TROUILLE, subst. fém.
Pop. Peur intense. Synon. frousse, pétoche. Avoir une trouille bleue, noire ; coller, flanquer la trouille (à qqn) ; ne pas avoir la trouille. Il ne s'agit pas (...) d'accepter la victoire de Franco, avec la trouille pendant vingt ans à la merci d'une dénonciation (Malraux, Espoir, 1937, p. 658). J'ai le trac, pour ne pas dire la trouille, du missionnaire qui débarque chez les cannibales (H. Bazin, Lève-toi, 1952, p. 95).
Prononc.: [tʀuj]. Étymol. et Hist. 1. Fin XVes. troilles « pétarade » (Nef des fols, ch. 52, A. Lefranc, R. É. R., I, 135 ds Hug.) ; 1889 trouille « colique » (Sain. Lang. par., p. 302) ; 2. 1886 ne pas avoir la trouille « ne pas avoir peur » (Courteline, Gaîtés esc., II, 2, p. 24). Prob. dér. du verbe a. et m. fr. troillier « broyer » (XIIIes. ds Gdf.), troiller (la vendange) « presser les raisins » (1256, ibid.), dér. de truil, troil « pressoir à raisins » (xiiie-xive s.) (v. treuil, treuiller) ; cf. également trouiller, répandu dans les dial. de Franche-Comté, du Jura, au sens de « lâcher des vents » (v. FEW t. 13, 2, p. 40-43) ; cf. aussi chez Huysmans ça le trouille « qui se dit de quelqu'un qui est tourmenté par le besoin de péter » (1887 ds Cressot, Phrase et vocab. Huysmans, Paris, 1938).
STAT. − Trouille1 et 2. Fréq. abs. littér. : 24. (tlfi:trouille)
- Le mot répond au champenois trouiller : péter d'où trouilloter : puer. (SAINXIX)
- Vient de truie, se souiller de peur, se salir comme la truie dans la fange (AYN)
- Trouille ou drouille signifie colique en argot, mais trouille en argot poilu est exclusivement employé dans le sens figuré de peur. (Déch1918)
- Orig. incert., p.-ê. de troiller, trouiller. (→ Trouille : tourteau de colza), avec infl. de drouille, dial. (Nord-Est) du néerl. drollen « chier » (GR)
- Argot parisien courant d'avant-guerre. (Dauzat1918voc)