FROUSSE, subst. fém.
Pop. ou fam. Peur extrême, souvent inconsidérée, due à la faiblesse ou la lâcheté. Avoir la frousse (de qqc.) ; faire qqc. par frousse. Synon. crainte, frayeur, pétoche (pop.), trouille (pop.). Je sens qu'il a la frousse et qu'au fond, en disant qu'il aime la bataille, il a une terreur du oh ! d'une salle soulevée de dégoût (Goncourt, Journal,1888, p. 835). Pour nous l'âme, c'était la frousse. Dans chaque piaule, la peur de manquer, elle suintait des murs (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 181) :
Quand j'étais très jeune, il m'arrivait souvent de me lancer, la nuit, dans d'effroyables cauchemars, dont je sortais tremblant et baigné de larmes. Puis, je ne sais ce qui s'est passé dans mon organisme, ni quelles glandes endocrines s'étant soudain mises à fonctionner différemment, le sentiment de frousse me déserta. Gide, Ainsi soit-il, 1951, p. 1200.
SYNT. Être malade, plein, tremblant, vert de frousse ; une frousse épouvantable, extrême, formidable, incurable, terrible ; une sainte frousse.
Prononc. : [fʀus]. Étymol. et Hist. 1858 (Larchey, Rev. anecdot., p. 523 ds Fr. mod., p. 203 : Frousse : Peur). Dér. du rad. onomatopéique frou- (v. frou-frou), allongé par une sifflante qui traduit l'effroi suscité par un bruit soudain ; cf. prov. mod. frous « bruit strident » (Mistral). Fréq. abs. littér. : 75. Bbg. Chautard (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 644. (tlfi:frousse)
- Même sens dans les Vosges ; proprement onomatopée qui exprime un départ rapide (froust !), l'envolée subite d'un oiseau dans les branchages ; c'est proprement un terme de vénerie (froust en Champagne). (SAINXIX)
- Ne s'emploie qu'avec article. (RICH)
- frousse est virousse en normand. (AYN)
- Orig. incert. ; p. -ê. onomat. ou du provençal frous « bruit strident » ; selon Guiraud, à rapprocher du lat. fluxa « flux », dont des dérivés en -r- sont attestés. (GR)