BOBARD, subst. masc.
Très fam.
A. Propos, conte mensonger ou fantaisiste destiné à tromper un public généralement crédule. Lancer, raconter des bobards. Synon. boniment, racontar :
1. ... même des cuisines d'où viennent normalement les bobards et jacasseries, les hommes de soupe ne rapportaient que du mutisme... A. ARNOUX, Rhône, mon fleuve, 1944, p. 20.
B. [Gén. en temps de guerre ou de trouble pol.] Faux bruit, fausse nouvelle ou opinion erronée que l'on répand soit pour masquer la vérité et encourager à poursuivre une action, soit pour alarmer l'opinion et démoraliser les troupes au combat :
2. Quant à la politique intérieure, le gouvernement procède par des communiqués à la presse, soit officiels, soit officieux. La plupart du temps, nous n'en usons qu'avec circonspection et parcimonie, lesdits communiqués étant farcis de bobards et de mensonges, tendant à représenter les ministres du moment, même ignares et canailles, comme des merveilles de sagesse et de prévision. L. DAUDET, Bréviaire du journ., 1936, p. 24.
3. La vérité c'est que ta haine de l'U. R. S. S. te porte à la tête, dit Henri. Tu travestis les faits, tu colportes n'importe quels bobards. C'est une sale besogne. À travers l'U. R. S. S. c'est le socialisme en général que tu attaques. S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 253.
Bobard de cuisine (cf. ex. 1). ... j'avais pris cela pour bobard de cuisine, tuyau crevé (CENDRARS, La Main coupée, 1946, p. 255).
Rem. 1. Var. plais. bobard de popote (ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Verdun, 1938, p. 97). 2. La docum. d'ex. du XXe s. fait une large part à ce 2e sens, au détriment du 1er, très peu illustré, si ce n'est dans des textes le plus souvent argotiques.
Prononc. : [].
Étymol. ET HIST. Ca 1900 d'apr. DAUZAT, Notes étymol. et lex. dans Fr. mod., t. 8, pp. 13-14); 1912 pop. (cité dans ESN.).
Prob. dér. en -ard* du rad. onomatopéique bob- exprimant le mouvement des lèvres, d'où la moue, la bêtise; à rattacher à l'a.fr. boban « vanité » (XIIe s. dans T.-L.), bober « tromper » (XIIIe s., ibid.), bobert « présomptueux, sot » (XIIIe s., ibid.), m.fr. bobeau « mensonge », XVIe s. dans GDF., mots qui ont largement survécu dans les dial. (DAUZAT, loc. cit.).
STAT. Fréq. abs. littér. : 49.
BBG. DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 218. SAIN. Lang. par. 1920, p. 535. (tlfi:bobard)
Parisiens et parisianisés, 81e t., 15 ; bobant, forfanterie, Roman de la rose, vers 9429, est trop lointain de date et de sens. On expliquera mieux bobard par une suffixation sur boniment et mieux encore par bobèche, tête, pris en sens de coup de tête et d'imagination (cf. monter le bobard, Illusionner, où bobard est le syn. de bourrichon, tête). (Esnault1919)
- Nous y avons vu un archaïsme ; il est peut-être plus plausible de l'identifier avec le manceau bobard = nigaud, sot, et le sens de boniment, ou de tirade qui interloque, serait alors induit de la locution : monter le bobard, synonyme de celle de monter le job, mystifier, proprement tromper le niais, d'où la notion de menterie. (SAIN-TRANCH)
- Du rad. onomat. bob-, bien attesté en anc. et moy. franç. (bober « tromper », XIIIe ; boban « vanité », XIIe, etc.), et qui a dû subsister dans les dialectes. → Bobine. (GR)
- Prob. dér. en -ard du rad. onomatopéique bob- exprimant le mouvement des lèvres, d'où la moue, la bêtise ; à rattacher à l'a.fr. boban « vanité » (XIIe s. dans T.-L.), bober « tromper » (XIIIe s., ibid.), bobert « présomptueux, sot » (XIIIe s., ibid.), m.fr. bobeau « mensonge », XVIe s. dans GDF, mots qui ont largement survécu dans les dial. (d'après DAUZ). (TLFi)
- Argot courant. (Gauthiot1916)
- Remonte au vieux français. (REPPS1916)
- Gauthiot y voit un ancien parisianisme et pas une nouveauté comme le dit Sainéan. (Dauzat1918)
- Argot parisien courant d'avant-guerre. (Dauzat1918voc)