GRISETTE, subst. fém.
P. méton., fam. Jeune fille ou jeune femme de médiocre condition, ouvrière ou employée de maison de couture, de modes, etc... Sous le titre de Grisette, nous nous permettons de comprendre indifféremment couturières, modistes, fleuristes ou lingères, enfin tous ces gentils minois en cheveux, chapeaux, bonnets, tabliers à poches, et situés en magasins (BALZAC, OEuvres div., t. 2, 1831, p. 277). Quand la grisette assise, une aiguille à la main, Soupire, et de côté regardant le chemin, Voudrait aller cueillir des fleurs au lieu de coudre (HUGO, Châtim., 1853, p. 347) :
1. ... quand elle en était encore réduite aux robes d'indienne imprimée, aux petits bonnets à pompons et aux souliers de peau de chèvre, elle portait à ravir ce pauvre et simple uniforme des grisettes. Ces jolies filles moitié abeilles, moitié cigales, qui travaillaient en chantant toute la semaine, ne demandaient à Dieu qu'un peu de soleil le dimanche, faisaient vulgairement l'amour avec le coeur, et se jetaient quelquefois par la fenêtre. MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 234.
En partic., péj. Jeune ouvrière coquette et se laissant facilement courtiser. Synon. lorette. Je n'avais pas entendu qu'il lui fallait une grisette. Me prends-tu pour un partisan des amours légères (FLAUB., Corresp., 1853, p. 304). Une petite figure de cocotte et de grisette en liberté de campagne et de dimanche (GONCOURT, Journal, 1868, p. 429). V. aussi guinguette, ex. :
2. Quelques coups de canif dans les mariages, et un assez grand nombre de grisettes; rien d'autre. Encore la grisette doit rester ouvrière; une femme obligée de prouver qu'elle a un métier ou une fortune. Un jeune homme qui veut avoir chez lui sa maîtresse doit l'inscrire comme sa servante. TAINE, Notes Paris, 1867, p. 303.
Étymol. et Hist. 1. c) 1664 « jeune fille de condition modeste et de moeurs faciles » (J. DE LA FONTAINE, Contes, I, 1, 326 ds Oeuvres, éd. A. Regnier, t. 4, p. 47) (tlfi:grisette)