BOUI-BOUI, subst. masc.
Pop., péj.
A.− Théâtre, café-concert, cabaret de dernier ordre :
... j'avais tort l'autre fois de vouloir faire jouer ton fiancé dans ce lamentable bouiboui du père Lebonze pour un billet ou deux de bénéfice... Anouilh, La Sauvage, 1938, II, p. 178.
B.− Petit bal mal famé. Un bouisbouis de Montparnasse (Huysmans, Les Soeurs Vatard, 1879, p. 44).
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [bwibwi]. 2. Forme graph. − Lar. 19e enregistre boui-boui ou bouig-bouig ; Guérin 1892 : bouiboui (en un seul mot) ou bouig-bouig (pour cette dernière forme cf. aussi la rem. dans Rob. : ,,Th. Gautier a écrit bouig-bouig``). Littré donne uniquement bouiboui (sans trait d'union). Nouv. Lar. ill. (Pt Lar. 1906, Lar. 20e) ; DG, Rob., Quillet 1965 et Dub. donnent uniquement boui-boui. Lar. encyclop. admet boui-boui ou bouisbouis (en un seul mot). Au plur. des bouis-bouis dans Rob. (cf. aussi Lar. 19e, Lar. 20e), des boui-bouis dans Lar. encyclop. On trouve bouis-bouis au sing. dans Flaubert, Correspondance, 1874, p. 206, et aussi bouisbouis dans Huysmans, loc. cit.
ÉTYMOL. ET HIST. − 2. 1847 bouig-bouig (Gautier, Art. dram. en Fr., 5, 145-6 dans Quem. : Au plus bas de l'échelle [des théâtres de Paris] se trouve le foyer du Petit Lazari, du bouig-bouig, espèce d'estaminet et de tapis-franc, s'il faut en croire MM. Clairville, Grangé et Dennery ... Le bouig-bouig [...] signifie, en argot dramatique de bas lieu, le petit théâtre de quatre sous. C'est une onomatopée tirée des bredouillements du pitre ou du queue-rouge, qui font la parade à la porte) ; 1854 bouisbouis « marionnette » (Privat d'Anglemont, Paris Anecdote, p. 34 dans Littré Suppl.). Orig. obsc. (FEW t. 23, p. 139a, s.v. théâtre et t. 21, p. 507a, s.v. bordel). 1 est peut-être à rapprocher du bressan boui « local des oies et des canards » (Guillemont), lui-même d'orig. inconnue (FEW t. 22, p. 19b, s.v. oie). 2 peut-être même mot que 1 p. anal. de sens ; redoublement, peut-être p. réf. au boniment du personnage faisant la parade à l'entrée de l'établissement (cf. ex. de Th. Gautier).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 17. (tlfi:boui-boui)
- Voir bouis, d'origine provinciale, qui désigne dans le Jura, un taudis et dans la Bresse un bâtiment où on loge les oies et la canards. (SAINXIX)
- D'abord café concert puis café de bas étage. (GIR-BIS)
- Orig. incert. p.-ê. de bouis, dial. « étable », de bos « boeuf » ou bien, d'après Guiraud, reduplication expressive à rattacher à bouisse « fille de bas étage », qu'il rattache au rad. onomatopéique bob-. (GR)