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largonji (et loucherbem)

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morphologie: code

Le loucherbèm étant une forme spéciale du largonji, les deux notions sont réunies dans une catégorie unique.

Sceaux était autrefois célèbre par son marché et par son bal. Son bal n'est plus qu'un souvenir immortalisé par Balzac, mais son marché dure encore. C'est à ce marché qu'on parle dans toute sa quintessence l'argot des bouchers, dont si peu de personnes soupçonnent l'existence. Cet argot a sa grammaire ; une vache s'appelle une lachevem, une femme une élelemfuch, un morceau de tranche un lorceaumic de lantechetrem, et ainsi de tout. Quand un boucher veut dire : Monsieur est ivre, il dit : Lousieumic est lousem. Cela ressemble à du haut allemand. À Sceaux on se croirait volontiers en Saxe. Romain Chapelain, Autour de Paris, 1853
On voit que [Larchey], même s'il ne donne pas non plus le mot à la lettre L, a été, dès 1858, le premier argotographe à s'intéresser, bien que de façon maladroite, à un procédé qui fera longtemps parler de lui jusqu'à nos jours dans les travaux consacrés à l'argot. Delaplace (Denis). Lorédan Larchey, une jolie collection de dictionnaires d'argot (1858-1889), 483
Delvau évoque le procédé sans le nommer à l'article javanais (où il liste, ensemble, différents types d'argot à code) :
Quant aux bouchers, étaliers ou patrons, leur javanais consiste à remplacer toutes les premières lettres consonnes d'un mot par un L et à reporter la première consonne à la fin du mot, auquel on coud une syllabe javanaise. Ainsi, pour dire Papier ils diront Lapiepem, ou Lapiepoc. Pour les mots qui commencent par une voyelle, on les fait précéder et suivre par un L, sans oublier de coudre à la fin une syllabe javanaise quelconque. Par exemple avis se dit Laviloc ou mieux Lavilour. Quelquefois aussi ils varient pour mieux dérouter les curieux ; ils disent nabadutac pour tabac ; quand ils ne disent pas, néfoin du tré pour tréfoin, en employant les syllabes explétives na et qui sont du pur javanais, com[me] av et va. Delvau 1866
Georges et de Fauconiac, rentrés dans leur appartement, se mirent à causer dans un jargon inventé par leur bande et assez semblable à l'argot des bouchers. Ils émaillaient les phrases de consonnances en i et en a pour qu'on crût qu'ils parlaient italien ; mais lorsqu'un prétendu garçon d'hôtel, émissaire de Fouché et Corse, eut entendu des bribes de conversation, il affirma que les deux étrangers parlaient espagnol ; plus tard un mouchard espagnol soutint qu'il ne comprenait pas un mot de ce qu'ils disaient. Pierre Ferragut, Le capitaine Caderousse, 1875
Le vocabulaire des bouchers est des plus complets, mais absolument terne, sans figures, sans le moindre relief. Ils placent à la fin de chaque mot les désinences em ou ave ou fuche ou pi ou muche, qu'ils font, en général, précéder de la première lettre du mot, lorsque ce mot commence par une consonne à laquelle ils substituent la lettre L. Exemple : louchébem, boucher. Rigaud1878

Bibliographie :

Argot des bouchers, louchébem

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