des victoires est là : ne pas autrichifier le grenadier. À coup de baguette, de plat de sabre ou de prêts à dix ronds. Dans le cas contraire, le grenadier autrichifié, qu'il soit Polak de Béthune ou électeur de Fouilly-les-Oies, finit sa carrière dans un stalag, en Autriche comme de bien entendu. – (Fouilly-les-Oies)
  • T'as eu tout du con de lui dire que tu voulais bien être juif pour lui faire plaisir. Et s'il t'avait catalogué comme juif, tu vois les emmerdements que t'aurais eus ? – (cataloguer, emmerdement)
  • Ce qui m'a beaucoup intrigué, c'est que leur expert aryen autrichien laissait à désirer, pour la blondeur nordique. Expert aryen, ce petit gros basané ? Je le verrais mieux marchand de tapis dans les souks de Tunis !… – (66006)
  • Si les lignes Maginot étaient aussi solides qu'on le racontait, les Belges en auraient mis une tout autour de leur pays. Ils auraient été dans une île, comme les Anglais. Après ça, ils auraient pu nous dire, à nous et aux Fridolins : « Maintenant, foutez-vous sur la gueule à tour de bras, mais passez à côté, S.V.P. Nous, on en a marre d'être depuis des siècles victimes de vos Waterloo !… » – (foutre sur la gueule, à tour de bras)
  • Pour un bon zig, c'est un bon zig. […] Et sais-tu ce qu'il fait comme boulot dans le civil ? Il est moine !… Un de ces types qui se baladent dans les rues l'hiver sans chaussettes. Il m'a dit : père dominicain. Mais alors, pour le faire causer, rien à chiquer ! – (y a pas à chiquer)
  • Je lui ai demandé : « Le maréchal Pétain, vu son grade, il doit être dans la curaille jusqu'au cou, et de ce fait toi t'es sûrement capable de deviner comment il va nous tirer d'ici-dedans, le vieux ? » Figure-toi qu'il n'en a pas la moindre idée !… – (curaille)
  • Figure-toi qu'il n'en a pas la moindre idée !… Sur tout le reste non plus il n'a pas la moindre idée. […] Un père dominicain, pourtant, c'est calé, c'est pas le premier venu. – (calé, pas le premier venu)
  • Les qualités d'un chef de guerre ne se mesurent pas aux titres universitaires. Vous savez d'ailleurs que dans beaucoup de compagnies commandées par des officiers de réserve, les véritables chefs au moment du coup dur ont été des hommes quelconques, de petit grade ou sans grade, qui avaient aux yeux des copains bien plus de prestige et d'autorité que les deux-ficelles et trois-ficelles bardés de diplômes. – (ficelle)
  • Et toi, deuxième classe ou deux-ficelles, en tant que prof tu touchais ta paye civile, hein ? C'est ça qui compte, et t'avais pas à te casser le tronc !… [1940?] – (se casser le tronc)
  • On attendait qu'Adolf demande humblement pardon. Le temps travaillait pour nous, le père Gamelin était un fameux stratège qui grignotait le moins possible – (77383)
  • Tu ne trouverais pas que j'ai pas l'air d'un éclopé si tu voyais mes poumons. Non, j'irais fort si je te racontais que je suis tubard : j'ai simplement les poumons voilés, voilés de naissance. – (tubard, aller fort)
  • Une fois que j'aurai été réformé par les Fritz, ça me servira énormément dans le civil. Tu comprends, les Fritz ne vont pas s'amuser à réformer un prisonnier bien portant. Ça ne se discute pas, un réformé par les Fritz, c'est pas un chiqueur. Alors le sous-maque, le gardien-chef et le toubib de la prison de Versailles, ils ne diront plus que je les charrie, quand je me ferai porter pâle. – (chiqueur, sous-mac)
  • Figure-toi que ces trois-là, je n'ai jamais réussi à les posséder. Des durailles, des inhumains. – (duraille)
  • Faut que je t'explique que de mon métier, je suis repris de justice. Oh, pas un gangster !… Je suis un petit. Les clapiers, les poulaillers, des foutaises. De la roulotte à l'occasion, comme ils disent les flicards. J'ai un beau casier, question quantité, mais question qualité, ça ne casse rien. – (foutaise, vol à la roulotte, casier, ne rien casser)
  • J'ai un beau casier, question quantité, mais question qualité, ça ne casse rien. Huit jours par-ci, un mois par-là. Les juges savent bien que je suis le brave mec inoffensif victime de son hérédité, comme il leur rappelle toujours, mon baveux. [1940?] – (baveux)
