BOUSTIFAILLE, subst. fém.
Populaire
A.− Repas plantureux. Synon. bombance, bonne chère. Aimer la boustifaille. Faire une bonne boustifaille. Une vie de boustifaille :
À Pierrot elle demanda : − Vous dînez ici ? − Je veux, répondit Pierrot. J'ai une de ces dents. Et mes copains aussi... pas vrai les gars ? À la perspective de boustifaille, Mésange réagit joyeusement en s'asseyant d'un mouvement souple et élégant sur le bureau. Queneau, Pierrot mon ami, 1942, p. 170.
B.− P. ext. Nourriture. Synon. mangeaille, victuailles.Baguer, préparer sa boustifaille. Des grues bâfraient des langoustes, des gâteaux, toute une boustifaille de riches (Montherlant, Les Bestiaires, 1926, p. 547).
PRONONC. ET ORTH. : [bustifɑ:j]. Cf. -aille. Les dict. gén. n'enregistrent que le terme boustifaille.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1821 boustifaille (Desgranges dans Sain. Lang. par., p. 114 : Tu ne fais que boustifer, vive la boustifaille ! Tous ces mots-là sont des barbarismes enfantés par la populace). Formation expressive à partir de bouffer* « manger gloutonnement » ; boustifaille étant un terme dial. d'aire très étendue (FEW t. 1, p. 440b, s.v. borda) ; à partir du rad. de bouffer* « manger gloutonnement » on peut imaginer une double évolution : a) un dér. en -aille* (cf. mangeaille, ribaudaille, ripaille, etc.) bouffaille attesté en 1792 (Hébert, Père Duchesne, no199, p. 4 d'apr. Walter dans Quem.), b) des verbes dér. fréquentatifs *bouffeter (cf. débéquer/(dé)bèqueter, gober/gobeter, piquer/piqueter, etc.), bouffetifer* (cf. ébouriffer); d'où les subst. bouffetifaille ou boutiffaille (dial. du centre, Jaub.), puis, par dissimilation, boustifaille.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 20.
BBG. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 174. − Sain. Lang. par. 1920, p. 114. − Wexler (P. J.). Pour l'ét. du vocab. des vaudevilles. In : [Mél. Cohen (M.)]. The Hague-Paris, 1970, p. 215. (tlfi:boustifaille)
- boustifaille n.f. non conv. US. ALIM. "nourriture" - FEW (1, 440b), R, GLLF, TLF, Lex.[75], PR[77], DFNC, 1821, Desgranges ; Ls, ø d. Compl.ND4 (1819, L. Balzac)
- 1819 - «[...] pour qu'il convertisse le bouquet de fausses fleurs en boustifaille, le dit parent aurait donc apporté une brioche toute chaude de chez le fameux Carpentier, un biscuit de Savoie et des marrons de Lyon grillés.» L. Balzac, let., in H. de Balzac, Corresp., I, 56 (Garnier) - P.E.
- boustifaille n.f. non conv. US. ALIM. "nourriture" - DDL 19, 1819, L. Balzac [repris in GR] ; FEW (1, 440b), GLLF, TLF, Lex.[79], DFNC, 1821, Desgranges ; Ls, ø d. boutifaille - FEW (rég. Centre), TLF (rég. Centre), DFNC (rég.), GR[85], ø d.
- 1800 - «Mad. ANGOT. Avec Dutaillis, mon gendre, sa femme, ma fille, et Vantadour, mon beau-frère, j'arrivons à Marseille, j'y sommes fêtés, courus, ni pus ni moins qu'une curiosité ; c'était tous les jours des carnavals pour la boutifaille ; enfin, la veille du mariage de ma fille, le père de son prétendu nous dit qu'il veut nous régaler d'une promenade de partie su' mer [...]» Aude, Madame Angot au sérail de Constantinople, 9 (Théâtre de l'Ambigu) - P.E.
- self-boustifaille n.m. plais. HÔTELL. - ø t. lex. réf. ; absent TLF.
- 1962 - «[...] il en restera toujours assez pour courir au cinéma, au grand meeting protestataire [...] au self-boustifaille [...]» A. Boudard, La Métamorphose des cloportes, 75 (Plon) - K.G. (bhvf:boustifaille)
- Ce qu'il faut pour la bouche. (TIM cité par DEL)
- De bouffer par les formes régionales bouffaille (1792), boutifaille. (GR)
- Argot parisien courant d'avant-guerre. (Dauzat1918voc)