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Citations relevées dans “Le jeune tel qu'on le parle” (1982)

Cette page réunit toutes les citations relevées dans Le jeune tel qu'on le parle, avec l'entrée qui y est attachée.

  • Vieillir, c'est quand on cesse de trouver Dutronc super pour juger Duras sublime. – (84129)
  • À ma droite : les fafs. À ma gauche les stals. – (faf)
  • Le langage des jeunes ? C'est quand les mots ne doivent pas dépasser deux syllabes. Remarquez, nous, c'est le contraire. On en rajoute. Vous connaissez la dernière : « débrejnévisation ». Entre les jeunes et nous, il y aura toujours trois phonèmes. – (la dernière)
  • Écrireu sur. Les jeuneus ceci, les jeuneus cela. Et aloreu. C'est domb. C'est gol. C'est craignos. Ça fout les boules. C'est le méchant malaise. C'est la bonne galère. C'est craigneux. C'est crade. C'est glauque. – (domb, craignos, 83963)
  • Noter que le « e » muet des finales donne en verlan le son « eu » et non le son « é ». Exemple : « chetron » (tronche, en bon français) se promonce « cheutron » et non « chétron ». – (chetron)
  • Sortir avec Untel, c'est une formule ambiguë exprès pour les parents, dit une fille de La Celle-Saint-Cloud. Ça veut dire aussi bien « sortir », « flirter », ou « faire l'amour ». – (83935)
  • Mais, ajoute une autre, si je dis « j'm'en suis fait trois dans la soirée », c'est seulement que j'ai flirté avec trois mecs. – (se faire)
  • Premier paradoxe sur les bébés phoques. Depuis qu'ils sont devenus si rares, il n'y en a plus que pour eux. – (76253)
  • on avait soixante mots pour désigner les vieux, qui étaient en proportion peu nombreux. « Croulant », « passera pas l'hiver », « plus coté à l'argus », et autres gentillesses. – (passera pas l'hiver, plus coté à l'argus, 80749)
  • Les classes sociales sont voilées par des « looks ». Exemple on peut être « clean » (variété à poil ras), « baba » (vieux phoque genre saint-bernard) ou « punk » (le caniche des banquises). – (look, clean)
  • J'ai un copain, me dit Alex […] c'est la vraie bête, il travaille tout le temps. Il va jamais en soirée […]. Mais pour être dans le coup, il apprend le verlan pendant les vancances. Il met tout à l'envers et il corrige les autres. Puis il dit « Bon, je vais faire mon lobout. » La tehon. – (83992, dans le coup, 84117)
  • Mais pour être dans le coup, il apprend le verlan pendant les vancances. Il met tout à l'envers et il corrige les autres. Puis il dit « Bon, je vais faire mon lobout. » La tehon. –Pourquoi la tehon ? –Parce que « lobout » au lieu de « boulot », ça n'existe pas. C'est du verlan « dombi » (ou « domb » : bidon, ridicule). Tout peut se mettre en verlan mais tout ne s'y met pas, sinon ça serait trop facile de vieillir. – (84264, tehon, dombi, domb)
  • Au lycée de La Celle-Saint-Cloud, on assure que le verlan, c'est déjà fini. « En terminale G (section sténo-compta), les filles le jugent grossier, me dit une prof. – (prof)
  • On dit « yech » pour « chier », « tefu » pour « Mobylette », poursuit ce cake agrégé (depuis une émission de Radio K.7, les professeurs de certains lycées et collèges ont le douloureux privilège d'être appelés des « cakes »). – (iech, 84140, 84265)
  • Si on plaît, on est « mettable », ou « enfournable », ça fait toujours plaisir à entendre. – (mettable, 84008)
  • Il est des endroits où nul ne touche au verlan. Ou seulement pour dire : « Y m'a id ça » (C.E.S., rue d'Alésia), ce qui est prodigieusement énervant. – (84266)
  • On connaît aussi des variantes argotiques. « Beuflant » (pour « génial ») se dit à Boulogne mais pas à Paris. À Toulouse, « boire », c'est « tchouker » et « c'est stupide de se battre » donne « c'est gloupide de s'oticher ». – (beuflant, tchouquer, 84267, 84268)
  • Hors des cités, on vieillit en effet très vite ou l'on devient un « larzac » (écolo). – (84043, écolo)
  • À cause des psy, un jeune se réveille mégalo, déjeune maso, rentre chez lui parano et se couche mytho. – (mytho)
  • La Zone a donné aux jeunes le goût du verlan et du vieil argot des ferrailleurs et des puciers. – (zone, pucier)