  • Tu irais raconter à Vaucresson et banlieue que je suis un malfaiteur, on te rigolerait au nez. On te répondrait : « Gustave les poumons voilés un malfaiteur ? Non, tout juste un bricoleur !… » – (rire au nez)
  • de mon métier, je suis repris de justice. Oh, pas un gangster !… Je suis un petit. Les clapiers, les poulaillers, des foutaises. De la roulotte à l'occasion, comme ils disent les flicards […] Tu irais raconter à Vaucresson et banlieue que je suis un malfaiteur, on te rigolerait au nez. On te répondrait : « Gustave les poumons voilés un malfaiteur ? Non, tout juste un bricoleur !… » – (bricoleur)
  • Y a un autre éclopé à la baraque 28, mais lui, c'est du bidon. Il s'entraîne toute la journée à se remuer comme un dingue, soi-disant qu'il aurait une maladie qui s'appelle le taxi-locomotive. – (comme un dingue)
  • Calculez le nombre d'avions qu'il faudrait à Hitler pour son million de parachutistes !… Et vous croyez que les Anglais laisseraient venir les péniches en disant : « Par ici, les petits Frizous !… » ? [1940?] – (frisou)
  • La vérité, c'est qu'Hitler n'ira jamais à Londres, et que tout ça finira en eau de boudin. –Qu'est-ce que t'appelles de l'eau de boudin, toi, le mariolle ? –Churchill donnera nos colonies à Hitler et nous serons les dindons. – (tourner en eau de boudin, dindon)
  • Le soldat, fonctionnaire dans le civil, dira : « Je ne veux pas toucher mes maigres émoluments de budgétivore, je réclame ma solde de deuxième classe !… À travail égal, salaire égal ! » – (budgétivore)
  • Quand le deuxième classe permissionnaire se promènera sur les boulevards, avec au bras une vamp platinée, il sera salué par la foule des colonels bureaucrates installés aux terrasses, et que son insigne de combattant mettra au garde-à-vous. – (vamp)
  • Il pourra s'écrier, rencontrant un général sujet aux distractions : « Hep, militaire, on ne salue plus ? Six pas en arrière, et recommençons !… » – (hep !)
  • À quelque chose malheur est bon. En même temps que la Corse, nous perdrons Tino Rossi. – (à quelque chose malheur est bon)
  • Il faut d'ailleurs détenir une bonne dose de crétinisme pour oser pronostiquer quoi que ce soit depuis six semaines. – (77384)
  • Mon père, c'était le késère et les Boches, mon grand-père c'était Bismarck et les Prussiens, moi c'est le furère et les nazis. Tous des bouffeurs de petits enfants, et nous des civilisés de première bourre. [1940?] – (77385, de première bourre)
  • Tu oublies un fait d'importance, tu oublies de préciser que pendant que les bombardiers d'Adolf arrosaient notre artillerie, notre aviation de chasse surveillait les Champs-Élysées, les aviateurs dans les bistros de luxe, avec tous leurs galons dorés et leur petit sabre si marrant. –Tu exagères. Ils n'étaient pas tous aux Champs-Élysées. Avant le 10 mai, pendant ma détente, j'ai vu voler un avion français, moi, du côté d'Arcachon. – (détente)
  • [25 juin] Une affiche : L'Armistice avec la France est entré en vigueur à 2 heures dans la nuit du 24 au 25 juin. La Kammandantur. –Du combien que ça fait au jus, maintenant ? –Du 30, archi-maximum. –Ça nous met au 25 juillet ? –Oui – (au jus, 77386)
  • Dans les Savoie, les hôtels ne vont pas louper leur saison, et moi je ne vais pas louper mes extras. – (extra)
  • Les détails des conditions de l'armistice ? Tu parles si je m'en balance !… Le principal, c'est que nous on est en tête de l'article I, quelque chose comme ça, je suppose : « En premier lieu, les prisonniers sont libérés comme absolument pas responsable de toute cette couillonnade. » – (couillonnade)
  • Qu'est-ce que c'est que cette république où la clique au pouvoir s'arroge le droit d'ôter cinquante députés de la circulation, sous prétexte que pour ces députés, Staline a toujours raison ? – (disparaître de la circulation)
