Annonce amicale : 30 jours pour jacter comme mézigue, de Sylvain Vanderesse, est paru.
Mots croisés et autres jeux à gogo.
Aux éditions de l'Opportun.
Citations relevées dans “En plein faubourg. Notations d'un mastroquet sur les moeurs ouvrières”
- Mais s'asseoir derrière un comptoir de zinc, débiter des « petits verres », se domestiquer au service d'une clientèle pas toujours commode, s'entendre appeler patron, enfin se muer en mastroquet, être cette chose : un bistro, – ah ! – (mastroquet, bistrot)
- « Il se laisse vivre ! » avait dit en souriant mon ministre, devant l'insouciance de ce jeune attaché indifférent aux faveurs convoitées dans son entourage, et ce rarissime désintéressement s'était trouvé récompensé par le ruban violet. – (se laisser vivre, 77391)
- Un symbole ! ces five o'clock improvisés à côté du cabinet du patron [le ministre], préludant aux fonctions officielles futures, aux fringales à étouffer, plus tard, lorsque – largement – paierait la Princesse, cette bonne vache à lait de tout temps promise aux quenottes tôt aiguisées des nourrissons ministériels ! – (77392, patron, aux frais de la princesse, vache à lait)
- Quelque temps, j'y écrivaille dans une feuille quotidienne, agréablement occupé, près de bourgeois aimables – (écrivailler)
- il [l'ouvrier] élude toute question trop directe, évitant d'y répondre autrement que par des échappatoires, à la vérité toujours content de parler, jacassant, mais vainement pour le curieux, qui n'en tire qu'inventions malignes, ce que le faubourien appelle du « battage ». – (battage)
- Ainsi, dans les débits, on le [l'ouvrier] surprend mieux au naturel. Quoi qu'on en ait écrit, ces boutiques ne sont pas autre chose qu'un lieu de délassement où l'ouvrier se récrée, où il ne va pas, contrairement à l'opinion reçue, dans le but de se griser. – (débit, griser)
- Le matin, au saut du lit, en se rendant au travail, il s'arrête une seconde pour boire sur le comptoir quelque chose qui le ragaillardisse, café ou alcool – (54747)
- le soir, s'il est content de sa journée, si, selon l'expression courante dans les ateliers, il a été à la bonne, c'est-à-dire s'il a beaucoup travaillé, il fait, avant de rentrer dîner, une station d'un quart d'heure [au débit]. Mais ce n'est que les samedi, dimanche et lundi qu'il va chez les marchands de vin de façon coutumière. – (être à la bonne)
- Elle est si pénible, la montée du faubourg, si longue et d'une tristesse si alourdissante, avec les maisons comme écrasées sous le poids de la misère, quand revient au soir, le corps anéanti, traînant le pas, pêle-mêle, l'énorme population des gagne-petits ! – (gagne-petit)
- Devant les comptoirs flamboyants de lumière, beaucoup cependant détournent la tête. Effroi de la majeure partie des ouvriers, ces établissements, où ils s'arrêtent le plus souvent par besoin plutôt que par vice, par occasion plutôt que par habitude, leur apparaissent comme le séjour ordinaire des alcooliques, lieux redoutables, de réputation dangereuse, que tant de fois les ménagères ont maudits ! C'est à peu près l'Assommoir décrit par M. Émile Zola, source d'ivresse brûlante, qui éteint tout sentiment, qui tarit toute pensée, l'assommoir communément dénommé au faubourg : l'empoisonneur. De « l'empoisonneur » au petit débitant tout change… même les boissons ! […] déjà, se note un degré de perfection : le poison, moins violent, mieux dosé, effleure à peine l'organisme corporel. – (assommoir, empoisonneur)
- Plus modestes, sinon moins bruyants que leurs grands confrères, de tenue plus familière, sans rien des trop voyantes enseignes enluminées pour raccrocher la Rue, ces estaminets s'offrent de manièr engageante – comme amicalement. – (raccrocher)
- Au comptoir, toujours placé près de la porte d'entrée afin que le passant hésite moins à s'arrêter (commerce oblige !), on peut également boire sur le zinc, debout, en deux secondes. – (X oblige, sur le zinc)
- Enfin, une clientèle limitée, mais qui se connaît, se fréquente, s'amuse en choeur, qui accourt tailler une bavette aux instants de liberté – (tailler une bavette)
- en de nombreux estaminets, défense expresse est faite aux clients de parler politique à haute voix. Seuls l'acceptent, la provoquent, ceux à qui l'amitié de quelque personnage populaire du quartier, élu ou comitard influent, vaut une augmentation de clientèle par des agents électoraux et des solliciteurs. – (comitard)
- Ils ne cessent de le patronner, de le louanger auprès des ouvriers, leur promettant son appui, les poussant, pour les mieux enchaîner, à solliciter : « Ne vous gênez pas ! Un tel est mon ami, je n'ai qu'un mot à lui dire : votre affaire est faite ! » – (son affaire est faite)
- Celui-ci, cumulard, à la fois policier et représentant de commerce, fait ses offres de service, généreusement : acceptez ! et peut-être jouirez-vous de quelque tolérance ; refusez ! et lorsque, un jour de fête, vous demanderez une permission de nuit, vous serez tout étonné de vous l'entendre impitoyablement refuser – (cumulard)
- Enfin, tout en bas [de l'échelle des policiers], moins exigeants, mais plus talonnants, parasites de toutes les heures, quelques gardiens de la paix, à leur tour, lèvent sur vous la dîme séculaire du guet, sous forme de rafraîchissements… renouvelés ! – (talonner qqun)
- Pour obvier à ces inconvénients [être exploités par la police régulière], et sans doute pour augmenter leurs revenus, quelques débitants se sont affiliés à la police secrète. Il y a ainsi dans le faubourg pas mal de souricières ; de là partent des rapports dénonciateurs, des lettres calomniatrices amenant des descentes de police chez le concurrent d'en face, aboutissant à des surprises désagréables pour tout un quartier. – (souricière)
- Le faubourien a peu de sympathie pour le quart d'oeil, peu d'estime pour les flics – (quart-d'oeil)
- Ainsi parée, proprette, sentant le neuf, ma boutique suffit-elle ? Très gravement, un vieux routier du quartier prononce : –Ça peut ! – (46868, ça peut)
- dans la caisse (!) une recette de trois louis ; ce qui, m'assurait-on, n'était vraiment pas mal pour un début ! – (pas mal)
- –Patron ! un demi-setier…, bien fadé, pas ? – (43705, fadé, pas ?)
- Le verre est bu, rarement d'un coup, à petites gorgées, sans se presser, en causant. – (d'un coup)
- –Patron, c'est pour moi la tournée. – (16019)
- –Voyez-vous, patron, l'ouvrier n'est pas autrement fait que le bourgeois. Nous sommes tous des hommes ! Comme chez le bourgeois, il y a chez nous des camarades qui paient leurs dettes quand ils le peuvent. Ça peut être long, mais on y arrive. D'autres ne s'acquittent jamais : ils aiment bien se les caler, mais à l'oeil ! Affaire de tempérament. – (se les caler, oeil)
- Je vous dirais bien que les seconds ont la bouche pleine de leur honnêteté, que les premiers sont moins hardis – (en avoir plein la bouche)
- Comment distinguer les bons des mauvais ? […] Impossible de les deviner, y a pas plan ! Les plus malins s'y trompent tous les jours – (pas plan)
- Donc, point de crédit, sinon vous perdrez votre argent, tout en rendant un mauvais service à vos clients qui s'endetteront… jusqu'au jour où ils ne mettront plus les pieds chez vous, et vous n'aurez pas un sou d'afure. – (mettre les pieds qqpart, affure)
- les ouvriers besogneux n'abusent pas du crédit ; ils s'en tiennent au strict nécessaire, et, la misère passée, ils se rattrapent à force d'économies. Tous ? Non. Quelques-uns s'en vont ailleurs recommencer le même tour, sans plus penser à ce qu'ils doivent, très surpris si on insinue qu'à agir ainsi ils frisent la malhonnêteté, déclarant sans réplique que « les dettes de bistro, ça ne se paie pas : c'est du jus de noyau » ! – (77396)
- certains jeunes [ouvriers qui ont l'habitude de ne pas payer leurs dettes chez les bistrots] qui ne manquent pas de se signaler entre eux les débits où y a du bon [* Possibilité de glaner quelque chose]. – (y a bon !)
