DÉGOULINER, verbe intrans.
Fam. [Le suj. désigne un liquide ou une substance visqueuse] S'écouler goutte à goutte ou abondamment. La goutte d'eau qui dégouline d'une feuille (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1891, p. 133) :
1. La chandelle se consumait et dégoulinait sur la panse de la bouteille en ruisseaux blanchâtres et brisés... A. ARNOUX, Roi d'un jour, 1956, p. 72.
Absol. La pluie dégoulinait (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 185).
Rare, emploi trans. Je dégoulinais la sueur (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 38).
Expr. À dégouline que veux-tu :
2. Jambus me les a tellement serinés [des bobards] qu'ils me coulent de source, que je m'en fiche et qu'ils m'empoisonnent tout de même, que je débite le boniment à dégouline que veux-tu... A. ARNOUX, Rhône, mon fleuve, 1944, p. 121.
Rem. On rencontre ds la docum. a) Dégoulinant, ante, part. prés. adj. Qui dégouline. On se passait les seaux dégoulinants qui n'arrivaient pas à moitié pleins (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 9). b) Dégoulinis, subst. masc. Écoulement d'un liquide. Un dégoulinis d'eau (HUYSMANS, En mén., 1881, p. 175). c) Dégoulinade, subst. fém., fam. Écoulement liquide ou visqueux; trace laissée par cet écoulement. Gaston lui tend l'enfant [à une vieille dame] : leur aspect, les dégoulinades, sont éloquents (LA VARENDE, Centaure de Dieu, 1938, p. 155).
Prononc. et Orth. : [deguline], (je) dégouline [degulin]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1757 (J.-J. VADÉ, OEuvres posthumes, p. 300). Dér. avec suff. -iner* de dégouler « s'épancher » (FEW t. 4, p. 310a ; une 1re fois au XIIIe s. sei desgoler « se glisser » ds GDF.) ; dér. de goule (gueule*). Fréq. abs. littér. : 53 (dégoulinant : 21).
BBG. PAULI 1921, p. 52. SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 44. SAIN. Lang. par. 1920, p. 287. (tlfi:dégouliner)