Révisé le 2024-02-02 02:19 | Discuter
Commençons par le principal : il s'agit d'afficher la vedette et la définition dans un bloc lisible et proprement encadré. On n'oubliera pas d'ajouter, si elles existent, les variantes de la vedette, la catégorie grammaticale et la date de première attestation.
la définition
schlinguer ⟦ chlinguer ; chelinguer ; schelinguer ; □ schlinguer bon ; □ chelinguer des arpions ; chelinguer des arps ; chelinguer du bec ; chelinguer du couloir ⟧ #1846
#verbe intr., verbe tr.
Puer, sentir mauvais ; avoir mauvaise haleine ; puer (au sens de : évoquer, en mauvaise part) ; □ sentir bon ; puer des pieds ; □ avoir mauvaise haleine
Passons ensuite aux connexions avec d'autres pages de la famille de Bob. Nous indiquons d'abord la fréquence dans un joli rouge, puis les liens vers les pages d'index, de synonymie, d'usage, de morphologie, de famille, equecétéra, equecétéra. En général, on n'a pas toutes ces informations. On ajoute aussi des images si on a ça sous le coude.
Si qu'on a des citations, on envoie toute la sauce, avec la source, la date, et tout le bataclan, faut pas lésiner. Si rien ne s'affiche dessous, c'est qu'il n'y avait pas de munitions et qu'on n'a pas voulu tromper l'client avec des citations bidonnées à coup d'IA.
les citations
- 1994. Le sirop de la rue
Qu'est-ce que ça schlinguait ! ⊕
- 1905. Le Tigre & Coqueliquot
Ici, ça schlingue le roussi ! ⊕
- 1927. Nouvelles aventures des Pieds Nickelés (suite), dans Les Pieds-Nickelés en Amérique (1921-1927)
Tu schlingues, à toi tout seul, autant que cinq voitures Richer ⊕
- 1952. Émile et son flingue
Nous v'la en route, à pied, collé chacun contre notre canasson qui schlinguait bon l'écurie. ⊕
- 1918. Au seuil des guitounes
Nos pieds, jusqu'aux chevilles, enfoncent dans une boue collante, d'où monte une âcre odeur d'ammoniaque. « Mais c'est dégueulasse, ici ! […] Ça t'foutrait par terre, mon vieux, tellement qu' ça schlingue ! […] » ⊕
- 1963. La 317e section
Ça schlingue salement. Quel métier. Les vaches ! J'vais finir par appeler mon ami Burk. ⊕
- 2007. La gigue des cailleras
remettait au goût du jour, de façon subliminale, quelques doctrines avariées schlinguant sec le Troisième Reich et sa sacro-sainte sélection naturelle. ⊕
- 1911. Le journal à Nénesse
tous les rades du XXe, c'est plus batifonne que la Tuilerie, le Louf ou les Champs d'Élise, pour un vrai parigot… Ça schlingue mieux la Capitale que la Caille, Vaugire, la Maubuée, les Abattoirs, les Carrières, Sainte-Margot, Montmertre, ou l'École… ⊕
- 1956. Fais gaffe à tes os
Je manque défaillir tellement ça chlingue ! On a l'impression de partir en voyage dans l'intestin d'un chacal… ⊕
- 1957?. Dix ans de frigo
Ça schlingue l'essence tout autour et il me vient à l'idée que c'est un miracle que l'accident ne se soit pas terminé par une belle flambée. ⊕
- 2015. Je tape la manche
Ils sont bizarres et chlinguent terriblement. Ils ne doivent pas se laver souvent. ⊕
De plus en plus fort, on affiche ci-dessous, quand la connaît (21% des notices en juillet 2025), la date de première attestion. C'est une information de haute valeur, qui a coûté de la sueur et des larmes et que vous ne retrouverez pas chez les concurrents. Avec la source s'il-vous-plaît ! et le nom de son modeste inventeur ! Dans un écrin bien fait pour la mettre en valeur.
les dates
schlinguer existe depuis 1846
; c'est la plus ancienne date relevée à notre connaissance.
●● sentir mauvais (de la bouche), schelinguer, L'Intérieur des prisons, 1846 (Sainéan, Sources Arg.) ; intrans., sentir très mauvais, Flaubert, Corresp., 1868 (TLFi) ●● puer en général, et spécialement : puer de la bouche, Dét., 1846 ; puer de l'orteil, pop., 1858 (DHAF)
→ Tous les mots de 1846
❤️ Ici, c'est le moment psychologique, il faut actionner la générosité des visiteurs.
« Mes z'amis, si vous connaissez une date ancienne, proche des origines, ne la gardez pas pour vous en Suisse et partagez-la plutôt dans la page de discussion, sans oublier d'indiquer la source exacte. Elle sera vérifiée et intégrée à la notice sous votre signature, et vous aussi deviendrez un petit héros de l'histoire du lexique français. »
Je vous confie le secret des dieux. Pour dater le vocabulaire, perso, je secoue continuellement cette liste de pages jusqu'à ce qu'il en sorte quelque chose :
⧉ GL ⧉ Gallica ⧉ MDZ ⧉ Argoji ⧉ Hathi ⧉ Archive ⧉ ULB.
