B.− P. anal.
1. Femme jolie, parée, élégante ; qqf. avec valeur dépréc., femme oisive, qui n'a d'autre souci que celui de sa toilette et qui est frivole, enfantine, immature. Poupée de luxe, du beau monde, de salon. Les poupées sentimentales et musquées qui, sous Louis XV, ne pouvaient voir une araignée sans s'évanouir (Stendhal, Racine et Shakspeare, t. 1, 1823, p. 41). Quelques-uns avaient une femme, une poupée, couverte de bijoux, de robes de prix, qu'ils montraient comme une enseigne, une garantie (Peisson, Parti Liverpool, 1932, p. 167) :
3. Une gracieuse poupée, agréable à conduire, qui vous fait honneur dans le monde, avenante, qui pique et réveille le goût par la perfection et les renouvellements de sa toilette, voilà ce que le fiancé va trouver, et, ma foi, je crois qu'il eût été embarrassé s'il eût trouvé quelque chose de plus. Taine, Notes Paris, 1867, p. 193.
− Empl. adj. Je ne suis pas aussi petite fille, aussi frivole, aussi poupée que vous l'imaginez (L. Daudet, Am. songe, 1920, p. 76).
2. Populaire
a) Fam. Jeune femme jolie, fraîche, mignonne. Synon. pépée, nana. Une belle, une chouette poupée. Un qui fut étonné, ce fut lui, Petit-Pouce, lorsqu'il eut aperçu Pierrot avec une poupée à côté de lui (Queneau, Pierrot, 1942, p. 27). Marco, avec au bras une poupée qui semblait assez gironde de loin (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 142) :
4. ... il se mit à raconter : Paris (...) l'Opéra (...) la Bastille (...) et la Place Pigalle (...) et les monuments (...) et les voitures, les autos, les théâtres, les cafés, les dancings, les poupées, et l'argent plein les poches. Vialar, Faux fuyants, 1953, p. 116.
− [Souvent avec valeur hypocor.] Faut pas t'en faire, poupée : il en viendra d'autres. Un de perdu, dix de retrouvés (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 133). Peter : À quoi ça sert tout ça, puisqu'on est bien ensemble ? (Il la serre encore plus fort contre lui.) Hein, ma poupée ! Temple : Ne m'appelle pas comme ça (Camus, Requiem, 1956, 2e part., 5e tabl., p. 885).
− En partic.
Péj. Vieille poupée. Personne âgée qui s'habille ou se maquille d'une façon ridicule pour son âge. La vieille poupée elle en râlait dans sa voilette ! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 487).
Loc., souvent péj. [Sert à désigner une femme, ou plus rarement, un homme qui met beaucoup de soin (ou trop de soin) dans sa parure] (C'est) une vraie poupée. (Dict. xixe et xxes.).
b) Populaire
− Maîtresse, concubine. Je m'en fus rue Saint-Honoré Pour y trouver ma poupée Je lui dis ma petite femme Au bal veux tu v'nir danser [Chanson d'un troupier] (Vidal, Delmart, Caserne, 1833, p. 344).
− Femme aguichante qui cherche l'aventure ; prostituée. [Il faut] camper toutes ces poupées là à la porte (Vidal, Delmart, Caserne, 1833, p. 167).
3. a) fin xive s. poupée fig. « personne enfantine, immature » (Froissart, Chron., éd. L. et A. Mirot, t. 13, p. 214 : celle poupée le duc d'Irlande) ; b) déb. xvies. « femme jolie, parée, coquette » (Réformation des Dames de Paris ds A. de Montaiglon, Rec. de poés. fr. des XVe et XVIes., t. 8, p. 251 : On vous nomme de Paris les poupées) (tlfi:poupée)
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