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verlan

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morphologie: code

Prolégomènes

Contrairement au « verlan », qui est encore utilisé par les voyous – mais par jeu plutôt qu'avec l'intention de voiler son discours, car le procédé est trop connu sinon le résultat facile à suivre – le « loucherbem » et les formes dérivées du « largonji » ne sont guère exploitées par eux, même à seule fin d'en rire : il n'en subsiste, dans leur langage, que quelques formes lexicalisées. Quant au javanais, s'ils n'ignorent pas l'existence de ce code, ils n'en font jamais usage. Cela ne signifie pas que l'argot des bandes soit absolument dépourvu de fonction cryptologique : mais les codes ne sont qu'une manière parmi d'autres de déguiser un mot en bricolant sa forme ; leur abus même en livre la clé 1968. Les barjots, p. 172
Dès que les garçons parlent aux fenêtres [de la prison], ils se croient tenus d'utiliser le verlan, et pour maquiller le sens de leur conversation, intervertissent les syllabes. Ce procédé semble d'autant plus loufoque qu'à la ratière tout le monde, même les gardiens, comprend le verlan sans effort. Dans ce jargon, les femmes deviennent les mefa, les affaires, les réféa, la ronde, la deron… gépi les gars ? Nonsi vous êtes chébou ! 1969. Les louchetracs, pp. 143-144

Le verlan est associé, à juste titre sans doute, aux cités populaires et au rap ; mais son usage excède ces domaines. Il est aussi fortement présent dans le milieu de la drogue :

Le remède est dans une petite feuille de papier pliée en huit, un petit paquet, mais les malades ne disent pas « un paquet », ils disent « un képa ». Les malades parlent toujours à l'envers. Belloc, Képas, 1989, p. 10

Si le procédé est ancien, et en usage avéré dans le milieu délinquant des années 50-70, c'est dans les années 80 qu'il acquiert sa notoriéré, relocalisé dans la population jeune de cités de plus en plus bruyantes (un pied dans l'argot des cités, un pied dans l'argot des jeunes).

En 1983, le verlan est au goût du jour. Les journalistes s'en amusent […] Ou s'en indignent […]. Cet ultime avatar d'un phénomène baptisé une fois pour toute « argot jeune » fait l'éphémère conquête des médias. Bachmann et Basier, Le verlan, 1984, p. 169
Un autre procédé, qui connaît même à notre époque ses lettres de noblesse, consiste à retourner l'ordre des syllabes : le verlan (verlan l'envers) est proche du « back-slang » que l'on trouve dans l'argot anglais et qui, lui consiste à intervertir des lettres (exemple « look ») devient « kool », pour regarder, voir). Le plus ancien exemple, en français, est « niberque » dans l'argot des chauffeurs d'Orgères (1800), anagramme de bernique, d'où est sorti par troncation, « nib » puis « nix » (rien, non). On trouve même la forme « nique » (même origine) dans la bouche de Vautrin, chez Balzac. Aujourd'hui, le verlan est pratiquement adaptable sur tous les mots, mais les jeunes rencontrés aux Salmoneries le refusent également comme « un langage pourrav (...) bon pour les parigots ou les bourges ou les gols de la gare ! » (je cite). Perigois, Le parler “loubard”, 1985

Dictionnaire de verlan

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