C. − Au fig., pop., fam., plais.
1. Qui est très réussi dans son genre, qui a de la classe. Mes courses pour t'avoir des articles n'ont fini qu'avant-hier. Si l'on me tient parole, tu auras une soignée presse (Flaub., Corresp., 1879, p. 270). La suite imaginative de cela, chez moi (...), ça devient illico un bombardement de Londres soigné (Valéry, Corresp. [avec Gide], 1894, p. 216).
2. Quelque chose de soigné. Qui dépasse les attentes et, p. antiphr., qui ne peut être pire. Ça va être encore quelque chose de soigné comme professeur, ce Rabastens ! (Colette, Cl. école, 1900, p. 75). Mon vieux, tu parles d'un bombardement qu'ils ont balancé. Quelque chose de soigné comme décoction ! (Barbusse, Feu, 1916, p. 12).
3. Qui est très fort, très important. Synon. pop., fam. gratiné. Addition soignée. Aussi quand La Queue apprit que ce gueux de Delphin (...) se permettait de rôder autour de sa fille, allongea-t-il deux claques soignées à Margot (Zola, Cap. Burle, 1883, p. 238). Je lui administrai, d'une voix de stentor, une engueulade soignée (L. Daudet, Brév. journ., 1936, p. 173). (tlfi:soigné)
- soigné adj. non conv. VALEUR "fort et excessif" - L, GLLF, 1871 ; FEW (17, 274a), 1875, Lar. ; R, Lex.[75], PR[77], ø d. Compl.TLF (mêmes réf., ø texte)
- 1830 - «[...] un homme qui paraît ivre s'approche du factionnaire. [Le Sergent :] Tenez, regardez donc, mon lieutenant, en voilà z'un qu'est, j'espère, en ribotte soignée.» Les Barricades de 1830, 29 (Levavasseur) - P.E.
- 1840 - «AUGUSTE, à part. Roussillon m'a promis que ce serait soigné et cossu.» F. Soulié, L'Ouvrier, 3a (Magasin théâtral) - P.E.
- 1844 - «BARATTIER. [...] je conserve contre M. Clairaut et ton Cyprien... une rancune soignée.» Béraud et Léopold, Le Rôdeur, 9a (Magasin théâtral) - P.E. (bhvf:soigné)