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Citations relevées dans “Brûleurs de durs” (1936)

Cette page réunit toutes les citations relevées dans Brûleurs de durs, avec l'entrée qui y est attachée.

  • Depuis deux mois que je bats le pavé de Paris, je n'ai trouvé d'embauche nulle part – (battre le pavé)
  • Il est très malheureux car il est affligé d'un appétit formidable et les soupes populaires n'apaisent pas sa faim. Il maigrit chaque jour, il se décartonne. – (décartonner)
  • Paulo, ça va de plus en plus mal. Jusqu'ici, on a payé le marchand de sommeil, mais bientôt on ne pourra plus et on deviendra clochards. Ça sera la fin de tout. – (marchand de sommeil, 74927)
  • il faut qu'on se tire de la mouise ; il faut qu'on gagne des sous – (mouise)
  • Tu n'es pas fou, m'a-t-il dit, d'aller chanter à Auteuil ? Rien à affurer là-bas. Les meilleurs coins, va, c'est encore dans les quartiers pauvres, rappelle- toi que la misère a bon coeur. – (affurer)
  • Mais fais gaffe, si t'es pris, tu passes au tribunal, la mengave, c'est un délit. –La mengave ? Oui, la mendicité. –Mais je ne mendie pas, je chante… –Ta casquette à la main, c'est du kif. Quinze jours de tôle et puis, en décarrant de la Santé, on t'envoie faire un stage de quarante-cinq jours à l'asile de Nanterre. À Paris, c'est la règle. – (mengave)
  • C'est un fameux métier, mon petit pote, mais pour s'établir, il faut du fric. Je lui ai demandé combien. Il a calculé, il a établi son bilan, enfin il a dit le chiffre : trois cents balles pour la came et deux cents balles d'avance pour circuler, parce qu'il faut se déplacer, faire les marchés et les foires. Au total, un demi-sac ! – (demi-sac)
  • Écoute, Bébert, une supposition que j'achèterais cinq, six bagues à vingt sous pièce ; je les revends chacune trois balles, j'en rachète d'autres… – (une supposition que)
  • en bon camarade, Bébert a cherché à me remonter le moral. –Je vais te donner une bonne commande, m'a-t-il dit. À Paris, tu seras toujours paumé. Va donc te rebecqueter en province. Tu chanteras… – (commande, rebecter)
  • Tu chanteras… Je sais bien que tu chantes mal, mais le principal, c'est de choisir sa goualante. Une chanson triste, toujours sur le même air, une complainte, comme on dit, sera bien dans tes cordes. – (dans les cordes (de qqun))
  • – Ça fait de gros frais. Bébert a sauté. –Des frais ! T'es fondu, ma parole ! T'aurais donc l'intention de payer ton chemin de fer ? T'as jamais brûlé le dur ? Si t'es pincé, qu'est-ce que tu risques ? – (fondu, brûler le dur)
  • Nos deux resquilleurs du rail viennent de passer la nuit sur un banc, à Châlons-sur-Marne. – (resquilleur)
  • Ah ! ce n'est pas un chant de route pour les bons soldats qui marchent au pas cadencé. C'est la goualante des indisciplinés, des têtes folles, des cerveaux brûlés. – (tête folle, cerveau brûlé)
  • Allons-y, lui dis-je, c'est le moment ou jamais… – (79608)
  • Par mesure d'économie, nous avons passé deux nuits dans un wagon de première, garé à plus d'un kilomètre de la ville. L'hôtel gratuit, c'est toujours ça de bon. Les banquettes sont moelleuses, on dort bien. – (c'est toujours ça de bon)
  • Le dimanche soir, on a déclaré forfait. Rien faire dans cette ville, nous irons à Besançon. – (déclarer forfait)
  • Nouveau malheur. Notre train a du retard ; si le contrôleur vient rôder de notre côté, nous sommes flambés. Il est urgent de trouver une bonne planque. – (flambé)
  • Des employés commencent à charger notre wagon ! Accroupis dans l'ombre, tout au fond, nous nous faisons bien petits, retenant notre souffle. – (se faire tout petit)
  • Désormais, ce sera notre tactique. Dès que nous arriverons dans une ville, nous commencerons par nous promener, les mains dans nos poches, comme des bourgeois en ballade. Le soir, nous coucherons peut-être au poste, mais au moins nous aurons pris du bon temps. – (les mains dans les poches)
