CHAHUT, subst. masc.
B.− P. ext. Grand vacarme, tapage. Un chahut de tous les diables (Cendrars, L'Homme foudroyé, 1945, p. 23) ; tapage nocturne (...) chahut lunaire (R. Queneau, Zazie dans le métro, 1959, p. 229).
− P. anal. [En parlant d'obj.] Le chahut des cuivres (Huysmans, Les Soeurs Vatard, 1879, p. 233) ; un chahut d'armes heurtées (Malraux, La Condition humaine, 1933, p. 410).
Spéc. Manifestation bruyante contre une autorité, un supérieur et plus partic., tapage organisé dans les classes par les élèves pour réagir contre le manque d'intérêt de certains cours ou contre un professeur dépourvu de fermeté. Chahut scolaire ; organiser le chahut. Les Arts et Métiers sont célèbres pour leurs chahuts (J. de La Varende, Les Gentilshommes, 1948, p. 97) ; machinateur de chahuts et defarces (A. Arnoux, Pour solde de tout compte, 1958, p. 64) :
2. Joanny entendit son voisin qui murmurait : « Cet idiot ne nous laisse même pas travailler tranquillement. » « Monsieur Léniot, vous persistez à ne rien faire ? » demanda M. Lebrun agressif. − « Monsieur, je médite », répondit Joanny. Toute l'étude se mit à rire hautement. Entendre le pion bafoué par le meilleur élève les encourageait. Un chahut s'organisa. « Monsieur Zuniga, quand aurez-vous fini de parler à votre voisin ? criait le surveillant. − Voyons, Monsieur Montemayor ! − Yo ? Ié souis bien sage, moi, Mossieur. » Larbaud, Fermina Marquez, 1911, p. 70.
Prononc. et Orth. : [ʃay]. Passy 1914 transcrit [ʃahy] avec h aspiré onomatopéique. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1821 « danse échevelée » (Desgranges cité ds Sain. Lang. par., p. 299) ; 1837 « tapage » (Vidocq, Dict. argotique ds Sain. Sources t. 2, p. 122) [Je n'ai pas retrouvé cette attestation dans Sainéan, ni dans Vidcoq. (gb)] ; 1895 « manifestation contre une autorité » (G. Claris, Notre École polytechnique, p. 85). Déverbal de chahuter*. Fréq. abs. littér. : 78. Bbg. Mat. Louis-Philippe. 1951, p. 89, 182. − Matoré (G.). Chahut, terme de danse (1829-1845). In. : [Mél. Bruneau (Ch.)]. Paris, Genève, 1954, pp. 177-183. − Quem. Fichier. − Sain. Lang. par. 1920, p. 299. − Sain. Sources t. 3, 1972 [1930], p. 399. (tlfi:chahut)
- chahut n.m. non conv. RELAT. "querelle" - FEW (4, 502a ; rég.), ø d ; absent TLF. Compl.E (1859) et corr. GLLF ("tumulte", 1859, Esnault)
- 1859 - «UGENE. - Possible. Mais je n'ai jamais de chahut (1) avec Joséphine comme toi avec Milie. Quand je rentre un peu éméché (2), après minuit, elle me dit : 'La cruche est dans le coin ; éteins-toi.' Eh ben, c'est une épouse, ça, que je dis. [Notes] (1) Querelle. (2) Gris, allumé.» Monselet, Le Musée secret de Paris, 77 (M. Lévy) - P.E.
- chahut (faire du -) loc. verb. non conv. CARACT. - PR[72], ø d ; absent TLF.
- 1868 - «Pop. Grand bruit, grand vacarme : Nous allons faire du CHAHUT.» Lar. GDU
- 1898 - «Vous allez consoler Zaza... veinard ! quand je lui aurai dit tout ce que je sais sur son amant, elle fera du chahut, ce sera la grande scène du désespoir !» G. de Téramond, La Petite Zaza, I, vi - B.T. (bhvf:chahut)
- Bruit : cri du chat-huant. (AYN)