  • toute une école de bandes dessinées naturalistes, qui a branché les jeunes sur le trip de la Zone (Tramber et Jano, Margerin, Rouzaud, Teulé, Golo et Frank…). – (se brancher sur)
  • Prenez vos livres de socio. La Jeunesse vit dans des enclos. Ce sont les « looks », déjà nommés. – (socio)
  • Un rocker boit des « mousses » (ou « semou », ou « rebier », ou « reb ») mais seul un « funky » ira commander un « shake » (milk-shake). – (funky, 83881)
  • Les punks se nourrissent exclusivement de colle à rustine qu'ils achètent par paquets de cinq tubes aux Puces et reniflent (« sniffent ») dans des sacs en plastique. – (sniffer)
  • Aux confins des années soixante et des Cévennes subsiste une tribu de parias : les « babas cool » ou « babas » ou « babs », Les « babs » sont guettés par deux maladies : la ringardise et l'inscription au Parti socialiste. On les a chassés du troupeau pour avoir fait 68 et raté 69. Ils ont longtemps vécu autour de grands feux dans la plaine puis ils ont commandé des cheminées Le Droff. Ils sont entièrement meublés en ancien « Actuel » et « Libé » d'époque. – (bab, ringardise)
  • Des années cinquante les jeunes ont retapé les Vespa, les jupes pied-de-poule et des mots oubliés comme « caisse » (voiture), « bahut » (lycée) et « tune » (argent). « Le Sceptre d'Ottokar » résume assez bien leur philosophie politique. Ils désignent leur meuf selon les anciennes traductions de Spillane et Peter Cheyney : « souris », « poule », « poulette », « caille », « poupée », à quoi s'ajoute « belette » (Paris) et « loute » (Sud-Ouest). – (caisse, bahut, thune, meuf, poulette, souris, caille, belette, loute)
  • Si j'ai trop bu, je suis « stoned », et « fait », « raide » ou « raidi », « déglingué ». – (stone, fait, déglingué)
  • Pour « planer », nul besoin de toucher au « teuch » (shit) ou au « zonga » (gazon = herbe), de tirer une « taffe » ou une « latte » (bouffée) d'un « tarpé » (pétard = stick = joint). Il suffit d'être bourré, c'est-à-dire « d'avoir les dents du fond qui baignent ». – (teush, zonga, avoir les dents qui baignent)
  • « Zoner », c'est simplement « glander comme un zonard » : c'est-à-dire se balader. La zone, c'est l'oisiveté. – (zoner)
  • Nos ancêtres s'appelaient les Gaulois mais nos parents sont un peu « gols ». « Gol » ou « gogol », c'est mongolien, c'est-à-dire « débile » (ou « deb »). C'est assez gentil (plus ou moins). Salut les gols. – (gol, gogol, deb)
  • Si on est un peu bête, on est un peu « niais ». – (84065)
  • « Bouffon » (« fonb » en verlan) est beaucoup plus dur. Il vaut mieux être rangé parmi les fous « ouf », « frappé », « allumé », « agité », « speedé », « fondu ». – (bouffon, fonb, ouf, frappé)
  • Mais l'idéal est d'être « cool » (ou « coolos »). Position d'équilibre où on « assure » (on est à l'aise). « Calmos. » Le mec « cool » fait skifo kantifo. Mieux que « cool », on est « classe ». – (coolos, assurer, classe)
  • « Classe » a pour contraire « craigneux » mais y a des nuances. « Le craigneux, c'est plutôt le mec bien niais » (une fille). « Oui, mais ça peut être aussi un killer (dur) de banlieue qui craint. » (un fils). – (83963, 84270)
  • « Ça craint », « c'est craignos », en résumé, veut dire : ça rebute, ça déplaît. « Craindre » fait partie de ces mots profonds et vides, aussi nécessaires et superflus que l'être et l'avoir. – (craindre, craignos)
  • On entre dans unc période qui risque de craindre un max, m'a dit un lycéen de Boulogne. Tout le monde arrive en criant : bonjour la galère. – (max)
  • Catéchisme. Dieu a créé le « cem » et la « meuf ». Anatomie : « À oilp », on les distingue à peine. La « meuf » est munie d'une « chagatte » ou « teuche » et le « cem » d'une « teb » et d'une paire de « yocs ». Le tout sert à « zaiber ». – (keum, meuf, à oilp, chagatte, teuch, teub, yeuks, 84154)
  • La « meuf » est l'égale du « cem », surtout si ladite n'est pas un « cageot » ni un « boud' » (« boudin », devenu plutôt province). – (cageot, boudin, boud')