- Ouvriers sans travail, débauchés – en opposition à embauchés –, glissés à la paresse, obligés de bricoler, de « faire du truc », naturellement ils ne négligent aucune occasion de boire et de s'amuser aux frais d'autrui. À soi de se défendre si l'on y tient ! – (77397, 77398)
- Cet homme [le marchand de vin], supposé plein de défauts, doit être plein de qualités : il lui faut un estomac solide, la langue bien pendue, la main facile, un visage souriant mais capable de se rembrunir, si besoin est d'en imposer aux clients récalcitrants. – (avoir la langue bien pendue)
- Là où il peut rire et bavarder, l'ouvrier accourt. Malheureusement accourent à ses côtés de bandes de vauriens à l'affût des estaminets où ils aient la double possibilité d'empiler [* Tromper, ne pas payer les consommations] à la longue le patron et de se réunir après leurs mauvais coups. – (empiler, 16021)
- accourent à ses côtés des bandes de vauriens à l'affût des estaminets où ils aient la double possibilité d'empiler à la longue le patron et de se réunir après leurs mauvais coups. Tout nouveau marchand de vin reçoit leur visite. Je la reçus. Gais, casseurs, la langue preste, le rire facile, c'était une demi-douzaine de boute-en-train joyeux, si joyeux que huit jours après je dus leur montrer la porte. – (casseur, 77399)
- Mes gaillards revenaient chaque jour, m'amenant – aimable attention ! – de nouvelles têtes, quelques-unes de construction intéressante, j'en conviens, et nouvelles pour moi, mais si bien connues d'autres clients que les occupations des individus qui les portaient – hommes et femmes – m'en furent vite révélées. – (nouvelle tête)
- Un soir, ils s'adjoignirent deux out trois gamins d'une dizaine d'années, pas plus haut que ça ! l'air insolent, l'oeil si vicieux ! avec, au doigt, une grosse bague d'or, ces marmousets ! dans la poche des pièces dont le tintement provoqua entre tous une conversation à voix basse, bientôt suivie de ce bref commandement lancé par le plus jeune : « Deux litres ! » – (gamin, haut comme ça, marmouset)
- Charmante association de souteneurs et de tire-laines, dont la compagnie, pour curieuse qu'elle fût à observer, ne répondait pas précisément à l'objet de mon enquête. Sur le champ, je me privai de la société de ce joli monde et oncques ne revit chez moi escarpes ni marmites. – (tire-laine, joli monde)
- –Faites-vous un zanzibar, patron ? –Soit ! Sur le zinc, les dés vont et viennent. – (zanzibar)
- Temps d'épreuves : la faim, le froid, sans gîte. La révolte, des jours, lui tenaillait le coeur, des idées de sang germaient – on a la tête chaude et les patrons sont si durs ! – (avoir la tête chaude)
- Il ne gagnait pas de l'or en barre, cette idée ! mais, quoi ! on vivait, et, le soir, jamais les gosses ne se couchaient sans avoir avalé une grosse assiettée de soupe qui leur tenait le corps bien chaud ! – (or en barre)
- un ferment de discorde divise les commerçants, trop disposés à se jalouser, à se nuire, et la plupart vivent entre eux sur un pied de guerre – pour des niaiseries ! – (77400)
- C'est que, ni plus ni moins que les bourgeois, les ouvriers, malgré qu'ils en aient, conservent à la fortune son rayonnant pouvoir. « Celui-là ?… Pour sûr qu'il a du pognon ! » Et cette affirmation s'accompagne d'un involontaire sentiment d'admiration – (pour sûr !)
- le bon bourgeois, tout en sirotant un petit verre de chartreuse ou de fine champagne première marque, émet de sévère aphorismes sur les dangers de l'alcool, unique perdition, précise-t-il, des ouvriers. – (siroter)
- Un jour, le portrait de M. Émile Zola, publié par une feuille illustrée, étant tombé entre les mains d'un de mes clients, il fit à haute voix cette réflexion : –En voilà un qui l'a bien mérité de n'être pas reçu à leur Académie ! Il ne l'a pas volé. –Tu le connais ? Qu'est-ce qu'il t'a fait ? –Il m'a insulté, comme toi, comme tous les frères. –En voilà du battage ; tu nous en contes ! –Vous n'avez donc pas lu ses feuilletons, celui de l'Assommoir ? C'est du propre ! À l'en croire, nous serions tous des « saoulots » ! – (battage, en conter, soûlot)
- Et les plantureux repas, largement arrosés des meilleurs crus, jusqu'à plus soif, auxquels se complaît la société de plusieurs de nos provinces ? – (arrosé, jusqu'à plus soif)
- Parce que, de temps en temps, l'ouvrier boit un verre, la belle affaire ! Est-ce une raison pour le représenter comme un éternel alcoolique ? – (la belle affaire !)
- Un seul se rebiffa, défendit chaudement l'auteur de l'Assommoir, expliquant que s'il avait un peu forcé la note, c'était dans l'intérêt de la classe ouvrière – (forcer la note)
- Son verre empli, peu lui importe d'en renverser plus qu'il n'en boit, d'en donner aux camarades, pourvu qu'il raconte des tours à sa façon, arrivant ainsi à se griser autant avec ses paroles qu'avec ce qu'il consomme. – (griser)
- Des groupes de cinq, de six ouvriers passent très bien la soirée avec seulement – pour toute la « coterie » – deux kilos (litres). – (kilo, coterie)
- Point de sirops : trop doux ! Un petit verre d'alcool – la goutte – avec le café. Comme apéritifs, le dimanche matin, deux ou trois verres de vin blanc, du vermouth, mais, plus que tout, de l'absinthe. – (goutte)
- Charpentier de son état, il passait pour un maître ouvrier, dur à la besogne, très sérieux au chantier, recherché des patrons. Des semaines entières, il vivait sobrement. Puis, soudain, sans raison, il tirait des bordées. Quand je le chapitrais amicalement, pour toute réponse il disait : –J'ai besoin de m'asphyxier ! – (35730, bordée, 77401)
- Mais il était trahi par ses expressions préférées en ses jours d'alcoolisme. S'il demandait un pot-de-fleur ou du poussier (vin), une bleue ou une goutte de rosée (absinthe), j'étais fixé ; le malheureux avait avalé dans sa journée deux douzaines d'absinthe ! – (77402, 77403, bleue, 77404)
- Avec cela doux et robuste, à la fois conciliant et batailleur, très dévoué, mais dominé par la fée verte : je lui fis tant la morale que je ne le vis plus. Hélas ! Sainte-Anne l'attend. – (fée verte)
- C'est que les braves ménagères ont vite fait de courir tous les cabarets du quartier pour en ramener leurs maris ! De temps en temps elles excusent une escapade. Le dimanche, même, elles accompagnent « leur homme » chez le marchand de vin, parfois aussi en sa compagnie boivent-elles un peu plus que de coutume, mais il ne faut pas pousser la dépense trop loin : avec quoi ferait-on à manger pour les enfants ? – (homme)
- Quand l'une d'elles, ayant passé la mesure, titube, s'affale, roule au ruisseau, la foule s'amasse et ricane, hue, méprisante – (dépasser la mesure)
- À l'estaminet voisin, elles s'en vont chercher quelques sous de rhum, d'eau-de-vie, surtout du spiritueux suisse, ce que le peuple appelle du vulnéraire : « Cela fait passer le temps ! » – (34921)
- demandez si jamais il servit sur sa table quelqu'un des produits de son commerce. Il haussera les épaules ! Toucher à de pareilles saletés ? Pouah ! Non, il a, lui, une excellente cave emplie des meilleurs crus – (pouah !)
