MANCHE, subst. fém.
A. − Arg. Faire une manche. Faire une collecte dans le milieu pour aider un des siens dans le besoin. [Sa femme et lui sont sans le sou] i' s'en tireront pas de cette mélasse sans qu'on leur fasse une manche ! (Dussort, Preuves exist., 1927, dép. par G. Esnault, 1938, p. 55). Aussitôt connu le malheur de Nénesse, Gégène (...) avait organisé une manche dans Montmartre pour casquer son débarbot (Pt Simonin ill., 1957, p. 241).
B. − Quête que l'on fait après s'être produit, avoir chanté, joué d'un instrument dans un cirque en plein air ou dans la rue. Michel Polnareff est devenu un champion du microsillon. Cela ne l'empêche pas de chanter encore à la terrasse des cafés. Et de faire « la manche ». Quand on lui jette des sous, il dit oui (L'Express, 27 juin 1966, p. 63, col. 3). Jadis, dans la chanson, tout le monde faisait la manche. La plupart de ceux qu'on n'appelait pas encore « des artistes de variétés » chantaient dans les rues et dans les cours et devaient, pour vivre, mendier la charité qui tombait parfois des fenêtres des braves gens (Le Matin, 27 avr. 1981, p. 44).
− Travailler à la manche (lang. du cirque). N'être payé que par le produit de la quête après une représentation en plein air. (Ds H. Hotier, v. bbg. infra p. 116).
− P. méton. Somme collectée au cours de cette quête. Les premiers six mois tu seras [dans ma troupe] bien nourri, bien vêtu ; au bout de ce temps tu auras un sixième de la manche (Vidocq, Mém., t. 1, 1828-29, p. 16).
C. − P. ext., pop. Faire la manche. Demander l'aumône. Terminer leurs jours [eux, nos persécuteurs] en faisant la manche à la porte des églises, comme des paumés qu'ils étaient ! (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 118).
Prononc. : [mɑ ̃:ʃ]. Étymol. et Hist. 1. 1552 « gratification » (Rabelais, Quart Livre, chap. 9, éd. R. Marichal, p. 66), seulement au XVIe s., v. Hug. ; 2. 1790 « quête » (saltimbanques d'apr. Esn.) ; 1828-29 faire la manche (Vidocq, op. cit., p. 22). Empr. à l'ital. mancia, attesté aux sens de « don, gratification » dep. la 1re moitié du XIIIes. (Ugieri Apugliese ds Batt.) et de « pourboire, aumône » dep. début XIVe s. (C. Angiolieri, ibid.), empr. au fr. manche2*, prob. en raison de la coutume médiévale qui consistait, pour les dames, à donner une manche de leur vêtement aux chevaliers qui joutaient en leur nom (v. DEI et FEW t. 6, 1, p. 212).
STAT. − Manche1, 2 et 3. Fréq. abs. littér.: 2 302. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 794, b) 4 532 ; xxes. : a) 4 049, b) 3 394.
BBG. − Hotier (H.). Le Vocab. du cirque et du music-hall en France. 1973, p. 59, 116, 135, 143. _ Wind 1928, p. 17. (tlfi:manche)
- Du provençal mancho « quête », ital. mancia « offrande ». (GR)