  • Oui, même toi là-bas qui fais de l'esprit avec ta balle dans la nuque, tu aurais voté coco pour retourner à tes petites occupations. [1940?] – (coco)
  • T'as raison quand tu dis que les usines d'aviation c'était pas ce qui manquait, mais où tu te trompes c'est quand tu crois que ces usines d'aviation devaient forcément fabriquer des avions. – (ce n'est pas ça qui manque)
  • En Belgique, pour fabriquer des fusils, ils sont de première. F.N., ça s'appelle, la marque. Ils font aussi des motos, de la drôle de came. – (de première, drôle de, came)
  • Il y a des types qui sont venus au monde pour être toujours planqués. Même ici [stalag], ils sont déjà au moins cent scribouillards planqués à la Kommandantur. – (scribouillard)
  • Vous avez la chance d'admirer un phénomène, un citoyen français amoureux du métier militaire. Ne rigolez pas : des goûts et des couleurs… – (des goûts et des couleurs, il ne faut pas disputer, phénomène)
  • Je voulais passer rapidement sous-off et m'introduire à Saint-Maixent. Mon bâton de maréchal était dans ma giberne. Je néglige le cinéma et les petites poules, je bûche ferme, je deviens un fantassin remarquable. – (bûcher)
  • Si remarquable que mes supérieurs me remarquent, me trouvent trop d'esprit critique pour mon grade de caporal, s'arrangent pour que je ne passe pas sous-off et que je n'aille pas déshonorer Saint-Maixent. Je ne suis plus qu'un raté. Je finis mon temps, je rentre dans le civil, et alors seulement les gardes-mites me nomment sergent de réserve. D'où le galon qui orne mon calot et qui vous fait crever de jalousie. – (garde-mites)
  • À la mobilisation, je rejoins le 46e. Je jubile, car le coup de torchon, ça me va, ne vous en déplaise. Et puis, je vais cesser d'être un raté, je sortirai de là capitaine. Ou cadavre, direz-vous. Erreur, mes amis. Quand on a vraiment la tripe militaire, on s'attend à la blessure légère et glorieuse, non pas aux asticots. En fait de coup de torchon, le régiment s'installe dans la Drôle, les troufions rouscaillent, les gardes-mites savourent des états NÉANT. – (coup de torchon, garde-mites, 77337)
  • Craignant que le 46e ne me fournisse jamais l'occasion d'accomplir une action d'éclat, je sollicite et j'obtiens la faveur d'être muté au 22e Étranger ! Entièrement formé de métèques, sauf quelques rares Français amateurs de baroud, comme moi. Ils sont tous là, ceux que les patriotes-comme-il-faut appellent l'écume de l'Europe : la canaille rouge, les échappés de ghetto, les déterreurs de carmélites, la pègre internationale… Les métèques, en un mot. – (métèque, baroud)
  • Ils en voulaient, les types !… Ils voulaient gagner le droit de ne plus être traités de métèques par les planqués tricolores. On ne les traitera plus de métèques, ils sont à peu près tous décédés. – (en vouloir)
  • On nous avait bourré le mou là-dessus comme sur le reste. –Que dites-vous ? –Qu'on nous avait menti, en France ! – (bourrer le mou)
  • Car vous fûtes vaincus, Messieurs les Français. –Vaincus… Vaincus… Faudrait voir… Dites qu'on s'est tirés !… – (71849)
  • il y a déjà des batailles entre les Français et les Anglais. –Quoi ? Non ? C'est pas possible !… Qu'est-ce que vous nous sortez là !… –La flotte française s'était réfugiée à Oran, en Algérie. La flotte anglaise l'a attaquée et l'a détruite. –Ah ben, merde alors !… – (merde !)
  • Pourquoi qu'il a pas été en Angleterre, ce con-là [Pétain] ? –La convention d'armistice le lui interdisait. Ça commence drôlement à nous emmerder, ç't'armistice à la con ! [1940?] – (à la con)
  • T'emballe pas !… Ce cureton, il est sans doute obligé de répéter les bobards à Gobèlse et au trait' de Stut'gar. Autrement, il aurait pas la permission de discuter le bout de gras avec nous. [1940?] – (discuter le bout de gras)
  • Merde et remerde de nom de Dieu de bordel à cons, si c'était à refaire alors ces vaches de Boches ils entendraient causer de moi !… – (merde et remerde de nom de Dieu de bordel à cons, 77388)

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