B. − Faire suer qqn/qqc.
1. Faire suer qqn
a) Imposer un travail dur, pénible ; p. ext., exploiter. Je me sens prendre au collet par l'autre moitié de moi-même, le monsieur actif, le producteur, l'homme qui éprouve le besoin de mettre son nom sur de petites ordures qui l'ont fait suer (Goncourt, Man. Salomon, 1867, p. 44). J'arriverai (...) avec la totalité des épreuves revues, corrigées, augmentées de trois grandes pages, capables à elles seules d'enlever un succès certain et qui m'ont fait suer jour et nuit depuis quatre jours (Villiers de L'I.-A., Corresp., 1887, p. 170).
− Loc. Faire suer le burnous*.
b) Ennuyer, exaspérer profondément. Synon. barber (fam.), casser* les pieds (fam.), emmerder (pop.), enquiquiner (fam.), faire chier (vulg.), raser (fam.). Faire suer le monde. L'ingénue hausse ses épaules dodues : − Une fatigue saine ! vous me faites suer ! Rien ne vieillit une femme comme de vivre à la campagne, c'est connu ! (Colette, Music-hall, 1913, p. 8).
− Empl. pronom. Se faire suer. S'ennuyer. L'édifice de ces lois [faites par les trois assemblées nationales] est une oeuvre atlantique dont l'aspect étourdit. Mais l'étonnement se change tout à coup en pitié, lorsqu'on songe à la nullité de ces lois ; et l'on ne voit plus que des enfants qui se font suer pour élever un grand édifice de cartes (J. de Maistre, Consid. sur Fr., 1796, p. 78). b) 1615 « exploiter, dépouiller quelqu'un » faire suer le bonhomme (arg. des soldats ds Esn. 1965) ; c) 1678 faire suer qqn « l'ennuyer, l'excéder » (Mme de Maintenon, Lett. à M. d'Aubigné, 28 févr. ds Littré). (tlfi:suer)