C. − Argot
1. Homosexuel de sexe masculin ; en partic., homosexuel passif. Synon. tantouse (infra dér.) arg., pop., tata1v(arg., pop.), tapette (arg., vulg.), homosexuel, pédéraste. Nous le trouvions toujours chez lui en compagnie d'un petit bonhomme à allures plus qu'efféminées qu'il appelait son neveu, mais qui était bien plutôt une espèce de « tante » dont il devait faire ses délices dans l'intimité (Léautaud, Amours, 1906, p. 263).
2. Individu lâche ; dénonciateur, mouchard. Bon Dieu ! quand on n'est pas un' tante On va d' l'avant (...) on cogn' dans l' tas (Bruant1901, p. 290). Il se mit à râler soudain: « Lâchez-moi, espèce de brute. Est-ce que vous êtes une tante, vous aussi ? » (Sartre, Nausée, 1938, p. 210).
− [Terme d'insulte et de mépris] Je vas t'essuyer, moi, si tu veux, avec une paire de claques... A-t-on jamais vu des tantes pareilles qui insultent l'ouvrier ! (Zola, Assommoir, 1877, p. 739). [On me tirait dessus] trois flingues au moins (...) Ils devaient pas me perdre de vue, les tantes (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 73).
Empl. exclam. Pendant l'audience (...) il insulta la cour (...) appela (...) un assesseur : grosse tante (A. Humbert, Mon bagne, 1880, f. 94). Salop, maquereau, tante ! Tu n'y couperas pas, cochon ! (Verlaine, Œuvres posth., t. 1, Hist. comme ça, 1896, p. 380). 3. 1834 « pédéraste » (Esnault, [Comment. (IGLF 1938) de l'ouvrage de Musette, Cagayous phil. (1906)] : Chardon, surnommé la tante, fut assassiné par Lacenaire en décembre 1834). (tlfi:tante)
- Le mot tante apparaît dans le vocabulaire des malfaiteurs et des détenus, vers 1830, au sens d'inverti passif. Balzac l'utilise à titre pittoresque, au sens de « troisième sexe », dans la Dernière incarnation de Vautrin (1847). Tante, comme marraine, en argot, a d'abord signifié femme en général. […] Vers 1880, toujours chez les malfaiteurs, tante a signifié également délateur (parce qu'on ne peut se fier aux femmes) et aussi policier (par mépris). (Brenner, note CAN)