PIGER2, verbe trans.
B. Au fig. Saisir par le regard ou par l'intelligence.
1. Pop. Voir, regarder attentivement, admirer. Chuchin : Ah ! çà, qu'est-ce qu'il veut faire avec sa gaule? la pêche n'est pourtant pas ouverte... Alexandre : T'as donc pas vu qu'il a une bouteille attachée au bout? Il fait sa provision d'eau de Seine... pige-le, s'il est rigolo (A. DAUDET, Pte paroisse, 1895, p. 225). Il voyait à peine les paysages. Il n'y donnait un coup d'oeil que lorsque Broudier ou Lesueur avait dit: Pige-moi cet horizon, si c'est bath! (ROMAINS, Copains, 1913, p. 151).
2. Pop., fam. Comprendre. Il n'a pas eu besoin de causer, c'est le tremblement de sa main sur mon bras qui m'a réveillé. J'ai tout de suite pigé! Quand j'en ai vu ramper de ces sagouins, j'ai compris que ça devenait vilain (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 242). Si elle m'a planté là, c'est pour une femme, tu saisis, J.H., tu piges, n'est-ce pas étonnant ? Ah, mon petit, ce sont là des choses qui n'arrivent qu'aux poètes (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 85):
J'avais compris dès le début qu'avec lui, ce qu'il ne fallait justement pas faire, c'était d'accuser le coup. Et ce qu'il avait, je crois, tout de suite apprécié en moi, c'était, sur ce point « d'avoir pigé ».
ROMAINS, Hommes bonne vol., 1939, p.237.
Étymol. et Hist. 2. 1841 id. trans. « regarder » pige-moi ça [ce chic] (d'apr. ESN. 1966); cf. 1858 id. (LARCH., p.656 qui cite La Bédollière); 3. a) 1842 id. « voler, dérober » (arg. des canotiers, Seine d'apr. ESN. 1966) (TLFi) /