B. − Familier
1. Travailler très durement pour assurer sa subsistance ; p. ext., faire des besognes pénibles. Synon. besogner, marner (pop.), peiner, turbiner (pop.). Le vieux Dominique songeait à la vie qui se faisait plus âpre chaque jour. On trimait toute sa chienne de vie pour amasser quatre sous et on n'y arrivait pas (Moselly, Terres lorr., 1907, p. 4). On va, on pousse sa charrue, on trime, les jours se défont et on n'a pensé à rien (Aymé, Jument, 1933, p. 194).
− [Dans une tournure factitive] Faire trimer qqn.
− Trimer à + inf.S'échiner à faire quelque chose. Moi, je trime toute la journée à porter du lait, à puiser de l'eau, à casser du bois (Labiche, Pied ds crime, 1866, III, 3, p. 417).
2. Étudier, travailler intellectuellement avec acharnement. Synon. bosser, bûcher. Il se plaignait avec amertume de ces écoles du gouvernement, où l'on trimait tant d'années, et qui n'assuraient pas même une position à tous ceux qu'elles jetaient sur le pavé (Zola, L'OEuvre, 1886, p. 170). J'avais trimé trois ans, seul, les yeux fixés sur mon but ; j'avais donné là tout l'effort d'intelligence, de volonté, d'application, dont j'étais capable (Martin du G., Souv. autobiogr., 1955, p. LVII).
Prononc. et Orth. : [tʀime], (il) trime [tʀim]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 2. ca 1730 « travailler durement » (Caylus, Le Bordel ou le jean-foutre puni, 55 ds Aufsätze zur Sprachwissenschaft, 2, 1980, p. 37). Prob. issu de trumer « courir » (fin du xives., Eustache Deschamps, OEuvres, éd. Queux de Saint-Hilaire, t. 5, p. 292), qui appartient à la famille de trumel « jambe » (v. trumeau) ; le verbe aurait donc signifié littéral. « jouer des jambes ». Fréq. abs. littér. : 63. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 295. − Quem. DDL t. 1. (tlfi:trimer)