b) Mettre d'autorité quelqu'un ou quelque chose dans un endroit étroit en l'y serrant. Coller un objet dans un coin, dans une armoire ; coller un enfant au lit, en pension ; coller un militaire au bloc ; coller en taule. Coller la chandelle au mur (Bernanos, Nouvelle Histoire de Mouchette, 1937, p. 1307) :
6. « J'ai idée que les boches trichent un peu... », disait Alexis pour se venger des pommes de terre que Mme Loiseau lui collait dans son assiette, et Henriette lui faisait des gros yeux : s'il discutait, ça n'en finirait plus... E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, p. 219.
− P. méton., expr. Coller qqn au mur. Le fusiller après l'avoir placé le dos (serré) au mur :
7. On allait coller un homme contre un mur et lui tirer dessus jusqu'à ce qu'il en crève ; que ce fût moi ou Gris ou un autre, c'était pareil. Sartre, Le Mur, 1939, p. 32.
c) Appliquer un coup à quelqu'un avec vigueur ; imposer une obligation, une contrainte à quelqu'un. Coller des gifles, un coup de poing ; coller un coup de pied dans le derrière ; coller une punition ; coller du travail à un élève. Moi, à cause de ma médaille, ils me collaient toujours de planton parce que ça fait riche (Dorgelès, Les Croix de bois, 1919, p. 275) :
8. − Elle a dit ça, elle a dit ça, hurla Maheu. C'est bon ! J'y vais, moi, et si elle dit qu'elle l'a dit, je lui colle ma main sur la gueule. Zola, Germinal, 1885, p. 1469.
d) Remettre d'autorité et sans rejet possible quelque chose à quelqu'un ; se débarrasser de ; donner ou transmettre une chose ennuyeuse ou fâcheuse à quelqu'un. Coller des pièces fausses ; coller ses vieilleries, ses rossignols à qqn ; coller la grippe. Coller des poux (Sartre, La Mort dans l'âme, 1949, p. 248). Je te les colle dans les bras [les enfants] et puis tu te débrouilleras (Druon, Les Grandes Familles, t. 2, 1948, p. 164) :
9. − Figure-toi qu'il n'y avait que des bêtes dans la turne... des chats, trois perroquets... un singe... deux chiens... et il fallait soigner tout ça... rien n'était assez bon pour eux... Nous, tu penses, on nous collait de vieux rogatons, kif-kif à la boîte... Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, p. 259.
− Pop. Coller un enfant, un gosse à qqn. Rendre une femme enceinte. Il la suppliait de céder : on verrait bien s'il ne lui collait pas un enfant, et un gros ! (Zola, La Terre, 1887, p. 310). (tlfi:coller)