- À moins de s'adresser directement aux viticulteurs, et cela n'est possible qu'aux grandes maisons, les débitants ne trouvent chez les négociants spécialistes que des gros vins de coupage, déjà très mouillés, heureux lorsque ces vins ne pèchent que par l'excès d'eau, lorsque la campêche, la fuchsine, une composition chimique quelconque, ne supplée pas au vin totalement absent ! – (coupage, mouillé)
- Depuis le 26 août 1894, une loi votée auparavant par les Chambres, interdit aux débitants de vendre des vins mouillés, sous peine d'amende, de prison, de la perte des droits civiques et politiques. – (mouillé)
- Enfin, les 50 litres qu'on a eu le soin de retirer de la pièce en la mettant en perce fournissent 65 bouteilles de vin cacheté, vendues 1 franc pièce, ou 130 petite filles – demi-bouteilles – à 60 centimes chaque. Résultat : un bénéfice approximatif de 100% ! – (cacheté, petite fille)
- Je m'en tiens, bien entendu, au commerce honnête, sans aborder le chapitre des opérations équivoques, mais essentiellement productives auxquelles se livrent des marchands de vin appartenant à des bandes noires qui alimentent la place de Paris de nombreuses pièces de vin obtenues – par quels procédés ? – à des prix inouïs de bon marché, provenant soit de la province, soit même de Bercy. – (bande noire)
- Causeur, autant que rieur, l'ouvrier parisien s'oublie des heures entières à babiller pour le seul plaisir de bavarder. Si peu qu'on l'écoute, il n'arrête pas de parler, jamais fatigué, jamais à court de mots, employant une langue bien à lui, verte, gauloise, faite de ses jurons familiers, de l'argot du faubourg, le tout coloré des très expressifs termes techniques de son métier, approprié aux choses en question. – (33143)
- Comme disent les serruriers pour qualifier un de leurs camarades à la langue bien pendue : l'ouvrier, en général, a un joli coup de lime ! – (avoir un joli coup de lime)
- Un confesseur social, c'est bien la caractéristique de ce « marchand de poison ». À lui on se confesse, à lui on demande conseil. Souvent, une discussion d'atelier se clôt par ces mots : « C'est mon bistro qui me l'a dit : il le sait bien, lui ! » – (marchand de poison)
- Sait-il tant de choses ? Surtout, il excelle à s'imposer aux ouvriers, entrant avec intérêt dans leur existence, inquiet de la santé de la « bourgeoise », des progrès du gosse, plein de bonnes grâces pour tous, mais tolérant, sachant fermer les yeux à propos, au besoin capable de faire la bête, oh ! dignement, avec des demi-sourires pour sauvegarder son prestige, car il ne faut pas qu'en sortant de son cabaret ses clients puissent dire de lui, comme ils le font de tout naïf accordant quelque créance à leurs histoires mensongères : –En v'là une truffe ! Il en bavait des ronds de chapeaux !… – (faire la bête, en v'là X, truffe, en baver des ronds de chapeaux)
- des heures, des journées entières, accoudés au comptoir, doués d'une volubilité inlassable, ils parlent de tout et sur tout, jusqu'au moment où ils abordent le chapitre des confidences intimes, alors coléreux ou pleurnicheurs. – (pleurnicheur)
- D'aucuns, ayant bu, se montrent d'une aimable fantaisie, verveux, railleurs, ingénieux à amuser la galerie. À la suite d'un pari engagé en état d'ébriété, cinq de ces plaisantins se firent couper les cheveux de façons aussi diverses que bizarres : celui-ci en forme de croissant, cet autre en forme de coeur, le troisième en as de carreau, le quatrième en pleine lune, et le dernier, homme de 50 ans et père de famille, apparut entièrement rasé et tonsuré comme un prêtre – (amuser la galerie)
- Mais cette bêtise ne dénote-t-elle point que l'ouvrier, à le bien prendre, quand il est sorti de l'atelier, et débarrassé des soucis matériels, n'est qu'un grand enfant qui de ne demande qu'à rire ?… – (60155)
- De 15 à 30 ans, l'ouvrier recherche les pugilats, histoire de s'entretenir les muscles ! C'est principalement quand il est secoué (gris) que l'envie de se battre le démange. – (secoué, histoire de)
- c'est le cocher qui est le plus fort, il tient son singulier client sur les genoux, il peut le frapper, l'abîmer, quand, s'arrêtant, il dit : –Tu vois je pourrais te faire mal, tu le mériterais, car tu t'es salement conduit. Mais je ne t'en veux pas, t'as bu un coup de trop ! Lève-toi et faisons la paix. – (53616, salement)
- Dépenser est plus tentant qu'économiser, et le nombre est minime des familles ouvrières qui réussissent à placer quelques sous à la Caisse d'épargne… ou ailleurs. La main toujours à la poche, « cassant » avec entrain ses pièces d'or ou d'argent, trop heureux d'oublier un moment les privations de sa pénible existence, l'ouvrier pense rarement au lendemain. – (casser un billet)
- L'ouvrier célibataire arrive facilement à joindre les deux bouts : sa chambre d'hôtel ne lui coûte que douze ou quinze francs par mois, vingt au plus ; sa nourriture, 2 fr. 50 par jour ; avec le reste, déduction faite des dimanches et des chômages imprévus, il pourvoit à son entretien et à ses plaisirs. – (joindre les deux bouts)
- Marié, l'existence [de l'ouvrier] est plus dure, mais la femme s'emploie de son côté, on « bousille » un peu, le mari travaille douze et treize heures par jour, et l'on s'arrange tout de même pour que les enfants ne manquent de rien. – (bousiller)
- l'ouvrier semble assez insouciant de l'avenir. Les bras sont solides, le coffre (la poitrine) est bon, bah ! il mourra avant de ne plus pouvoir travailler… – (coffre)
- il raille, il menace, il parle de révoltes prochaines, du « grand jour » à venir. – (71004)
- La majorité pense et raisonne ainsi. Le gros bon sens à fleur de peau la touche plus que les discours à base scientifique et égalitaire. L'éducation socialiste est lente à se faire. – (77408)
- Ils n'aiment pas les ratichons (curés), oh ! cela, non ; sur leur passage, ils goguenarderont, ils les gouailleront – (ratichon, gouailler)
- mais ils se marieront à l'église, ils feront baptiser leurs enfants, et le jour de leur première communion, ce sera grande fête au logis, car ce que femme veut, l'ouvrier le veut, et comme leurs femmes demeurent, en dépit de tout, catholiques ferventes, sinon pratiquantes, ils respectent leurs croyances – (ce que femme veut, Dieu le veut)
- –Nous voilà bien avancés, parce que le ratichon nous a envoyé de l'eau au milieu de la fiole avec son truc à poils ! – (77409)
- En permission, le faubourien est fier de se montrer en tenue militaire, ce qui ne l'empêche pas de s'écrier : « Ah ! le cochon de métier. » – (cochon de)
- Oui, ils [les ouvriers] détestent les « galonnés », ils se plaignent de la discipline, ils condamnent l'obéissance passive, ils soupirent après leur libération, mais, rentrés dans la vie civile, ils oublient corvées et punitions pour ne se souvenir que des histoires de chambrées, des manoeuvres, des marches de régiment – (galonné)
- On peut le constater aux carrefours, devant ces centaines de travailleurs qui s'arrêtent, bouche bée, autour de chanteurs ambulants dont ils apprennent les couplets à la mode dans les cafés-concerts, à qui l'apprenti, la jeune ouvrière, achète, sous forme de romance à la guimauve, pour deux sous de sentiment. – (guimauve)
- Le répertoire de l'ouvrier est un composé de gaudrioles, de chants patriotiques, de romances sentimentales : un véritable programme de café-concert, plus lesté de grivoiseries, plus chargé de tendresses. – (gaudriole)
- J'en connus un dans ce goût-là, d'ailleurs d'une voix charmante, qui s'était farci la mémoire de productions pornographiques. J'eus toutes les peines du monde à le convaincre qu'il eût à laisser une partie de son répertoire chez lui. – (farcir la cervelle)
- Comme il avait, avec ses prédilections pour la pornographie, assez d'esprit, il ne demanda plus la parole (oh ! cela est réglé : chacun chante à son tour) que pour dire les romances plus molles, les plus sucrées, avec un air de sainte-n'y-touche du plus amusant effet ; puis, quand il avait fini : –Vous êtes content de moi, hein, patron ? Elle était couverte (gazée) celle-là. La vertu de ces dames ne s'est pas offusquée ? – (sainte nitouche, 58776, 77410)
- Cette nuit-là, je laissai donc toute liberté à ma clientèle, au moins en ce qui concernait la politique ! Elle en profita : chants socialistes, chants anarchistes, tout le répertoire révolutionnaire y passa, à la joie de tous. – (tout y passe)
- Ce sont là à peu près les seuls plaisirs extérieurs, avec une promenade dominicale dans Paris ou dans la banlieue, histoire d'aller prendre une tasse d'air – (prendre une tasse d'air)
- Il n'est plus qu'un vestige, à Paris, de ces fêtes de métier ou d'atelier, c'est le Quand est-ce ? Quand « l'embauche » a clos le chômage, que les ateliers se remplissent, va-t-on se remettre au travail comme cela, tout de go, sans fêter les nouveaux ?… À d'autres ! Et, un peu partout, s'élève le même cri : « Quand est-ce ? » Du matin au soir, à chaque fois qu'apparaît un camarade nouvellement entré à l'atelier, l'un des anciens, d'une voix tour à tour aiguë ou traînante, l'accueille par l'inévitable question. Ou bien, sur son passage, on laisse tomber un outil spécial, différent dans chaque métier, et le bruit de cette chute, comme l'apostrophe de tout à l'heure, rappelle à l'embauché que les frères de l'atelier attendent qu'il leur paie sa bienvenue. […] Il faut qu'il s'exécute, et dans la huitaine ! sinon le loustic de la bande ne se gênerait pas pour le houspiller : « Eh ! camarade, tu ne fais pas ton quand est-ce ? t'es rien moche ! » – (quand-est-ce ?)
