MARRANT, -ANTE, adj.
Pop. et fam.
A. − Drôle, amusant. Synon. rigolo, tordant. Petitmathieu m'expliquait son bonheur : − Ce qu'elle est marrante ! Avec ça, bonne fille (Morand, Ouv. la nuit, 1922, p. 182). Ils avaient risqué le cinéma un dimanche. Il y avait un Max Linder, qui était marrant (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 295) :
− Et maintenant, où m'emmenez-vous ? − Vous n'aimez ni le jazz, ni la danse ? − Non. − On peut essayer le Tropique du Cancer. − C'est marrant ? − Vous en connaissez, vous, des boîtes marrantes ? Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 52.
− Expr. C'est pas marrant. C'est pas marrant (...) de rester dans une cave quand les autres se battent (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 170).
− Emploi subst. [Appliqué à une pers.] « Le Coucher du Soleil » était le bistrot attenant au Palace. Jaja, un « marrant » y était préposé au rinçage des bouteilles (Fallet, Banl. sud-est, 1947, p. 34). Ah ! vous alors, vous êtes des drôles de marrants (Aymé, Mouche, 1957, p. 143).
B. − Bizarre, étonnant. T'as la vocation militaire ?... c'est marrant quand même !... Il me considérait avec soin... Il me retrouvait tout insolite (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 691). Il n'y a pas de problème ; il n'y a que des solutions. L'esprit de l'homme invente ensuite le problème. Il voit des problèmes partout. C'est marrant (Gide, Feuillets d'automne, 1947, p. 309).
Prononc. et Orth.: [maʀ ɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. Queneau, Exerc. style, 1947, p. 72 : marant. Étymol. et Hist. 1901 adj. « amusant » (Bruant, p. 21) ; 1935 subst. masc. (ds Esn.). Part. prés. subst. de marrer* (se). Fréq. abs. littér.: 79. (tlfi:marrant)
- Moderne (1930) : se marrer signifiait autrefois s'ennuyer, être dégoûté, avoir des nausées, sensation du mal de mer (mar) – d'où : en avoir marre – : on a fini par sous-entendre « à force de rire », comme quelqu'un qui rit aux larmes, et crie « assez, assez ». (AYN)
- De se marrer. (GR)
- Argot parisien courant d'avant-guerre. (Dauzat1918voc)