B.− P. ext.
1. Bandit, malfaiteur qui, par le vol, l'agression ou l'assassinat, sévissait à Paris et dans les grandes villes ; individu peu recommandable. Dangereux, jeune apache, coupe-gorge d'apache, figure d'apache :
1. Ballmeyer fut le type même de l'escroc du grand monde ; (...) il n'était point d'« apache », comme on dit aujourd'hui, plus audacieux et plus terrible que lui. G. Leroux, Le Mystère de la chambre jaune, 1907, p. 137.
2. Il fallait s'y attendre : on transforme, vite et sûrement, ma boudeuse et fraîche apache [Jadin] en p'tite femme de café-concert ! Colette, La Vagabonde, 1910, p. 125.
3. Mais c'est lui ce petit apache ... Mais à la fin, nom de Dieu ! Vas-tu comprendre que c'est lui, ce petit infernal fripouille qui nous rend tous ici malades ! L'abjecte vipère ! Mais c'est lui qui veut notre peau ! Depuis toujours qu'il nous guette ! Il veut notre cimetière ! Il le veut ! ... Céline, Mort à crédit, 1936, p. 388.
4. On l'a convoqué de nouveau pour de la figuration. (...) Il s'agit cette fois d'être apache, avec la casquette et les rouflaquettes. Queneau, Loin de Rueil, 1944, p. 162.
I. Subst. 1902 adaptation de l'ethnique par des journalistes parisiens ds Le Matin et Le Journal pour désigner « la pègre des boulevards extérieurs » d'apr. Dauzat ds Fr. mod., t. 6, p. 24 qui explique : Victor Morris, chef des informations du Matin s'attribua la paternité du mot, que j'ai entendu revendiquer pour Arthur Dupin, chef des informations du Journal [...] ; 1902 « id. » attesté dans un texte angl. : Westm. Gaz., 22 oct. 8/I ds NED Suppl. : The leader of the band of roughs in Paris, known as the ,,Apaches`` ; 1905 (Villot, Les Plaies sociales. Comment on nous tue. Comment on nous vole, pp. 309-320 d'apr. Sain. Lang. par. 1920, p. 211 : les Apaches [cf. 1897 emploi du terme ethnique dans un tour et un cont. arg. : A. Bruant, Route, p. 114, ibid., p. 210 : Et des loucherbèmes en sauvages Qui vont guincher le soir en pince-cul Avec des gonzesses en Apaches]). II. − Adj. 1905, Rosny aîné, Les Rafales [sous-titre] Moeurs apaches, ibid. p. 211. Empr. à l'anglo-amér. Apache (Mack. t. 1, p. 254 ; Cor. ; FEW t. 20, p. 56) nom de la tribu indienne appartenant à la famille des Athapaska ; entrés en relation avec les blancs après la conquête du Texas et du Nouveau Mexique, les Apaches, réputés pour leur férocité, furent connus en France grâce aux romans de Gabriel Ferry, Coureur des bois, 1853 et de Gustave Aimard, Les Peaux-Rouges de Paris, 1888 (d'apr. Bl.-W.5). L'anglo-amér. Apache est attesté comme terme ethnique dep. 1745 (H. Moll's Atlas Minor Plate, 46 ds DAE) et viendrait d'un esp. mexicain d'orig. incertaine (DAE) ; cf. 1909, Times, 9 févr. 4/4 ds NED Suppl. : Those « apaches » with which Brussels is haunted. (tlfi:apache)
- De Apache, ces Indiens étant réputés féroces et rusés. (GR)
- Apache, malandrin, est une création journalistique qui remonte au début de 1902 : des reporters parisiens, voulant dramatiser des rixes assez banales entre souteneurs de Charonne, avaient imaginé une lutte homérique en règle, au sujet d'une Hélène de trottoir, Casque d'or, entre deux bandes rivales dont ils avaient surnommé l'une les Apaches. Le mot eut une fortune rapide. (Dauzat, cité par GR)
- Création de la presse populaire qui remonte au début de 1902 quand Victor Morris rend compte des rixes entre souteneurs de Charonne. (Armand2012)
- Voir aussi la page documentaire Apaches.