- Eh ! camarade, tu ne fais pas ton quand est-ce ? t'es rien moche ! – (moche)
- Autrefois, le « quand est-ce ? » réunissait autour de la même table tous les ouvriers d'un même atelier. Mais l'indifférence s'est glissée parmi les travailleurs, l'égoïsme a creusé de profondes divisions – l'argent s'est fait rare ! Dès lors, le « quand est-ce ? » est devenu plus modeste : maintenant, seuls sont invités dans l'atelier les camarades de la partie, soit une huitaine, une douzaine au plus. Il y a encore dix ans, c'était une fête d'importance ; il était tout au moins de tradition que l'embauché offrît une gibelotte. Les temps sont durs ! La fête ne consiste plus qu'à boire, à l'atelier ou à l'estaminet, une demi-douzaine de litres de vin, tout en chantant quelques refrais ; cérémonie qui se reproduit quand l'ouvrier quitte l'atelier : ce sont alors les camarades qui lui paient la « conduite ». Pauvre « quand est-ce ? » Joie des ateliers, profit des cabaretiers, chaque jour jette sur lui l'oubli : bientôt, il disparaîtra tout à fait, à moins que les compagnons du bâtiment n'en maintiennent la tradition, par respect pour la légende qui les dépeint si gais, si boute-en-train – (quand-est-ce ?, faire la conduite)
- l'argent se fait rare ! – (64089)
- Comment résiste-t-elle à la misère les longs mois de l'hiver ? On commence par manger les fruits de l'épargne… Puis, lorsque la femme travaille, cela va encore, on se serre le ventre, on boit de l'eau, on mange du pain sec, on obtient un peu de crédit à droite et à gauche, chez le boulanger, chez le bougnat (charbonnier). – (se serrer le ventre, bougnat)
- partout où il trouve de l'embauche, il se fait manoeuvre, il accepte toutes les besognes […]. Celui-ci, doué d'une belle plume, pour quelques sous fabrique des cartes de visite à la main ; cet autre, ancien clairon de régiment, s'engage dans un orchestre de foire. – (avoir une bonne plume)
- Trois frères, excellents ouvriers, se faisant des journées de 15 francs dans leur partie, ne craignirent pas, étant d'une force musculaire peu commune, de passer le caleçon des hercules, et, ainsi travestis, d'aller, durant le chômage, gagneur leur vie sur les places publiques. – (être de la partie)
- La grande majorité [des ouvriers] doit donc se croiser les bras, s'endetter et attendre. Or, comme l'attente est proportionnée au chômage, lequel dure annuellement cinq mois, ce sont cinq longs mois à rester les bras croisés, minés par le froid, tiraillés par la faim, maudissant la misère, maudissant les patrons, glissant à une haine mauvaise conseillère – (se croiser les bras, les bras croisés)
- On ne croit plus à la véracité des mendiants qui se disent ouvriers sans travail. Leur rencontre met de méchante humeur, on bougonne, on refuse le sou imploré : « Ouvrier sans travail !… Je la connais, celle-là !… Un paresseux, un vagabond… Et puis, s'il fallait donner à tous ceux qui demandent ! » – (la connaître)
- De temps en temps, au cabaret, des malheureux se présentaient, la mine hâve, le ventre creux, la poche vide : « Je n'ai pas mangé depuis quarante-huit heures, je cherche du travail, je ne trouve rien ! » Les pauvres diables avalaient tout ce qu'on leur donnait. – (avoir le ventre creux, pauvre diable)
- C'était en plein hiver. Ma femme venait d'accoucher pour la sixième fois ; les enfants maigrissaient ; nous n'avions plus rien, plus de secours à attendre, aucune espérance. Sans travail depuis deux mois, partout repoussé, ayant usé tout crédit, c'était la misère noire. – (misère noire)
- Tout ça, c'est des mots ! Y a que le travail de vrai : c'est plus sûr et plus propre. – (77412, il n'y a que ça de vrai)
- De quoi ? Se faire passer le goût du pain parce qu'on n'a plus une thune dans sa profonde ?… J'suis pas assez gourde ! – (faire passer le goût du pain, gourde)
- Plus souvent que j'irai me laisser tirer de chez moi les deux pieds en avant par la mistoufle ! Y a encore des boules de son chez le mitron et du pognon chez Rotschild ! – (les pieds en avant, mistoufle)
- éclate en fanfare le rire des enfants. C'est la gaieté des faubourgs. Les marmots poussent vite, la famille s'étend, en beaucoup de ménages l'on compte dix, douze enfants – (marmot, 41746)
- Le père, lui, est tout guilleret, tout fier de sa marmaille, aimant bien ses gosss, si content de parler d'eux ! de les montrer : –Patron ! je vous amènerai mon Jules. Vous verrez qu'il est bath, ce gaillard-là ; c'est qu'il court sur ses 7 ans, et avec ses réflexions, il m'en bouche un coin ! – (en boucher un coin)
- En ces quartiers misérables, les « faiseuses d'anges » se livrent à leurs opérations aussi souvent qu'ailleurs. – (faiseuse d'anges)
- ils continuent de se disputer devant eux à renfort de gros mots, ils continuent de se jeter au visage, toujours devant eux, les plus basses injures de la rue. – (68583)
- Les femmes du peuple, cela est indéniable, sont absolument dévouées à leurs maris. Pourvu qu'il ne soit pas un alcoolique endurci, un dévoyé brouillé avec le travail, le mari peut compter sur sa femme en toutes circonstances et sur toutes choses. – (être brouillé avec X)
- Quand il [le mari de la femme du peuple] aura fait quelque frasque, tiré une bordée avec des camarades, elle le houspillera violemment, l'insultera, le brutalisera sans mesure, sans retenue – s'en vantant chez les commères : « Ce sale traînard ! Je lui ai f…tu une danse ! Il ne recommencera plus. Quelles canailles, ces hommes ! » – (traînard, danse)
- S'il s'attarde au cabaret, elle va le chercher, fouillant tous les estaminets, jusqu'à ce qu'elle l'ait trouvé, lui faisant les gros yeux, le forçant de la suivre, le moralisant comme un enfant – (faire les gros yeux)
