TAPIN, subst. masc.
B. − Arg., pop.
1. Racolage sur la voie publique. Je pense à toutes ces chambres à coucher remplies d'époux. Ça doit être un fameux galimatias ! (...) Ça doit en fabriquer de la prostitution et du tapin, ces dix mille âmes ! (Giono, Gds chemins, 1951, p. 217). Il lui a promis, Monsieur, de la tirer du tapin et de l'appeler à Nice (...) Moi, je ne m'y fie pas (Arnoux, Crimes innoc., 1952, p. 185).
Faire le tapin. Racoler dans la rue et se prostituer. Synon. faire le trottoir. Avant de dormir, Renée revivait confusément la soirée: un danseur lui avait proposé de « faire le tapin ». « Faudra que je demande à Fernande ce qu'il a voulu dire » (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 139). « Tu ne te fais pas idée, chéri, ce qu'on peut se faire chier dans cette putain d'existence... Y en a, ils croient que c'est rigolo de faire le tapin. Vas-y voir. Moi, je dis que pour du pain gagné, c'zest du pain gagné (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 357).
− P. méton. Prostituée. Deux tapins (...) guettaient encore [à l'aube] le dernier client (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 37).
Prononc.: [tapε ̃]. Étymol. et Hist. 2. a) 1906 « racolage sur la voie publique » faire le tapin (voy[ous] ds Esn. 1966) ; b) 1926 p. méton. « fille de trottoir » (sout[eneurs], ibid.) ; Dér. de taper1* ; suff. -in*. Cf. peut-être déjà ca 1270, pic. tapis « tache qui vient aux jambes quand on s'est chauffé de trop près » (Baudoin de Condé, Conte des hiraus ds Romania t. 10, pp. 590-591, déduit de tapiné « qui a des taches », (Id., ibid.), repris en jeu de mots par tapis). Fréq. abs. littér. : 10. Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 273. (tlfi:tapin)