PIONCER, verbe intrans.
Arg. ou pop. Dormir ou dormir profondément. Il se heurte à un dormeur. Ah ! Ah ! Toute la troupe par terre ! Qui est là ? Holà, toi ! −Ils pioncent, ils gisent tout de leur long (Claudel, Tête d'Or, 1890, 2e part., p. 52). Pioncez. À sept heures moins le quart j'vous tire du pieu (Vialar, Morts viv., 1947, p. 146).
− Empl. pronom. réfl. Se mettre au lit. Synon. se coucher, se pieuter (arg. et pop.). Rapplique, c'est l'heure d'aller se pioncer (Le Breton, Hts murs, 1954, p. 84).
Prononc. : [pjɔ ̃se], (il) pionce [pjɔ ̃:s]. Étymol. et Hist. 1. 1827 « dormir » (N. Ragot de Granval, Cartouche ou le Vice puni d'apr. Sain. Sources Arg. t. 1, p. 335) ; id. (Un Monsieur comme il faut, Dict. d'arg. d'apr. Esn.) ; 2. 1836 « coucher » (Vidocq, Les Voleurs, t. 1, p. LIII). Orig. incertaine. D'apr. Bl.-W.1-5 et FEW t. 8, p. 165b et 171a, notes 7 et 8 (v. aussi Guiraud Orig. obsc.), altération d'apr. ronfler* (pioncer signifie « dormir très profondément », cf. 1847, Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes ds OEuvres, éd. M. Bouteron, t. 5, 1962, p. 1044), du verbe arg. piausser « coucher » (1628, O. Chéreau, Jargon ou Lang. de l'arg. réformé d'apr. Esn. [cf. le subst. verbal piausse « couche » 1562 Rasse de Neus, ibid.]), dér. de l'arg. piau « lit » (1628, O. Chéreau, op. cit. d'apr. Sain., op. cit., p. 197), piau étant une forme dial. de peau* proprement « couche faite de peaux ». Parallèlement à piau/piausser, on relève le groupe peau/peausser : 1596 le peaux huré « le lit » (Péchon de Ruby, Vie généreuse des Mercelots ds Variétés hist. et litt., t.8, p. 157) ; id. peausser « coucher » (Id., ibid., p. 151 [cf. le subst. verbal peausse « lit » 1566, Rasse de Neus d'apr. Esn.]). Fréq. abs. littér. : 29. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 296. (tlfi:pioncer)