- Et surtout qu'on ne lui cherche pas querelle, elle présente, pour lui, elle fera le coup de poing, tapera sur l'adversaire à bras raccourcis, se moquant du qu'en dira-t-on autant que des passants arrêtés à ricaner – (faire le coup de poing, à bras raccourcis, qu'en-dira-t'on)
- tout en aimant son mari, elle ne cherche pas à lui plaire. Le mariage consommé, les enfants venus au monde, plus de coquetterie ! Dès sa vingt-cinquième année, la ménagère se laisse aller, complètement. – (68915)
- Que quelqu'une s'attife gentiment, qu'elle se coiffe avec recherche, soignant sa mise, poudrezisant son visage […] et les mauvaises langues aussitôt de lui prêter des amants. – (s'attifer, mauvaise langue)
- Beaucoup [de faubouriennes] travaillent – non point toutes chez des couturières, chez des modistes, en boutique ou dans les grands magasins, comme on paraît le croire dans un certain monde où l'on ne parle de l'ouvrière parisienne que d'après les trottins – mais à l'usine, en fabrique, dans les ateliers – (trottin)
- Le coeur amolli par les promesses ensorceleuses de douceâtres romances, la jeune fille croit en l'existence du prince charmant, elle en rêve et l'attend – même lorsque, à côté d'elle, le prince charmant se révêle buveur, querelleur, batailleur, – et le premier qui s'offre à ses yeux sous des couleurs séduisantes la trouve prête à roucouler avec lui l'éternel duo d'amour. – (60496)
- il veut l'épouser – et elle le présente à ses parents. Dès lors, ceux-ci, tout en accueillant le jeune homme, surveillent étroitement leur fille, inquiets des veilles d'atelier trop prolongées, des promenades trop longues : pourquoi « faire des bêtises » puisqu'ils vont se marier ? – (bêtise)
- Tout aussi fréquentes sont les unions libres, volontaires. Le mariage, dit-on, entraîne à des dépenses élevées, il exige des démarches, c'est toute une affaire ! – (c'est toute une affaire)
- Le mariage, dit-on, entraîne à des dépenses élevées, il exige des démarches, c'est toute une affaire ! Et l'on se demande s'il est bien nécessaire de passer devant monsieur le maire ?… Aujourd'hui, beaucoup de jeunes gens ne le pensent pas. – (57978)
- Mais, esclave des passions naturelles, il réprouve les passions contre-nature, ennemi-né des moeurs équivoques dont les classes dirigeantes paraissent contaminées. Pour les individus qu'il sait être adonnés aux vices honteux, il a une aversion absolue. – (77413)
- À l'aller, le matin, les wagons restent silencieux. Les yeux sont lourds de sommeil, les visages renfrognés. Personne ne parle. Parfois, des soupirs, des plaintes sur l'éternel recommencement des choses : « Encore une journée à tirer !… » Le soir, au retour, tout a changé. C'est un grand remuement, une joie bruyante, toute une série de farces, des appels, des cris, des chants – (tirer)
- À l'aller, le matin, les wagons restent silencieux. Les yeux sont lourds de sommeil, les visages renfrognés. Personne ne parle. Parfois, des soupirs, des plaintes sur l'éternel recommencement des choses : « Encore une journée à tirer !… » Le soir, au retour, tout a changé […] le même sentiment de délivrance çà et là formulé à haute voix : « Encore une de tirée ! Quel sale métier ! » – (tiré, sale X)
- Aucun ouvrier ne reconnaît un métier supérieur au sien. Peut-être y a-t-il là un peu de vanité, mais ne faut-il pas aussi supposer que les travailleurs sont réellement attachés à leur corporation respective ? Ceux de l'atelier se considèrent comme placés au-dessus des camarades du bâtiment qui, à leur tour, se jalousent entre eux. Maçons et charpentiers, peintres et plombiers, c'est à qui prouvera que « sa partie » est la plus difficile et la plus utile. Cela rappelle à peu près la rivalité qui existe dans l'armée entre l'infanterie et la cavalerie. – (être de la partie)
- [suite à diminution de salaire imposée par patron] Parfois, des rages, des injures, un refus énergique : « Eh bien, faites mon compte. Je ne gâte pas le métier, moi ! » – (faire son compte à un employé, gâter le métier)
- Nous, le nombre ! nous demeurons sans force devant la poignée d'hommes dont nous dépendons. La bourgeoisie peut dormir tranquille. Plus nous allons, plus nous nous divisons, nous nous jalousons… – (pouvoir dormir tranquille)
- Pour l'ouvrier aussi, c'est le pognon qui passe avant tout ; il ne masse qu'autant qu'il en a besoin et n'a nul souci d'être agréable aux patrons. – (masser)
- Le patron c'est l'ennemi, c'est le singe, dont on ne parle pas sans crainte, puisque de lui dépend l'existence, mais qu'on n'aime pas, qu'on tourne en plaisanterie hors de l'atelier […]. « Mon singe ! », avec quel mépris ils prononcent ce mot, lorsque, vidant une négresse, ils se remémorent les exigences de l'un, la brutalité de l'autre ! La haine est profonde… – (singe, négresse)
- dans la conviction qui lui-même [le patron] déteste ses ouvriers et ne cherche à prélever sur eux que le plus de bénéfices possibles : à égoïsme, égoïsme et demi ! – (à X, X et demi)
- –Faut pas me la faire, les camarades ! Pour ce travail, y en a pas deux comme moi dans Paris : c'est le pétrousquin qui me l'a dit ! – (la faire, pas deux comme X, pétrousquin)
- Depuis tant d'années, je travaille dans la même maison – une des premières de Paris ! – et jamais un mot de reproche ! Avale-ça, l'aristo ! Ça te la coupe, hein ? – (77415, ça me la coupe)
- –Vous verra-t-on demain ? –Ah ! non, alors, mon gros père. –Oh, oh ! Que se passe-t-il de si extraordinaire ? – (gros père, oh, oh !)
