PANTE, subst. masc.
Argot
A. − Vieilli
1. Bourgeois, honnête homme (bon à être volé ou assassiné). [Son] amant de coeur un bandit [qu'elle n'avait pas voulu suivre dans ses crimes] (...) [lui avait dit:] −Tu ne seras jamais qu'une paillasse à pantes (Richepin, Flamboche, 1895, p. 264). Il s'agissait d'un docteur, médecin le jour et hideux la nuit. Le jour il se conduisait très bien mais la nuit il hantait les bouges, fréquentait les vilaines filles et zigouillait les pantes (Queneau, Loin Rueil, 1944, p. 112).
2. Individu niais, facile à duper. Synon. cave. Le Cul-de-plomb [qui est à poste fixe dans quelque café] (...) ne va pas lui-même à la recherche du joueur naïf, du pantre comme il dit (Hogier-Grison, Monde où l'on triche, 2e série, 1886, p. 158).
− Emploi adj. J'ai enjambé le talus [pour attaquer la voiture bloquée]. Seulement, moins pantes que moi, (...) ils reculaient, les méfiants, d'un bon de dix mètres (Simonin, Cave se rebiffe, 1954, p. 245).
B. − [Dans le lang. du cirque] Les pantres. Le public, les badauds. Le gobeur de parade, c'est le pantre. Ce terme désigne celui qui est facile à tromper, bon à exploiter (J. Daudez, Le Cirque et son lang. ds Vie Lang. 1961 n°117, p. 624).
Prononc. et Orth.: [pɑ ̃:t]. Homon. pente. Rob.: pante: ,,Var. pantre en 1837.`` Lar. Lang. fr.: pante ou pantre mais ,,la forme pantre est désuète dès la fin du xixes.`` Étymol. et Hist. 1. 1821 « paysan » (Ansiaume ds Esn. ; le texte donne pautre qu'Esnault propose de lire pantre) ; 1836 pantre « homme simple, facile à tromper, paysan » (Vidocq, Voleurs, t. 2, p. 316) ; 2. a) 1820-40 (ms. Jacquinot ds Larch. Suppl. 1889, p. 79 : débiner le pante : Voler le bourgeois qu'un autre s'était réservé de voler, profiter du coup monté par un autre ; cf. tu débines mes pantres, ms. Jacquinot ds Larch. Suppl. 1883, IX) ; b) 1835 ([Raspail], Réf. pénit., p. 2 : cavé ou pantre « homme simple » ; harnacher un pantre « amuser un homme pour le voler ») ; c) 1843 les pantes « les honnêtes gens » (Sue, Myst. Paris, t. 8, p.142). Orig. incertaine ; pour FEW (t. 7, p. 560), pante serait un dér. régr. de pantin*. Esn. le rapproche des termes dial. pantre « paysan » att. dans la Bresse et le Forez (cf. Gras 1863 et Guillemaut 1894-1902 qui précise ,,employé injurieusement``) et pantès, terme prov. (v. Mistral, s.v. pantès et panto « rustre, manant » ; Avril, Dict. prov.-fr., 1839-40 : pantes, pantou « terme de mépris qu'on donne à un paysan grossier et bête »), qu'il rattache à un rad. obscur (cf. Du Puitsp. 1890, s.v. pantuora); cependant FEW classe le gasc. pantre « lourdaud » (cf. Palay 1932) dans la série de mots issus de pantex « la panse » (v. FEW t. 7, p. 568). Bbg. Sain. Arg. 1972 [1907] p. 241, 293 ; Sources t. 2 1972 [1925] p. 150, t. 3 1972 [1930] p. 60, 535. (tlfi:pante)
- Pante vient de pantin : gens de Paris. (VIR)
- Ce mot s'employait au début du siècle dans l'expression « marcher au pante ». (PN-c)
- Vient sans doute de pantin. (note dans GRIS)
- De pantin, pantois, pataud. (AYN)
- Altération de pantin. (GR)
- Mot du vieil argot commun peu à peu abandonné. (Arnal)
- « Long-temps je me suis demandé quelle pouvait être l'étymologie de ce mot pantre. Il se rapproche singulièrement du vieux mot pantois , qui exprime un mélange de niaiserie et de stupéfaction ; et , si ce n'est pas là sa racine, où la chercher ? Dois-je prendre au sérieux l'explication d'un prisonnier, m'assurant que pantre dérivait du grec pantos, génitif de pan, qui veut dire tous, et que, par conséquent, on devait entendre par ce mot : Tout le monde, excepté les voleurs de profession ou la pègre ? » (1841. Les Prisons de Paris, par un ancien détenu)