MICHÉ, subst. masc. et adj.
I.− Arg., subst. masc. Client d'une fille publique. Il me semblait, parfois, que nous étions en maison et que nous attendions le miché (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 291) :
1. Le soir, au Petit Luxembourg, les vieilles pauvres catins qui traînent sur les bancs, cherchant l'ombre pour leurs rides mal fardées et de pauvres michés pas difficiles. Léautaud, Journal littér., 1, 1903, p. 75.
− P. ext. Homme qui entretient une femme. On le reverra, Jadin : c'est une excursion, pas plus. C'est une fille qui a son genre de vie, elle saura jamais garder un miché (Colette, Vagab., 1910, p. 22) :
2. Il y a longtemps que je la guettais, la Carlotta. Oh ! c'était une petite filature qu'on m'avait demandée. Un vieux client, avec qui j'ai eu à faire dans une histoire de drogues, il y a quelques années. Un homme de bourse. Il est en affaires avec le miché de la donzelle... Aragon, Beaux quart., 1936, p. 453.
II.− Pop., subst. masc et adj. Sot, dupe. Synon. pop. cocu. C'est parce que nous, au P.C.I., nous avons compris le marxisme que les Staliniens nous en veulent tant... − Vous autres, vous êtes doublement michés. Vous comprenez le jeu et vous ne le jouez pas (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 264). (tlfi:miché)
- miché n.m. arg. CARACT. "sot, dupe" - FEW (6/II, 78a), GLLF, 1739, d'ap. Esnault ; TLF, 1739-47, Caylus ; DFNC, 18e.
- 1732 - « TONTON Si vous parliez à quelque miché, je vous pardonnerais de parler ainsi ; mais à moi, c'est se moquer. » A.-C. de Caylus (?), Le Bordel, 53 (Pauvert et Terrain vague) - P.R.
- miché (faire un -) loc. verb. arg. ARG. PROSTIT. "client d'une fille" - DFNC, 1836 ; absent TLF. miché : FEW (6/II, 78a), E, Rs, GLLF, Lex.[75], TLF, 1764, Mérard de Saint-Just ; L, ø d.
- 1789 - « Moresquin, en se levant, voyant l'annonce d'un beau jour, me dit : - Habille-toi : c'est aujourd'hui la dernière promenade des Catins de Paris ; si tu ne l'es pas, tu le seras bientôt ; allons-y : Tu ne reviendras pas sans avoir fait un Miché. » Restif de la Bretonne, Ingénue Saxancour, 286 (10/18) - P.E.
- 1793 - « [...] ce jour là je fis un bon miché. » Hébert, Le Père Duchesne, n° 284, 5, in G. Walter, Hébert et le Père Duchesne, 385 (Janin) - P.E. (bhvf:miché)
- Ce terme était usuel au XVIIIe siècle dans le sens de dupe (Trévoux 1752) : miché est la prononciation vulgaire de Michel, nom traditionnel de la dupe, du niais. (SAINXIX)
- Terme déjà connu en 1764, cité par Mérard de Saint-Just. (VIR)
- Forme populaire de Michel avec amuissement ; on rencontre aussi les formes michaut et michon = sot. (LEVER)
- Il a de la miche (= pain doré = or). (AYN)
- Terme déjà connu en 1761 : Mérard de Saint-Just a dit : D'où vient qu'on appelle Miché / Quiconque va de nuit et se glisse en cachette / Chez des filles d'amour, Barbe, Rose ou Fanchette. (VIR-PARIMP)
- Forme pop. de Michel. (GR)
- Mot du vieil argot commun peu à peu abandonné. (Arnal)
- Étrangement, le propriétaire du bordel a pour nom Miché dans Maupassant, la Feuille de rose, Maison turque. (gb)
- Celui qui a du michon (de l'argent). (1968. Les barjots)
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