- On s'en va en choeur manger une gibelotte et boire du picolo avec le pognon du singe : il marie sa gigolette. Mince de rigolade ! – (picolo, gigolette)
- Quelques patrons ont en effet conservé cette vieille habitude d'inviter leurs ouvriers à l'occasion du mariage de leurs enfants ou de tout autre événement heureux pour leur famille. Il y a bien à l'atelier quelques « mauvaises têtes » – comme disent les contre-maîtres –, qui ne désarment pas, se moquent de cette invitation, s'efforcent d'empêcher les camarades de l'accepter. – (mauvaise tête)
- Aucune sympathie – on le sait de reste – pour le contre-coup. Ce sac-à-mistoufles ne leur dit rien qui vaille : il est considéré comme le chien de l'atelier, un renégat dont on se méfie instinctivement. – (contrecoup, sac-à-mistoufles, 54073)
- Travaillant aux côtés de son patron, au courant des commandes, l'employé connaît à peu de choses près les bénéfices de l'employeur – (54282)
- C'était une fin d'après-midi, en semaine. Tout à coup arrivent une dizaine de robustes gars, hommes de 30 à 40 ans, pères de famille, tous ardents au travail. –On ne travaille donc pas aujourd'hui ? –Si, patron ! Et avec plus de courage que les autres jours, car nous venons de déménager un petit industriel à la veille d'être saisi. –À la « cloche », je parie ? –Tout juste ! Oh ! ça n'a pas traîné. Nous étions trente. L'atelier a été vidé en deux heures. – (déménager à la cloche, tout juste, ne pas traîner, 74563)
- Tout à coup arrivent une dizaine de robustes gars, hommes de 30 à 40 ans, pères de famille, tous ardents au travail. –On ne travaille donc pas aujourd'hui ? –Si, patron ! Et avec plus de courage que les autres jours, car nous venons de déménager un petit industriel à la veille d'être saisi. […] –Je croyais que les pieds-plats ne prêtaient jamais leurs services aux boutiquiers et aux patrons ? –C'est vrai, mais celui-là est un « bon zig », qui a toujours été très juste et très bon avec les quinze ouvriers qu'il occupait. – (pied-plat)
- Entre les libertaires et ces pieds-plats, ou chevaliers de la Cloche, qui si allègrement viennent en aide au bon patron en déconfiture, n'y a-t-il point affinité de sentiments ? – (pied-plat, chevalier de la Cloche)
- Ce serait donc pousser la manie d'assimilation un peu loin que de vouloir démontrer parité d'intentions et d'opinions entre les anarchistes et les chevaliers de la Cloche, ainsi baptisés du nom de l'ordre auquel ils appartiennent : l'ordre de la Cloche… de bois ! Chevaliers sans peur, sinon sans reproche aux yeux des propriétaires, ils n'ont qu'une religion : la haine du proprio ; un seul but : venir en aide aux locataires qui ne peuvent ou ne veulent payer leur terme, en les déménageant… à la cloche. Ne pas oublier leur signe distinctif : la terreur des concierges. C'est depuis une dizaine d'années que les chevaliers de la Cloche font une concurrence sérieuse aux déménageurs patentés. – (chevalier de la Cloche, proprio)
- On se souvient de la fameuse ligue des antipropriétaires. Elle avait son siège social – pas moins ! – dans le centre de Paris. – (77420)
- La première fois que la presse parla de la ligue des antipropriétaires, les Parisiens, amusés, prirent la chose en plaisantant. Les propriétaires s'en réjouirent moins. Des plaintes furent bientôt formulées, les tribunaux s'en mêlèrent, la police traqua les pieds-plats, et l'ordre de la cloche de bois dut se dissoudre. Dissolution simplement apparente. – (pied-plat)
- Actuellement, ils sont dispersés dans Paris, divisés par groupes de quartier, groupes autonomes et indépendants, agissant indifféremment ici ou là, au petit bonheur des nécessités de la profession. – (au petit bonheur)
- À la vérité, les pieds-plats ne sont pas des professionnels. Ouvriers ayant chacun son métier respectif, hommes robustes capables de porter les plus lourdes charges, ils travaillent tous à l'atelier, menuisiers, serruriers, charpentiers, etc. ; ils ne prennent la qualité de déménageurs que momentanément. – (pied-plat)
- Les propagandistes par le fait poursuivent la destruction de la propriété – (61682)
- Deux hommes gardent la porte de sortie, deux autres vont entretenir le concierge de la pluie et du beau temps, le reste grimpe vivement à l'appartement qu'il s'agit de vider. – (parler de la pluie et du beau temps)
- Et le concierge ? dira-t-on. Ou il ne s'aperçoit de rien, et le tour est joué. Ou il se méfie, il voit défiler la bande, et il veut appeler les agents. Mais la porte est gardée. Il est seul, et il ne peut que laisser faire. – (le tour est joué)
- L'un d'eux, voyant sa maison ainsi envahie, jetait les bras au ciel, suppliait, invoquait Dieu, enfonçait furieusement sa calotte sur la tête, ne sachant à quel parti se résoudre. – (lever les bras au ciel)
- Trois pures, patron, c'est moi qui régale !… – (pure)
- Je te dis que nous nous battions. Il recevait une de ces trempes, et salée ! quand un pékin nous sépara. – (trempe, salé, pékin)
- Alors, de quoi vous mêlez-vous ? que je lui fais. C'est pas vous qui me donnerez du pain ! –Pour sûr, il en crèverait plutôt. – (plutôt crever)
- Alors, je lui dis que j'avais le droit de lui f...tre des gnons puisqu'il m'avait fait perdre ma place – (gnon)
- « Combien que vous gagnez ? –35 sous. –Je vous en donne 40. Venez chez moi à 2 heures, je vous embauche ! » Tu penses s'il m'en bouche un coin ! – (en boucher un coin, tu penses !)
- Venez chez moi à 2 heures, je vous embauche ! […] À 2 heures, je m'amène, il m'embauche, et je travaille. – (s'amener)
- –T'es rien veinard, toi ! Moi, quand je me bats, c'est les flics qui s'amènent… et j'détale ! – (détaler)
- Depuis quelques années, le ménage est heureux. Peu de chômage, plus de maladie, seulement encore quelques dettes arriérées à payer. Si la chance continue, s'il n'arrive aucun avaro, on pourra mettre quelques sous de côté pour la vieillesse – ce rêve de tant d'ouvriers ! Rêve trop souvent abandonné, par la force des choses, car, dans la vie des ouvriers, survient toujours, immanquablement, ce qu'ils appellent un avaro. – (avaro, 53167)
- la moyenne [salariale] se trouve fixée à 6 fr. 15. Chiffre respectable, dit-on. Soit ! Mais ce chiffre présente un inconvénient : il ne s'applique qu'aux ouvriers ayant un métier en main ! Or il y a à Paris des milliers et des milliers d'ouvriers n'appartenant à aucun état précis, soit qu'ils ne firent point d'apprentissage, soit qu'un accident, qu'une maladie, les éloigna pour toujours du métier auquel ils s'étaient préparés – (avoir un métier en main)
- Mais ces ouvriers n'en sont pas moins des hommes, des travailleurs au même titre que les travailleurs catalogués et estampillés, et cela doit manger, dormir, se vêtir, exister – (catalogué)
- ils ont la certitude, garantie par des lois, de ne sortir de l'armée ou de l'enseignement qu'avec une retraite assurant leurs vieux jours. – (75711)
- –Eh bien ! vous les avez vus, leurs syndicats ? Ils menaçaient de faire sauter tout Paris. Tas de gueulards ! Toujours des mots, puis, quand il faut agir, plus personne ! – (gueulard, 77412, il n'y a plus personne)
- « Camarades ! unissons-nous comme des frères, nous sommes le nombre. Dupuy l'Auverpin aura peur de nous, résistons, nous garderons notre Bourse du travail ! » – (auverpin)
- Ah ! oui, elle est chouette, leur résistance. Les cochons ! Au premier pantalon rouge, ils ont cané… M… ! j'en veux plus de leurs syndicats de malheur ! – (caner, pantalon rouge, X de malheur)
- –Que vouliez-vous qu'ils fissent ? Ils avaient la force contre eux. La résistance devanait… –La force ?… La force ?… Eh ben ? et ça ? Et tendant ses deux bras musculeux : –Ça compte pas, ça ?… C'est pas de la m..., nom de Dieu ! – (de la merde)
- Y en a des hommes comme ça dans Paris, qui auraient pris les fusils, les outils, les pioches, tout, quoi ! pour lui foutre une rossée, au gouvernement de Dupuy et à ses bouffe-galette de députés ! – (rossée, bouffe-galette)
