CHENU, UE, adj.
II.− Fig., arg. ou pop. [Correspond à I A 2 b, mais avec une valeur méliorative] Bon. Du travail chenu, mais cher (Toulet, Les Tendres ménages, 1904, p. 137). Des compagnons (...), de chenus et superlatifs, célèbres par la chrétienté (A. Arnoux, Rhône, mon fleuve, 1944, p. 271).
− En partic. Du chenu pivois. Du bon vin. Emploi subst. Du chenu. C'est du chenu que m'offre le citoyen, je crains qu'il ne me tape sur le bonnet (Balzac, OEuvres diverses,t. 1, 1850, p. 498).
− Loc. C'est du chenu. C'est quelque chose de beau, de bonne qualité. Je vous conterai ma vie en détail. C'est du chenu (Stendhal, Le Rouge et le Noir, 1830, p. 498). Vol avec effraction... avec escalade... et la nuit... (...). Rien n'y manque... c'est du chenu... (Sue, Les Mystères de Paris, t. 8, 1842-43, p. 248). Les facultés de l'âme, c'était de la haute, du chenu ! Ma mère était flattée (J. Vallès, Jacques Vingtras, L'Enfant, 1879, p. 33). C'est pas du chenu. Les souliers (...) ce qu'on fait de meilleur marché, c'est pas du chenu. Eh bien ! Neuf francs tout de même (Aragon, Les Beaux quartiers, 1936, p. 362).
Rem. Canada 1930 et Bél. 1957 enregistrent le sens ,,petit, de peu de valeur``, que le premier illustre par le syntagme discours chenu et le second par le syntagme repas chenu.
Prononc. et Orth. : [ʃ əny]. Warn. 1968 est le seul dict. à admettre qu'on ne prononce pas [ə] muet ; à ce sujet cf. chemin. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 2. 1628 arg. « bon » (O. Chéreau, Le Jargon ou Lang. de l'arg. réformé, p. 50) ; 1718 vin chenu (Leroux, Dict. comique, p. 110 ds IGLF). Du lat. cānūtus qui serait peut-être attesté une fois, comme qualificatif de poisson, par Plaute (ds TLL s.v., 298, 59) puis au sens de « blanchi (en parlant de cheveux) » en lat. médiév. peut-être dès le vies. (ds Nierm.), v. aussi Mittellat. W. s.v. ; dér. du class. canus « blanc », spéc. en parlant des cheveux et au fig. « vieux », « sage ». Le sens 2 « bon » est issu de 1 à travers la notion de « vieilli, bonifié par le temps » cf. le sens de « sage » (XVIe s. ds Hug.). Fréq. abs. littér. : 111. Bbg. Arveiller (R.). R. Ling. rom. 1965, t. 29, p. 376. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 71, 293. − Sain. Lang. par. 1920, p. 523. (tlfi:chenu)
- Chenu : blanc de vieillesse ; appliqué au vin que la vieillesse améliore, et par ext. à ce qui est de qualité. (D'Hautel, cité par GIR-BIS)