TABASSER, verbe trans.
Pop., fam. Tabasser qqn. Battre, rouer de coups. Synon. passer à tabac (v. tabac2). Un jour, ils se sont fait poisser... On l'a pas revu pendant deux mois... Il était tout méconnaissable quand il est revenu... Les bourres l'avaient si bien tabassé, qu'il sortait juste de l'hôpital (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 359). Il y a du grabuge (...) Ce sont des types qui se battent ou, plutôt, qui sont en train d'en tabasser un (Giono, Gds chemins, 1951, p. 67).
− Empl. pronom. réciproque
Se tabasser (avec qqn). Moi, mon vieux, si je te disais que j'en ai le cafard, parfois, de ne plus pouvoir me tabasser ! Y a pas, un coup de main bien monté, ça valait ! (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 70). Tu ne vas tout de même pas me faire la tête parce que je t'ai empêché de te tabasser avec Vincent ? dit Henri gentiment (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 271).
[Avec suj. plur.] Se tabasser. Gonzalès et Merlinet. Ils ne peuvent pas se voir (H. Bazin, Tête contre murs, 1949, p. 320). Les enfants sont plus voisins des assassins quand ils se tabassent, que les adultes (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 474).
Prononc. : [tabase], (il) tabasse [-bas]. Étymol. et Hist. 1918 se tabasser « se battre, se passer à tabac » (d'apr. Esn. Poilu, p. 178). Mot d'arg. originaire des parlers du Sud de la Loire, dér., à l'aide du suff. -asser*, du rad. onomat. tabb-, var. de tapp- (taper*). Voir FEW t. 13, 1, pp. 7b-8a et 9a. (tlfi:tabasser)
- D'un rad. tabb-, idée de « frapper », dont les dérivés sont attestés en moyen français (tabut « bruit, tumulte », v. 1400) et depuis le XIIIe, dans de nombreux dialectes surtout franco-provençaux et occitans. Cf. notamment tabuster « battre, frapper », 1410 ; tabastar (Limousin) « taper, secouer » (d'où tabastel « crécelle », 1355) ; cette série s'est probablt croisée avec tabac (sémantisme du « coup sur le nez », pour la prise) pour donner tabac (=bataille). (GR)