DÉBINER, verbe trans.
A.− Fam. [L'obj. désigne une pers.] Dénigrer quelqu'un ou quelque chose en le discréditant par des propos malveillants ou calomnieux. Les copains existaient pour grignoter votre temps, débiner votre peinture (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 261) :
1. Il fait des pièces de vers détachées superbes, mais ne trouve pas de sujet de drame : c'est là ce qui le désole et lui fait prendre le genre humain en haine. Il débine tout le monde. Flaubert, Correspondance, 1868, p. 354.
− Emploi pronom. réciproque. C'est étonnant comme, entre littérateurs, on peut s'aimer tout en se débinant ! (Renard, Journal, 1890, p. 69).
Prononc. : [debine], (je) débine [debin]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1790 intrans. « passer aux aveux, cesser de se défendre » (Le Rat du Châtelet, 18 ds Fr. mod. t. 14, p. 52) ; 1821 trans. « dire du mal de quelqu'un » (Fr. mod. t. 24, p. 308) ; 1867 débiner le truc « révéler un secret » (Delvau). Étymol. obscure, cf. m. fr. rebineur « qui se rétracte » (1571 La Porte ds Hug.), rangé par FEW t. 1, p. 371a, s.v. *binare, v. biner ; cf. aussi bêcher « dire du mal de quelqu'un ». (tlfi:débiner)
- Esnault, DHAF (et son article de 1946 dans le FM) classe débiner, rencontré dans Rat 1790 (Crois-tu que je sois si loffe que de débiner ?), non dans la section (trans.) dénoncer (Forban, 1829) mais dans la section (intrans.) perdre sa fermeté, flancher (aussi, il classe débiner, disputer à la section transitive : médire) :
- DÉBINER, Cesser de se défendre. – Ne vas pas débiner… crois-tu que je suis si loffe que de débiner [?] », Rat du Châtelet (1790), 18, – c.-à-d. intransitivement, comme chez D'Hautel, Se laisser aller, Avouer faute de toupet, - et non pas, transitivement, comme ci-après, Calomnier.
DÉBINER, Critiquer méchamment [1837]. « Débiner, disputer », Mésière, Suppl. au dict. argot., (vers 1821). (Esnault, Quelques dates (suite), Le Fr. mod., janv. 1946)
- Mais l'article débiner de D'Hautel donne un sens un peu différent ce qui est annoncé : « DÉBINER. Décroître, aller en décadence, perdre sa fortune, son emploi ses ressources, se laisser aller en guenilles. » Le débiner intransitif de Rat 1790 pourrait aussi être compris au sens de disputer, parler. (gb)
- Métaphore empruntée aux opérations vinicoles : débiner la vigne c'est la labourer une seconde fois pour en détruire les mauvaises herbes d'où l'idée de dépérissement, de ruine, physique ou morale. (SAINXIX)