  • nous avons été coucher dans un asile de nuit qui était archi-comble. Le lendemain matin, les gardiens de l'asile nous ont servi la soupe chaude et à sept heures, tout le monde dehors. Avec trois trimardeurs, nous avons pris la goutte dans un bar. Ils allaient à Marseille à pied [depuis Lyon]. Ils ne brûlent pas le dur, eux, ils abattent jusqu'à des quarante kilomètres par jour. Parfois, ils s'engagent comme gars de batterie, comme ouvriers de vendanges, mais, la plupart du temps, ils mendient leur pain dans les fermes, couchent dans les greniers, dans des étables ou bien à la belle étoile dans des meules. – (trimardeur)
  • Ils ne brûlent pas le dur, eux, ils abattent jusqu'à des quarante kilomètres par jour. – (abattre)
  • nous avons bien gagné notre pain. Aussi, le soir, au lieu de retourner à l'asile de nuit, nous avons loué une chambre dans un hôtel à prix doux. – (prix doux)
  • À côté, nous avons entendu la musique d'un accordéon, c'était un bal musette. Nous sommes entrés dans ce guinche et nous avons dansé gentiment avec deux petites ouvrières, deux mômes sur la mauvaise pente. – (59054)
  • Dans les express, le contrôleur passe de plain-pied d'un wagon dans l'autre par les portes à soufflets, tandis que dans les omnibus, où les wagons sont fermés, il est obligé de descendre sur la voie à chaque station. Aussi il est très facile d'éviter ce gêneur. Quand le train s'arrête, il suffit de regarder par la fenêtre. Vous voyez le contrôleur descendre à droite ou à gauche de vous. Alors, c'est vite fait, vous sautez à contre-voie et vous vous réfugiez dans le wagon qu'il vient d'inspecter. Le tour est joué. – (le tour est joué)
  • Vos billets ? Pas de billets ! Une grosse dame s'écartait de moi comme si j'avais été un pestiféré. Le contrôleur nous réclamait dix francs à chacun ; on a payé, mais on ne m'y repincera plus. – (82978)
  • ils sont allés ensuite à Épinal, sans succès, puis à Lyon où ils ont bien gagné leur vie. Ils arrivent à Strasbourg. Et tous ces voyages ont été effectués, « à la resquille ! » – (resquille)
  • Dans le dortoir, des lits bien blancs, moelleux ; on a dormi comme des gosses. – (75852)
  • Elle est bien connue, m'a-t-on dit, de tous les vagabonds, les pauvres hères, les batteurs d'estrade. – (58543)
  • Moi aussi, désormais, je dirai à tous les traine-patins : Mes camarades, quand vous irez à Marseille, portez le bonjour de ma part à Frère Élisée, vous serez bien reçus. – (traîne-patins)
  • Après nous avoir gratifiés d'un procès-verbal, il nous a fait descendre à Arles où nous avons passé une mauvaise nuit, car nous avons couché à la dure, sur un banc. – (à la dure)
  • Le soir, nous avons pu nous introduire dans la gare, furtivement, et nous avons pris possession d'un wagon de première classe. Nous dormions comme des bienheureux. Soudain, un grand bruit nous a réveillés. Notre wagon démarrait. – (dormir comme un bienheureux)
  • Faut pas s'en faire, lui ai-je dit. Demain, il fera jour. Et nous nous sommes rendormis paisiblement. – (ne pas s'en faire, demain, il fera jour)
  • La politique ne nous porte pas tort ; nous chantons avec succès et remplissons nos poches. – (s'en mettre plein les poches)
  • Son visage est tout ensanglanté, on a dû le frapper avec un casse-tête. Je crie au secours et deux agents s'amènent, pas pressés, à tout petits pas. L'un se penche sur Paulo et dit : –C'est rien. Une forte commotion, une plaie du cuir chevelu… Il en verra d'autres. – (en voir d'autres (futur))
  • Nous sommes faits. Ils nous emmènent au poste du Tapis Vert et nous y passons deux heures. Puis on nous conduit sous bonne escorte au poste central de l'Évêché où nous demeurons toute la nuit en compagnie de mendigots et de voyous. – (Évêché)
  • J'ai reprisé mon pantalon, mais je n'ai plus de linge, et Paulo ressemble à un galvaudeux. Il faut absolument que nous retournions à Paris. – (galvaudeux)
