SAVON, subst. masc.
B. − Au fig., fam. Sévère réprimande. Synon. attrapade (fam.), engueulade (pop.). De mon innocence dans le fait il ne fut même pas question, car c'est la seule hypothèse que personne ne voulut admettre un instant. Néanmoins les difficultés de l'inculpation firent que je m'en tirai avec ce savon, extrêmement violent (Proust, Fugit., 1922, p. 444). Un lavage de tête, (...) un savon ferme, courtois, bref à un sous-chef (Arnoux, Double chance, 1958, p. 144).
− Loc. Passer, flanquer (fam., pop.), foutre (vulg.) (ou un verbe de même parad.) un savon à qqn. Il vient de recevoir un savon de son colonel, ton Van Dyck (H. Bataille, Maman Colibri, 1904, III, 2, p. 21). Si jamais un flic te questionne (...) tu ne me connais pas (...) ils te passeront un savon mais ils te laisseront filer (Vialar, Faux fuyants, 1953, p. 109).
Prononc. : [savɔ ̃]. Homon. savons (du verbe savoir). Étymol. et Hist. 1. a) 1597 laver (à qqn) la teste sans savon « faire des reproches (à quelqu'un) » (Favre, Lettre du 9 janv. ds OEuvres de S. François de Sales, publ. par les Religieuses de la Visitation du 1ermonastère d'Annecy, t. 11, p. 423) ; b) 1757 avoir le savon « se faire réprimander » (J.-J. Vadé, Œuvres posth., p. 256) ; 2. 1634 « action de savonner le linge » (Corneille, Galerie du Palais, I, 6, 115 ds OEuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 2, p. 24). Déverbal de savonner*. Bbg. Quem. DDL t. 5. (tlfi:savon)
- savon n.m. non conv. RELAT. "réprimande" - FEW (17, 5a), PR[72], 1788, Féraud ; L, cit. Corresp. Klinglin [1797-1798] ; DG, ø d. Add.DDL et compl. TLF :
- 1757 - «Vous v'nez d'avoir le savon / Cheux l'pere Mahon.» Vadé, Oeuvres posthumes, 256 (Londres) - IGLF
- 1839 - «Et ma fille qui va me donner un savon royal !... elle ne m'a rien dit hier au soir en rentrant ; elle me gardait ça pour mon dimanche.» Dupeuty et Vanderbuch, Balochard, II, i - B.W.
- savon n.m. non conv. ACT. OBJET "coup, volée de coups" - E (s.v. savonner), DFNC, 1756 ; absent TLF.
- 1716 - «M. BLAZONNET. Malepeste ! tenez. Monsieur, pour vous parler net, c'est que plus le linge est sale, plus il y faut de savon. ARLEQUIN, en colère. Attends, attends, insolent, je vais te donner du savon, moi. (Il conduit M. Blazonnet à coups de batte.) M. BLAZONNET, s'enfuyant. A l'aide ! Au meurtre ! on m'assassine !» Dorneval, Arlequin traitant, in D'Auriac, Théâtre de la foire, 198 (Garnier) - P.E.
- savon n.m. non conv. RELAT. "réprimande" - DDL 5, 1757, Vadé [repris in TLF] ; BEI, déb. 18e ; GLLF, FEW (17, 5a), 1788, Féraud ; L, cit. Corresp. Klinglin [1797-1798]
- 1744 - «[...] on Lui donna un fier Savon : severe reprimande... Lavasse Savonner, laver la tete à Q[elqu'un].» P. Potier, in P.W. Halford (éd.), Le français des Canadiens à la veille de la Conquête, 49 (Les Presses de l'Université d'Ottawa, 1994) - P.H.
- 1746 - «On Lui à donné un fier ou Maitre Coreil : Savon... suif... Lavasse... corection reprimande.» P. Potier, in P.W. Halford (éd.), Le français des Canadiens à la veille de la Conquête, 92 (Les Presses de l'Université d'Ottawa, 1994) - P.H. (bhvf:savon)