ALBOCHE, adj. et subst.
Pop., péj. vieilli. Allemand(e) :
1. Il m'appelle toujours « tête de boche » quand je veux faire des choses qu'il ne faut pas. Je lui ai demandé ce que ça veut dire. Il m'a répondu que ça veut dire « tête de bois ». Le plus souvent, il dit aussi « boche » tout court. Et pour les Allemands, il dit les alboches. Gyp, Souvenirs d'une petite fille, t. 1, 1927, p. 128.
2. − ... je vous tiendrai compagnie car je ne voudrais pas vous laisser en tête-à-tête avec ce lascar [un prisonnier], mon général. Dans chaque Allemand il y a un Alboche qui se réveille ... et il vous jouerait une vilaine musique. Vous savez, ils sont puants. B. Cendrars, La Main coupée, 1946, p. 201.
Rem. S'emploie surtout comme subst. (cf. ex.) ; Lar. encyclop. et Esn. 1966 signalent un emploi adj.
Étymol. ET HIST. − 1860, à Nancy d'apr. Esn. 1966 ; 1886, Hogier-Grison, Pigeons et vautours, p. 182 : Au truc, si l'Alboche est paquet, ... Au jeu si l'Allemand est grossier. Formation arg. à partir d'al(lemand)* et de (ca)boche*, et non composée d'al(lemand)* et de boche*, comme l'indique EWFS2, ce dernier mot étant plus récent. Voir FEW t. 1, p. 470, s.v. bottia, A. Dauzat, Les Argots, 1929, p. 98 et pp. 108-109, A. Dauzat, L'Argot de la guerre, 1918, pp. 56-57. Voir aussi boche. (tlfi:alboche)
Usuel et connu de tous ; dominé de beaucoup par le succès de son apocope boche. Larchey (1889) ; usité par un professeur, Lycée de Tours (1868) ; par des hommes de la Commune et d'autres Français (1870-1871) ; à Nancy prononcé albeuche (avec le dérivé albeucher) peu après 1871 ; usuel parmi les élèves âgés de dix à douze ans de l'institution Richer, mi 1886-janvier 1889. Libre suffixation de : allemand, comme rigolboche de rigolo en 1860, dégueulboche de dégueulasse (Rig.), ramolboche de ramolli, Italboche de Italien. Italboche, datable 1889, suffit à prouver que le suffixe dans alboche n'est pas -oche (comme dans rasoche ou sardoche), mais -boche, sans aucune intention de rappeler tête de boche, homme obtus, et que ce suffixe ne signifie ni Germanité, ni Monstruosité méchante. (Esnault1919)
- Voir boche, qui viendrait de caboche. (SAINXIX ; à compléter avec son Argot des tranchées pp. 9-13, 135-136)
- Fusion de boche+Allemand. (SAINXIX)
- Autrefois les ouvriers disaient boche pour qualifier un lourdeau : al a été ajouté pour qualifier les Allemands en général. (VIR)
- Formé de Al (allemand) et boche (tête de boche = entêté ; boche pour bûche). (TIM, cité par DEL)
- Suffixe -boche. (SCHW1889)
- Croisement (mot-valise) de deux synonymes, Allemand et Boche. Cette appellation est de quelques dizaines d'années postérieure à Boche ; on la lit fréquemment dans le Père Peinard : « On a remplacé l'aminche par un Alboche qui a l'air bougrement godiche », n° du 27 juillet 1890, p. 13. Le nom d'Alboche manque encore aux Dictionnaires de Delvau (1866) et de Larcher (1888). Celui-ci ne le cite que dans son Nouveau supplément (1889), à titre de terme de grec ou d'escroquerie au jeu. Cette constatation chronologique exclue la possibilité de tirer Boche d'Alboche. (SAIN-TRANCH)
- De allemand, et (ca)boche ; la forme boche en vient. (GR)
- Suffixation de Allemand. (George, FM48)
- Semble venir soit du croisement d'allemand et de boche, soit plutôt de l'application au mot allemand du suffixe argotique boche que l'on trouve dans fantaboche, rigolboche. (Dech1918)
- Sous influence de « tête de boche » et de « caboche » ; attesté en 1889. (Dauzat1917MdF)
- Altération de Allemand sous l'influence de tête de boche, caboche, rigolboche. Alboche est attesté en 1889 (dans le Nouveau suppl. de Larcher [sic] mais il est plus ancien : entendu en 1874 d'un alsacien émigré et on a noté Albotche en 1877 à Neufchâtel. (Dauzat1918)
- Argot parisien courant d'avant-guerre. (Dauzat1918voc)
- « L'origine du mot [boche] est populaire, et date du second Empire, époque où personne, en France, n'en voulait aux Allemands. On disait alors Alboche, dans les ateliers parisiens, comme on disait Italboche, et sans plus de malveillance. C'était de l'argot de Pantruche, et voilà tout. Mais si Alboche et Boche s'emploient maintenant dans un sens péjoratif, ceux qui portent aujourd'hui ce nom qui leur répugne ne doivent s'en prendre qu'à eux-mêmes. Le peuple les appelait ainsi sans aucune mauvaise intention » (1915. Boches et Bochie)
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