  • Il rencontre un collègue et s'arrête pour lui raconter son exploit ; nous en profitons pour nous sauver à toutes jambes, nous bondissons comme Ladoumègue ! – (84719)
  • Vingt-six francs en une journée, c'est maigre. – (maigre)
  • Avant-hier, à Strasbourg, un brouillard à couper au couteau ; on ne voyait pas la flèche de la cathédrale. – (à couper au couteau)
  • Il nous dit : « Suivez-moi, pas de rouspétance, je suis inspecteur de la sûreté. » – (rouspétance)
  • Le président a expédié en deux minutes notre affaire : quinze jours de prison à Paulo et moi trente jours. Je suis salé plus que lui, parce que c'est moi l'aîné. – (salé)
  • Tout de suite une petite vengeance, je vais au commissariat et j'annonce la nouvelle à l'inspecteur qui m'a arrêté. Il en devient tout jaune de jalousie, je lui flanque une maladie de foie. – (84720)
  • j'irai chercher Paulo à Toulouse, nous prendrons le dur pour Paris, sans billets, « naturlich », puisqu'on n'a pas le sou. On se fera poirer par le contrôleur qu'on n'aura pas cherché à éviter – (natürlich)
  • Il venait de me dévaliser. Mais ça ne se passera pas aussi bien que tu te le figures, je t'aurai au tournant… – (attendre au tournant)
  • Pendant douze jours, je me suis rongé les poings. J'étudiais le gardien-chef chaque fois qu'il me rendait visite : mais il était rudement fort, il ne se trahissait pas. – (81024)
  • –Vous êtes riche, vous. Il m'a répondu : Pensez-vous ! Je ne fais pas d'économies ; pour vivre, quand je serai vieux, j'aurai ma retraite, tout sec. – (84721)
  • –Eh bien oui ! Je vérifie… des fois qu'on me l'aurait chanstiqué, mon billet… Il ne comprend pas et répète : –Chanstiqué ? –Changé, quoi !… Cette fois, il a compris. Il hausse les épaules et me dit d'une voix grave : –Mon pauvre gars, c'est pas bien de soupçonner un honnête homme. – (chanstiquer)
  • J'ai descendu la colline. J'avais dix sous dans ma poche et je marquais mal avec ma barbe de quinze jours, car on ne m'avait rasé qu'une seule fois à la prison. – (marquer)
  • Paulo, un grand blond ? Il est venu, il y a une quinzaine, on ne l'a pas revu. Je crois qu'il est parti avec deux pas grand'choses, deux repris de justice. – (pas grand-chose)
  • À Orléans, sous la marquise de la gare, j'ai vu une vingtaine de guenilleux. Pour gagner leur croûte, ils mendigotent. – (33950)
  • Il s'appelle Marcel. Il a l'air franc, ce n'est pas un galvaudeux comme les autres. Alors je l'ai pris sous ma protection. – (galvaudeux)
  • Ce soir, je te montrerai la combine. La gare d'Orléans, c'est une des meilleures de France. Tu passes tranquillement dans la cour des marchandises et te voilà sur les quais. Pas vu, pas pris, camarade. – (pas vu, pas pris)
  • Nous avons pris le train de 8 heures du soir Amiens. Nous venions de passer Clermont quand un contrôleur qu'on n'attendait pas nous surprend. Celui-là n'était pas commode. À la gare du Nord, il pousse des clameurs et une demi-douzaine d'employés nous entourent pour que nous ne prenions pas la fuite. Ils n'ont donc jamais vu de brûleurs de durs dans cette gare ? – (brûleur de dur)
  • À minuit, le panier à salade de la Préfecture vint prendre livraison des filles et des loqueteux qui emplissaient la salle. – (loqueteux)
  • J'ai un copain qui a fait sept ans à la Centrale de Melun. Il en est sorti à moitié fou. – (à moitié X)
  • D'abord on l'avait mis à l'atelier de cordonnerie, puis à celui des typographes. Il composait le Bulletin des Recherches Criminelles. Un jour, dans un article, il a fait exprès des fautes, des coquilles, comme on dit en langage du métier, pour sauver un poteau qu'on recherchait pour vol. Au lieu de mettre « cheveux noirs », il mettait « cheveux blonds » par exemple. Mais le correcteur l'a dénoncé – (coquille)
  • Il m'a dit aussi que les prisonniers devaient toujours garder le silence en travaillant. Pas un mot, les lèvres cousues. C'est un supplice affreux. – (bouche cousue)

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