  • Moyennant quoi, on juge encore bien venu dans certaines banlieues (et maisons bourgeoises) de dire à son copain « Tiens, voilà ma viande. » À quoi il est courtois de répliquer : « Elle est pas ripou » (pourrie). – (84271, ripou)
  • Pas pis mais pas mieux, les copines ainsi désignées : « Je vais chercher mon matos » (Paris) ou (La Celle Saint-Cloud) « Tu vas quand même pas tout le temps zaiber la même caisse ? » – (84272, 84273)
  • Première leçon : « Raoul s'habille ». Raoul est « super-classe » avec son nouveau « zomblou », son « strauss » délavé et son « larfou » au cou. – (super-X, zonblou, 84274, larfou)
  • Il est bien, ton « cuir », Raoul. Moi, j'ai un « ted » ou « teddy » (blouson ricain en tissu : brodé dans le dos, c'est l'éclat). – (cuir, 84138, 84139, éclate)
  • Dis donc, Raoul, elles sont « super » tes « pepons » (pompes). – (super, peupon, dites donc)
  • La « pepon » a subi une longue évolution technique. L'ancienne chevalerie portait des « santiags » (bottes mexicaines). Les dames et les pages chaussaient des sortes de poulaines appelées « gégènes ». – (santiags, gégènes)
  • Les punks enfilent des « ranchos » (rangers) et les « cleans » – mais aussi parfois les kepons – de vastes écrase-merde à semelle de crêpe justement appelés « creeps ». – (84097, keupon, écrase-merde, 83964)
  • Il tombe bien, le « zomblou » de Raoul. Il ne « tire pas la gueule ». C'est que son tailleur est riche. – (84275)
  • Il tombe bien, le « zomblou » de Raoul. Il ne « tire pas la gueule ». C'est que son tailleur est riche. […] Se dit aussi d'un devoir bâclé : « Ta dissert' tire la gueule. » – (tirer la gueule)
  • Deuxième leçon : « On sort ce soir ». Y a une soirée chez Max, pense Raoul, ça c'est un bon « plan » (projet). Un plan « coolos ». On va pas se faire « yech ». – (84117, bon plan, plan, faire iech)
  • Du plan. Le mot vient de l'argot des drogués : « T'as un plan ? » = « T'as une filière ? » (pour la came). – (plan)
  • Il y a « le plan travail », et là « ça craint bien » (c'est bien lourd). – (lourd)
  • Il y a le plan dans le sens « il m'a fait un plan » (il m'a fait une crasse : banlieue Ouest). – (84276)
  • Il y a le plan où tu te fais virer d'une soirée ou bien tu zones sans savoir où aller, et là c'est « le plan galère ». – (zoner, 84277)
  • Mais il y a aussi la soirée chez les bourges où t'es pas invité et tu incrustes [sic] et tu fous la merde et là mes amis (écrivez), c'est « le plan destroy » – (bourge, s'incruster, foutre la merde, 84278)
  • On connaît la suite : les Sex Pistols ont fait un pèze (« zèp ») fou, sauf pour ceux qui sont morts. – (83942, 84279)
  • Troisième leçon : « Raoul et Jenny partent en soirée » (ou « fête » pour les vieux jeunes). – (84117)
  • « Raoul et Jenny partent en soirée » (ou « fête » pour les vieux jeunes). Car ils ne vont plus en « boum » depuis longtemps. La « boum » est le nom qu'on donne aujourd'hui aux goûters d'anniversaire. – (boum)
  • Drrring, C'est Jenny. Elle entre. « Wouah, se dit Raoul (in petto) elle est mettable cette poule. Je lui mettrais bien une brioche au chaud. Si j'étais pas quèn on pourrait quener. » (« quèn » veut dire à la fois « très fatigué », « crevé », « faire l'amour »). – (ouah !, mettable, poule, mettre une brioche au chaud à, ken, 84095)
  • « Ouahou, soupire Jenny (mezzo voce). Il est mettable ce mec. Quels sclums (muscles). Quel zomblou. » (En aparté : « S'il avait pas tous ces craquos (boutons) sur la gueule… ») – (83943, mettable, sclums, craquos)
  • Wow le killer ! Wow le kid ! (au choix). Ton cuir, ça dégage ! Ça déménage ! Ça arrache ! C'est l'éclat ! (au choix). T'as un plan ? – (84281, 84270, dégager, déménager, 84282, éclate)
  • T'as un plan ? Raoul : « J'ai un plan coolos. On va chez Max. » Jenny (qui, en fait, s'appelle Jeannette) : « Ouah, le méchant plan Max ! Gé-nial. Ça tombe un peu bien, j'ai le vieux spleen de l'enfer. » – (méchant, un peu X, ouah !, génial, un vieux X, 84283)
  • Raoul : « Bon, on s'vire, on gicle, on dégage, on s'éjecte, on se brise, on fait cassos » (au choix). – (se virer, dégager, gicler, s'éjecter, cassos !)