- Ah, malheur ! on a passé le temps à jaboter et à brailler, et maintenant, tu peux te rentrer, mon vieux ! alle est pas encore là, la Révolution… Nom de Dieu de nom de Dieu, c'est foutant ! – (alle, jaboter, foutant)
- Une grève éclate dans une commune. Trente ouvriers refusent d'y participer. On affiche leurs noms, on les cloue au pilori dans un journal local, on défend aux marchands de vin de leur servir à boire sous peine de mise à l'index, on interdit aux coiffeurs de leur couper la barbe et les cheveux, on les met au ban de la commune – (47891)
- Une grève éclate dans une commune. Trente ouvriers refusent d'y participer. On affiche leurs noms, on les cloue au pilori dans un journal local […] et ces trente ouvriers, montrés du doigt, honnis, frappés, chassés, vivent comme des parias. – (61018)
- considèrent-ils que le bulletin de vote, vu à travers les faits, sans l'enthousiasme grossissant des rhétoriques tribunitiennes, n'est rien d'autre qu'un chiffon de papier, qui jamais ne changea rien à la vie courante – (41515)
- Le bonheur de l'ouvrier ?… C'est des boniments d'atelier ! L'ouvrier de 1830 ? L'ouvrier de 1848 ? Et tu crois, toi, à ces balivernes ? Tu te goures, mon vieux ! Plus souvent que j'irais me faire casser la gueule pour des pékins !… – (boniment, pékin)
- le vrai faubourien ne fuit jamais l'odeur de la poudre. Quant à la politique pure, il en est revenu. – (37277)
- On a dit que les marchands de vin constituent les meilleurs agents de propagande électorale. Et il est certain, s'ils veulent s'en mêler, que leur continuelle fréquentation des électeurs leur confère une certaine influence sur eux. Mais les comités en ont davantage. Ils sont les maîtres tout-puissants ; sous leur bannière s'enrégimentent les forces électorales du quartier. Aucun comitard n'oserait enfreindre le mot d'ordre donné par les commissions exécutives ; ce mot d'ordre est absolument respecté. – (comitard)
- Un jour d'élection au conseil municipal, après le résultat : –Élu, Untel, candidat socialiste révolutionnaire. –Ah ! le malin, en voilà un qui a fait son affaire ! –Pour sûr ! il ne gagnait que quatre francs par jour ; maintenant, il a cinq cents francs par mois. C'est de la chance, tout de même ! – (32965, tout de même)
- Qu'est-ce qu'il a de plus que nous ?… est-ce qu'il sait quelque chose ? Moi aussi, je pourrais bien être conseiller municipal. –J'te crois ! Pas besoin d'être savant pour toucher des pots-de-vin ! – (je te crois)
- Je me souviens surtout de la façon cruelle dont fut accueillie la candidature à la Chambre d'un ancien membre de la Commune, ancien député, qui sollicitait de nouveau les suffrages des électeurs : –Toujours les mêmes, alors ! Il ne se trouve pas assez riche, ce bouffe-galette ! – (bouffe-galette)
- Et aussi l'infatuation de quelques-uns, les prétentions de braves gens tournés à l'esprit fort depuis certaines lectures, certaines fréquentations. – (68512)
- Tel ouvrier pour avoir mal compris, mal digéré un livre acheté à l'étalage d'un bouquiniste […] se met à disserter de tout et sur tout – (77421)
- il est intéressant d'écouter l'ouvrier intelligent, qui cherche à s'expliquer le pourquoi des choses, pourquoi il désire telles réformes, tels changements – (le pourquoi de la chose)
- –Eh bien ! entre eux tous, vous m'entendez ? interrompit un citoyen jusque-là resté silencieux, entre tous, pas un n'oserait garder la tribune si je m'y présentais. –Faut le faire, alors ! –Avec ça que je me suis gêné ! Il y a deux ans, à un meeting, j'ai dit mes idées au citoyen Millerand : il m'a répondu que j'étais trop fort pour lui ! – (ne pas se gêner)
- Henri Rochefort est en cause. Des ouvriers attaquent le proscrit, d'autres le défendent : y an a-t-il comme lui pour dire ses vérités au gouvernement ? Il ne mâche pas ses mots, celui-là ! il en dit de bien bonnes, mais où prend-il tout ce qu'il écrit, ce diable d'homme ? – (dire ses vérités à qqun, ne pas mâcher ses mots, diable de)
- Rochefort, vous le lisez, hein ? eh bien, ce n'est rien à côté de moi. Si je voulais, tous les matins, les Parisiens seraient terrifiés. – (77422)
- avec un à-propos, une sûreté de jugement, que leur eût enviés plus d'un critique, les comparant l'un à l'autre, faisant exactement ressortir leurs qualités et leurs défauts, et cela sans pose, modestement, aussi facilement qu'ils eussent accompli leur besogne coutumière. – (pose)
- un savoir peut-être mal digéré, encore incompréhensible pour beaucoup qui n'auront pu apprendre que machinalement – (77421)
- leur fonction en impose encore, par contre leurs personnes ne jouissent point de la même faveur. C'est qu'aussi quelques-uns ont donné trop beau jeu à la déconsidération publique. – (64692)
- Quelque détaché qu'il soit de la politique, l'ouvrier reste très friand des réunions publiques : il aime les beaux parleurs. – (beau parleur)
- La plupart […], de braves gens, venus les mains dans les poches, après avoir tranquillement avalé leur soupe, en spectateurs qui se promettent de compter les coups et de s'amuser. – (les mains dans les poches, compter les coups)
- Voyez au vote de l'ordre du jour. Combien lèvent la main ?… Cent sur mille ! Les neuf cents autres s'en sont allés dès la fin des discours en se félicitant d'avoir assisté à une pareille soirée d'engueulement. – (engueulement)
- Symptôme effrayant pour les démagogues, non moins que pour les idoles du peuple ! La tribune aux harangues vacille, compromise par le boulangisme, qui a perfectionné, et c'est le plus durable souvenir de son passage, l'art d'organiser le chahut dans les réunions publiques, sapées par les « compagnons », qui enseignèrent au peuple à marteler les coups de gueule avec les coups de poing. – (chahut)
- Les nouvelles générations ne connaissent la salle Favié que comme lieu de réunion publique ; mais, dès longtemps, elle avait acquis une notoriété d'un autre genre près des Parisiens curieux qui s'amusent, très courue pour ses bals populaires, bals pittoresques, vivants, où brillèrent chicards et débardeurs, filles du peuple et danseuses célèbres, telle Mogador, où triompha, suivi de sa bande échevelée, lord Seymour, dit « Milord l'Arsouille ». Ce fut en 1830 que le « père Favié » fonda le bal qui porte son nom. – (chicard, 12237)
- À cette époque, Belleville était encore un village des plus riants, agrémenté de maisons de campagne perdues en un fouillis de verdure, de jardinets, plein de bosquets attrayants qu'ornaient les liserons et les soldanelles, de bruyantes guinguettes, envahies le samedi soir et le dimanche par la foule des Parisiens qui venait rire, danser en ce petit paradis tout de joie et de plaisance. – (guinguette)
- Débardeurs et contrebandiers, ouvriers et jeunes gens, commis et grisettes de la ville s'y coudoyaient fraternellement autour des saladiers de vin [au bal Dénoyez]. – (12237)
- Pareillement au salon Dénoyez, le bal Favié était, au mercredi des Cendres, le quartier général des déguisés, des fêtards : ils s'y réunissaient pour former le cortège de la Courtille. – (fêtard)
- Ce spectacle a été mis à la scène dans une pièce jouée vers 1835, Les Deux Faubouriens, dont le clou, qui décida le succès, était la vue de la salle Favié, avec l'acteur Taillade haranguant la foule à côté de son camarade Lacressonnière. – (clou)
- Le bal était bien tenu. À part les disputes inévitables en cas de réunions, point de bagarres sanglantes, pas de tumulte dangereux. Aussi bien, si quelque danseur troublait la fête, le père Favié, qui connaissait et tutoyait tout le monde, prenait l'intrus par l'épaule, le sortait lui-même, aidé souvent par la mère Favié, une brave et forte femme, qui intervenait dans la bagarre sans craindre de faire le coup de poing. – (faire le coup de poing)
