GARGOTE, subst. fém.
A. − Petit restaurant bon marché où l'on sert des plats peu délicats et/ou de mauvaise qualité. Dîner, ordinaire de gargote ; tenir gargote. Un mauvais dîner dans une gargote (Michelet, Journal, 1833, p. 744). La forte et nauséabonde odeur de vin et de mangeaille qui vous saisit à Paris, en passant devant les gargotes de faubourgs (Balzac, Paysans, 1844, p. 45) :
Les trois promeneurs revinrent au bord de l'eau et cherchèrent un restaurant. Ils s'attablèrent sur une sorte de terrasse en planches, dans une gargote puant la graisse et le vin. Zola, T. Raquin, 1867, p. 66.
B. − P. méton. et fam. Mauvaise cuisine. Cette cuisinière nous fait une vraie gargote (Ac. 1932). Les traiteurs du quartier cuisinaient de la gargote (Bourget, Disciple, 1889, p. 16).
Prononc. et Orth. : [gaʀgɔt]. Ds Ac. dep. 1694 ; ds Ac. 1694 et 1718 gargotte ; ds Ac. 1740-1932 gargote ; var. gargotte ds la docum. (cf. Pergaud, De Goupil, 1910, p. 249 et Mounier, Traité caract., 1946, p. 704). Étymol. et Hist. 1680 (Rich.). Déverbal de gargoter « manger, boire de manière malpropre » (1675, Widerhold, Nouv. dict. fr.-all. ds FEW t. 4, p. 55a) ; dès 1584 « bouillonner (d'un liquide) » (Du Bartas, gargotter ds Hug.), dér. du m. fr. gargotte « gorge, gosier » (1549, A. Du Moulin, ibid.), var. par substitution du suff. -otte* de garguette « id. » ([ca 1300 lat. médiév. d'Angleterre gargeta ds Latham] 1419 ds Gdf., s.v. gargate ; cf. gargeter « ronfler, râler » dès 1240, St François, 4615 ds T.-L.), issu par substitution du suff. -ette* de l'a.fr. gargate « gorge » (1155, Wace, Brut, éd. I. Arnold, 2173), lui-même dér. de la racine onomat. garg- (gargouille*) par suff. -atta (-attus, v. -at), cf. Bl.-W.5et FEW t. 4, p. 61a. Fréq. abs. littér. : 95. Bbg. Quem. DDL t. 5 (s.v. gargot). (tlfi:gargote)