  • À son petit frère : « Lustaleur » (salut, à tout à l'heure). – (84284)
  • À son « rep » et sa « rem » : « Ouar Pa, ouar Man. » – (reup, reum)
  • Ils quittent la « casbah » (un coquet cinq-pièces). – (casba)
  • Prendront-ils la « Mob », la « meule », la « brêle », la « tefu », la « bécane », la « caisse », la « poubelle » ? Ils ont l'embarras du choix comme cela se produit souvent dans les leçons de vocabulaire. – (brêle, 84140, poubelle, caisse)
  • Bien sûr, ils pourraient « assurer » par le « sub » ou le « tromé » mais c'est un peu « galère », ça « fout les boules », (les « lebous » ou « lebs », les « glandes »). – (83948, tromé, 84045)
  • Le « tac » ? Mais le « tac », ça « raque ». – (tac, raquer)
  • Par bonheur, Raoul a du « zèp ». Il a « taxé » un peu d'« artiche » (argent) à son « rep ». – (83942, reup, artiche, taxer)
  • « Salut Max. –Bonjour les vieux gols de l'enfer. –Bonjour connard » (ou « narco »). – (narco)
  • La « zic » (ex-« zicmu » : musique) « assure ». On a mis (au choix) un « sked » (disque) ou une « 7 Ka » (cassette). – (zic, zicmu, skeud, settca)
  • Mieux : des « musicos » sont venus avec leur « matos » et leur « cromi ». C'est « l'éclat ». Le groupe s'appelle Vatican. – (musicos, matos, éclate, cromi)
  • La « gratte » (guitare) « fait une plante » (se trompe) de tanzaotre mais le batteur « dégage » telle la bête. – (plante, dégager)
  • On a « mis de la pêche » (du son) un max, ce qui fait plaisir aux voisins (pour eux, c'est galère). – (pêche)
  • Raoul : Ça déménage. » Max (un peu pété, il a trop « liché ») : « C'est valab. » – (pété, licher, valab)
  • Mais que vois-je ? Ma meuf qui sort avec ce débilos ? Il craint, cet entchoulé. Pauv'tachon. (À Max :) Tu la connais, cette tache ? Max (déjà bien dans son trip) : « Quixa ? » Raoul : « Là, le tacheman » (féminin « tachewoman »). Max « Ah ! Fredo ? C'est vraiment le tachon de l'enfer. » – (débilos, entchoulé !, 84285, tache, 84286)
  • Fredo « sort » avec Jenny. Il commence par un « smack » (à Orléans, cette Babel moderne, on dit aussi : un « piou »), Fredo passe sa lèvre inférieure entre les lèvres de Jeannette. C'est le « canard ». Le « canard » débouche sur le « palot » qui s'achève en « baveux ». – (83935, smack, piou, 83953, palot, baveux)
  • S'il continue, ce tachon, je vais lui éclater, lui zaiber la gueule, lui destroyer la tête (au choix). – (éclater la tête, 84287, 84288)
  • Il va s'en manger une. Il va se faire latter. Je vais un peu le tuer. Je vais bien le tuer (au choix). Putain, ça m'fout la haine. – (se manger X, latter, avoir la haine)
  • Bien sûr, il arrive qu'on « se frappe avec des mecs » (argot banlieue). – (se frapper)
  • Raoul est trop « raide » pour la bagarre, le « baston », la « stomba », la « killerie », le « carnage », le « destroy » (au choix). – (stombe, 84040, 83955, 83973)
  • Kesta ta ? Va mourir, va crever. Chelaoim (lâche-moi). (Méprisant) : J'ai rien à foutre de ta vie. – (84290, chelaouam, 84291)
  • Exercice : « On “s'est pris des mecs” et on les a “tués”. Racontez. » – (se prendre des mecs)
  • Max, Raoul, Jeannette et les autres ouvrent un oeil « à dix plombes du mat' ». Odeur atroce de cendre froide. Max : « Putain. Ça sent la vieille mort de l'enfer. » – (63647, puer la mort, un vieux X, 84283)
  • elle allume un « clepo » – (clepo)

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