- Favié refusa absolument de prêter sa salle aux orateurs de l'opposition : « Je me f..., disait-il, de la politique. L'Empire m'a enrichi. Allez débiter vos sornettes ailleurs. » – (65673)
- Mais Gill, et on peut le regretter, ne connut pas les habitués de la salle Favié aux jours de réunions publiques. On y voyait alors le ban et l'arrière-ban des partis avancés. – (le ban et l'arrière ban)
- Les réunions publiques succédaient aux réunions publiques, les meetings aux meetings, alternant soit avec un match de billard, soit avec des concerts au bénéfice d'artistes dramatiques, et tout le personnel révolutionnaire défilait sans laisser de souvenir bien curieux. – (63922)
- cette classe bâtarde [les petits bourgeois] n'est point partie intégrante de la bourgeoisie. Et, pourtant, ses allures déjà importantes, ses désirs d'ascension, les rêves de fortune, les ambitions de place de la plupart des siens, enfin cette commune démangeaison d'arriver qui, en bas comme en haut, entraîne le vulgaire à tant de sottises et d'erreurs, tout concourt, par le devenir, à lui créer un état d'âme bourgeois qui le rapproche davantage du patronat que du prolétariat. – (démangeaison, arriver)
- Écoutez-le se plaindre plaindre de la cherté des vivres ou du ralentissement des affaires. Rarement, il ose en accuser l'égoïsme des ploutocrates, la rapacité des gouvernants. – (42267)
- Toujours il s'en prend aux ouvriers, il blâme leurs exigences, il souhaite un maître pour mâter leur esprit de révolte, et ce fils de travailleur se désole aux revendications des travailleurs, soupirant : « Il n'y a plus d'ouvriers ! » – (il n'y a plus de X)
- le petit bourgeois en tout vise cette chose unique : s'élever au-dessus de sa condition présente, par conséquent au-dessus de ses égaux, et cela l'amène à mettre en pratique la théorie du « chacun pour soi. » – (chacun pour soi et Dieu pour tous)
- Poliment, ceux-ci [les 3 ouvriers] allaient s'effacer, lorsque, les lèvres pincées, la joue écarlate, les deux jeunes femmes firent un grand détour, avec l'intention manifeste d'éviter un pareil contact. –Ben quoi ? fit l'un, tout interloqué de ce mouvement imprévu. –Tu ne vois pas que c'est des duchesses ? –Duchesses ? Duchesses ?… Duchesses de mon c... ! Et le mot, lancé à pleine voix, alla cingler les deux petites bourgeoises… plus écarlates que jamais. – (de mon cul, ben quoi !, 77424)
- un rapport documenté sur l'organisation de ce parti [parti anarchiste] dans l'une des régions les plus travaillées par les compagnons – (compagnon)
- Ayant reçu la visite réitérée de quelques estampeurs anarchistes, la place Beauvau était en effet persuadée que l'Anarchie comprenait uniquement des agents provocateurs et des chevaliers d'industrie faisant les yeux doux à la caisse des fonds secrets. – (estampeur, faire les yeux doux)
- sera-t-il défendu au passant, curieux de tâter le pouls à l'opinion publique en dehors d'une presse intentionnellement optimiste ou pessimiste […] – (prendre le pouls)
- Dix ans ne s'étaient pas écoulés qu'au rire succédait l'attention : le 11 août 1893, dans un meeting tenu à la salle Favié par le Comité de la grève générale, les orateurs les plus écoutés, les plus applaudis, se trouvaient être des compagnons ! – (compagnon)
- et l'affaire Wilson, et les scandales financiers, et les tripotage d'une Chambre à tort ou à raison tout entière compromise dans l'opinion publique par les révélations du Panama – (tripotage)
- un publiciste […] d'un air détaché annonçait, en un groupe de politiciens incrédules, l'explosion prochaine du Palais-Bourbon. Après le 9 décembre [attentat], un de ces politiciens le rencontrant : –Ah ! ça, vous saviez donc quelque chose, vous ! pour être si bien informé ? –Mais non ! C'était dans l'air !… Allez dans les faubourgs, écoutez ce qui s'y dit, et à l'avenir vous serez moins surpris. – (être dans l'air, ah ça !)
- De fait, lorsque, 7 heures sonnant, au soir de cette journée historique, quelqu'un entrant dans l'estaminet, s'écria, en riant : « En v'là une nouvelle, l'aquarium a sauté ! » personne ne parut étonné. On s'y attendait ! – (aquarium)
- Il y avait là de nombreux ouvriers – c'était un samedi de paye – sortant de l'atelier, venus prendre une verte en passant – (verte)
- –Ils ne devaient pas être à la noce, les vingt-cinq francs ! –Pour ce qu'ils font, autant les supprimer ! –Pour sûr ! –Ça va leur mettre le feu quelque part, peut-être bien qu'ils vont s'occuper de nous ? – (vingt-cinq francs, quelque part)
- –50 victimes ! En v'là de l'ouvrage mal faite. Sacré maladroit, va ! – (de la belle ouvrage, sacré X)
- –Y a pas, c'est des rudes hommes, ça, les anarchos ! –N'empêche qu'y se font toujours pincer ! –T'as raison, y sont pas forts. – (y a pas, anarcho, n'empêche que, pas fort)
- –N'empêche qu'y se font toujours pincer ! […] –En ferais-tu autant, toi ? et puis, c'est pas sûr qu'on le pince, celui-là, s'il s'est ensauvé… – (s'ensauver)
- Seul, un saoulot voulut y ramener les conversations : « Qu'est-ce que vous en dites, les enfants ? ils sont touchés, nos députés. –F...s-nous la paix, avec tes députés. Qu'est-ce que ça nous f...t ? » – (69851, foutre la paix, se foutre de)
- C'était en plein chômage hivernal. Pour tous les travailleurs, qui en souffraient mêmement, incertains du lendemain, inquiets du crédit qui fuyait, du travail qui ne venait pas […] – (59896)
- Vaillant, après tout, sortait de leurs rangs. Anarchiste ?… Et après ? est-ce que cela importait, les mots ?… – (et après ?)
- Quand on n'a pas de pain pour les gosses, bien sûr qu'il y a des moments où l'on voit rouge ! – (voir rouge)
- Pour le mal qu'elle avait fait, cette bombe ! ne tuant personne, causant d'uniques dégâts matériels puisque tous les blessés guérissaient, on n'allait pas lui couper le cou, nom de Dieu ! – (65281)
- Un jour, on n'eut que le temps de séparer deux consommateurs qui en venaient aux mains : « Bandits ?… Tu oses dire que les anarchistes sont des bandits ?… Vous entendez, camarades, ce faux frère qui insulte ceux qui se font tuer pour nous ? » – (faux frère)
- La grande question était de savoir quand et comment Vaillant serait vengé : de cela personne ne doutait, et plus d'un dit : « Je ne voudrais pas être dans la peau de Carnot ! » – (être dans la peau de)
- À cet intellectuel sorti de la bourgeoisie, à ce bachelier qui avait jeté ses diplômes aux orties, le peuple savait gré de venir rehausser, de tout le prestige de son esprit magnifiquement doué, une cause – (jeter X aux orties)
- Du fond de mon comptoir, ouvert sur les diverses manifestations de la vie ouvrière, le faubourg m'est apparu comme une vaste maison de verre, dans laquelle souffre et languit, lutte et aime, en plein air, au regard de tous, […] cette laborieuse et triste humanité – (maison de verre)
- Lors des affaires du Panama, le faubourg fut sondé : « En cas d'une entreprise contre le gouvernement, le peuple se soulèverait-il pour marcher contre le Palais-Bourbon ? –Pourquoi ? C'est canaille et compagnie ! que les politiciens se débrouillent entre eux : notre heure n'a pas sonné ! » – (c'est X et compagnie, 71092)
- Quand sonnera-t-elle [leur heure] ?… Point d'interrogation auquel ne peuvent répondre ceux-là mêmes qui entendirent des ouvriers évoquer « l'aurore sanglante du grand soir à venir ». – (73155)
- Momentanément résignée à son sort, assujettie par le travail, apoltronnie par le spectre de la Famine, matée par les nécessités matérielles, la classe ouvrière actuellement subit toutes les atteintes sans se révolter. – (maté)
- Et, comme la tache d'huile, l'aversion s'étend aux entours, s'élargit, détruit toute affection, monte aux sommets. – (faire tache d'huile)
- Bien sûr ! qu'il vaudrait mieux se colleter tout de suite, pour en finir une bonne fois ! Mais puisque on ne peut pas, faut bien attendre ! – (une bonne fois pour toutes)
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