NIB, pron. indéf., adv. et subst. masc.
Arg. et pop.
I. Pron. indéf. Rien. Pour trente-cinq francs vous aurez droit à des pommes de terre (...), du céleri... (...) mais pour ce qui est des matières grasses, nib! (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 32).
Que nib. Synon. que dalle. Comme ça les Boches n'y pigeront que nib (CENDRARS, Main coupée, 1946, p. 273).
Locutions
Nib de nib. Absolument rien. Ève était barrée cueillir des pissenloches [pissenlits] [Adam :] Alors, (...) et les pissenloches ? [Ève :] Nib de nib (STOLLÉ, Douze récits hist., 1947, p. 6). (Un) bon à nib. (Un) bon à rien, incapable, paresseux. C'est des mi-sels (...) tous y jactent et sont bons à nib (DUSSORT, Preuves exist., 1927, dép. par G. Esnault, 1938, p. 30). Coup de nib. Non-lieu. La Volige a ramassé cinq berges. Et le Frisé ? Le Frisé, coup de nib ; qué veine ! (BRUANT 1901, p. 9).
II. Adv. de négation
A. [Formule de congé correspondant à rien à faire] :
LAGOUPILLE : Pas un radis de plus [que six francs]. C'est à prendre ou à laisser. BARBEMOLLE : Mettez-en vingt. LAGOUPILLE : Non ! BARBEMOLLE : quinze. LAGOUPILLE : Nib ! COURTELINE, Client sér., 1897, 2, p. 32.
[Sous la forme renforcée nib de nib] [La fille, essayant la chaussure :] Nib de nib (...) [Elle] avait des oignards [oignons] aux ripatons (STOLLÉ, Contes, Cendrillon, 1947, p. 2).
B. Nib de. Pas de. Le groupe constatait l'absence de tout: L'caoutchouc a fait l'mur, nib de bidoche (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 206). Nib de braise. Pas le sou. En attendant, nib de braise, et la mouise aux portes (TOULET, Corresp. avec un ami, 1920, p. 150).
III. Subst. masc.
A. Homme incapable, bon à rien. Ici [en Guyane] le Proc[ureur] c'est un nib à peine serait-il greffier en France ! (DUSSORT, Journal, 1929-34, dép. par G. Esnault, 1953, p. 280).
Prononc. : [nib]. Étymol. et Hist. 1. 1847 nib ! « rien », nib de braise « pas d'argent » (FÉVAL, Fils diable, t. 2, p. 3 et t. 1, p. 240) ; Apocope de l'arg. nibergue adv. « rien » (1800, LECLAIR, Histoire des bandits d'Orgères d'apr. ESN.) et particule négative « non » (niberg, 1821, ANSIAUME, Arg. Bagne Brest, fo 12 ro ; cf. aussi niberte, ca 1822, Le Jargon ou Lang. de l'arg. réformé pour l'instruction des bons grivois, Suppl., p. 9), peut-être du fourbesque niba, niberta (v. DAUZAT Ling. fr., p. 276 ; SAIN. Arg., p. 47 et Sources Arg. t. 2, p. 407), cf. aussi arg. ital. nisba ds DEI, formes caractérisées par le n- négatif. Le passage de 1 à 2 vraisemblablement par évolution inverse de celle de rien*. (tlfi:nib)
- Abrév. de nibergue (1800), pour niberque, déformation de bernique. (GR)
- Apocope de nibergue ; De nibé, venant de nibergue. (George, FM48)
- Vient de nibergue (même sens), anagramme de bernique. (Dech1918)
- Troncation de : nibergue. (1985. Le parler “loubard”)
- J'ignore s'il faut réunir /mibe/ et /nib/. DHAF ne le fait pas. (gb) AFaire