BARBOTER, BARBOTTER, verbe.
B. Argot
1. Fouiller pour voler :
11. Enfin, nous y voilà! ... cria le duc [à Eugène] (...) Avoue donc que tu lui as barboté les poches [au prince] pour reprendre des papiers que voulait le mari... A. DAUDET, La Petite paroisse, 1895, p. 303.
2. P. ext. Voler :
12. On m'a bien ramené jusqu'au cantonnement sur une civière, mais non sans profiter de l'occasion pour me barboter mes deux sacs en toile cachou. CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 28.
Absol. On décroche la montre et on barbote dans les tiroirs (G. GRISON, Paris horrible et Paris original, 1882, p. 38).
PRONONC. ET ORTH. : []. Pour la graph. barbotter avec 2 t, supra ex. 1. ÉTYMOL. ET HIST. II. 2. arg. a) 1561 barbetter « fouiller » (Rasse des Noeuds dans ESN. : Je embye a barbetter les tires), attest. isolée; repris début XIXe s. barboter (F. VIDOCQ, Les Voleurs, p. 294) ; b) 1843 « dérober, voler » (Chanson dans ESN. : Tous deux en braves nous barbottions) ; 1865 (L. L., Goualante de la Courtile, Loos dans ROSSIGNOL, Dict. d'arg., 120 : On l'saigne [a pantre], on l'frotte ... On lui barbote tout ce qu'il a) ; Orig. incertaine, I dér. de barbe1* (cf. parler dans sa barbe), suff. -eter*, -oter* ; II variante de bourbouter « patauger » (ca 1220 G. DE COINCI, Mir. Vierge, éd. V. F. Koenig, t. 3, p. 190, v. 642 : Plongiez et emborbez sera, Toz jors com boz borboutera), peut-être dér. de bourbe* (suff. -oter*) soit p. infl. de barba pour la forme, soit plutôt par dissimilation (Schuchardt dans Z. rom. Philol., t. 34, p. 217), les formes du type borboter étant encore attestées dans les dial. (FEW t. 1, p. 443a) ; mais il est certain que très tôt les deux mots se sont mutuellement influencés pour le sens et la forme. L'hyp. proposée pour I par E. Herzog dans Z. rom. Philol., t. 33, p. 476 d'une racine onomatopéique (cf. lat. ballus) avec infl. de barbe1* p. étymol. pop. n'est pas invraisemblable. Beaucoup moins plausible est l'hyp. proposée par le même auteur pour II qui serait issu de bourbe* avec infl. de barbote*, poisson, lui-même dér. de barbe1*. À l'hyp. de P. Marchot dans Rom. Forsch., t. 10, p. 579 selon laquelle I et II seraient issus des deux sens corresp. de l'a. fr. barbeter, le sens de « bredouiller » étant issu de celui de « fouiller dans la boue », s'oppose le fait que bourbeter « bredouiller » n'est attesté que tardivement (XIVe s. Gloss. lat.-fr., Richel, 1. 4120, fo 122 vo dans GDF. : Balbucio, bourbeteir). STAT. Fréq. abs. littér. : 149. BBG. BRUANT 1901. DUCH. 1967, § 31. DUVAL 1959. ESN. 1966. FRANCE 1907. HERZOG (E.). Zur Wortgeschichte : frz. barbote, barboter. Z. rom. Philol. 1909, t. 33, pp. 475-477. LAMMENS 1890, p. 43. LEW. 1960, p. 336. LITTRÉ-ROBIN 1865. RIGAUD (A.). Poisses d'avril. Déf. Lang. fr. 1971, no 57, p. 20. SAIN. Lang. par. 1920, p. 192. WILL. 1831. (tlfi:barboter)