Hoho, non, on n'en a pas fini avec les dates. C'est un sujet trop important. Ici, dessous, c'est un petit graphique en barres qui prétend indiquer quand le mot a été enregistré. L'échelle horizontale, ce sont les années. La barre rouge verticale, c'est une attestation (ou plusieurs). Ça ne marche pas trop mal et c'est encore une exclu de Bob. J'ai ajouté le lien vers Google Ngram pour facilier les comparaisons.
graph (comparer : Ngram)
1846
1866
1877
2015
1929
2015
1999
1957
1955
1955
1956
1988
1994
1901
1897
1881
1917
1905
1909
1975
1889
1927
1981
1930
1954
1955
1920
1951
1901
1961
1982
1952
1975
1926
1921
1954
1846
1918
1918
1963
2007
1911
Ouf !!
C'était long, ou court. Ça dépend des notices. Il y en a qui sont très riches, et d'autres, la majorité, qui sont vraiment comme des miskines. Mais c'est normal. Bon. On peut dire que la définition à proprement parler elle est terminée et on peut s'en jeter un. Mais ne tardez pas, ce qui suit n'est pas là pour décorer. C'est utile aussi. D'abord, on liste les sources utilisées par Bob pour cette notice car rien n'est inventé, on a les noms.
les sources
- 1846. Dictionnaire des mots les plus usités dans le langage des prisons, dans Intérieur des prisons (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1866. Dictionnaire de la langue verte (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1877. L'Assommoir (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1881. La chanson des gueux (édition intégrale 1910) (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1889. Étude sur l'argot français, dans Etudes sur l'argot français (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1900 [1897]. Dictionnaire thématique français-argot suivi d'un index argot-français. A l'usage des gens du monde qui veulent parler correctement la langue verte (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1901. Dictionnaire d'Argot. Argot-français, français-argot (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1901. Dictionnaire français-argot et des locutions comiques (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1905. Le Tigre & Coqueliquot (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1909. Ribouldingue se marie, dans La bande des Pieds Nickelés (1908-1912) (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1911. Le journal à Nénesse (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1917. Argot - Soldaten-Ausdrücke und volkstümliche Redensarten der französischen Sprache (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1918. Au seuil des guitounes (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1918. Vocabulaire, dans L'argot de la guerre d'après une enquête auprès des officiers et des soldats (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1920. Le langage populaire (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1921. L'argot du soldat romand - 1914-1918 (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1926. IV - Locutions usuelles de la langue parlée, dans Le français de tous les jours, deuxième partie (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1927. Nouvelles aventures des Pieds Nickelés (suite), dans Les Pieds-Nickelés en Amérique (1921-1927) (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1929. Au Poiss' d'or (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1930. L'argot pittoresque (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1951. Le langage populaire (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1952. Émile et son flingue (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1954. Le soleil naît derrière le Louvre (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1954. Lexique d'argot, dans Razzia sur la chnouf (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1955. La nuit de Saint-Germain-des-Prés (Les nouveaux mystères de Paris, 6e arrondissement) (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1955. Mollo sur la joncaille (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1955. Petit lexique argotique, dans Mollo sur la joncaille (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1956. Fais gaffe à tes os (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1957?. Dix ans de frigo (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1961. Des fruits, des fleurs et du plomb (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1963. La 317e section (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1975. L'argot de police, ou l'académie Saint-Éloi (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1975. Petit dictionnaire Pieds-Nickelés-cave, dans La bande des Pieds Nickelés (1908-1912) (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1981. L'argot tel qu'on le parle (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1982. Qui vous parle de mourir ? (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1988. Chanson dégueulasse (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1994. Le sirop de la rue (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 1999. Boumkoeur (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 2007. La gigue des cailleras (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 2015. Je tape la manche (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
- 2015. Phi Prob (FR | CIT | DAT | REG | SIM)
Ensuite, on affiche les contributions des copains, quand elles existent (quelques milliers, presque toutes par RolandDeL 👏). En général, j'ai repris dans la définition la substantifique moelle des discussions.
les discussions
Ayé. On arrive à la fin finale. Parfois j'ai collecté des informations concernant l'étymologie et c'est juste dessous qu'elles devraient se trouver ; et parfois aussi, j'ai recopié les parties utiles du TLFi, de la BHVF ou du Littré. Pas à la main ! Avec CTRL+C et CTRL+V.
l'étymologie et le TLFi
- L'expression ne viendrait-elle pas de l'allemand schlingen, avaler, ouvrir trop la bouche ? (Delvau, 1866)
- C'est l'allemand stinken. (SCHW1889)
- De Schlingue = gosier, schlanch = boyau, en all. (AYN)
- All. schlagen, d'après ESN ; → Cingler, pop., même sens ; selon Guiraud, du wallon chlin, slin, variantes de clingue « cordage, filin », par le sémantisme du coup. → Fouetter. (GR)
- Orig. obsc. D'apr. le FEW t. 17, p. 43a, empr. à l'all. schlingen « avaler », d'où, par un contresens volontaire, « exhaler (une odeur) » ; dans ses premiers ex., ch(e)linguer, sch(e)linguer a en effet le sens de « sentir mauvais (de la bouche) », mais cette évol. sém. reste difficile à admettre. D'apr. ESN., empr. à l'all. schlagen « frapper », « fouetter (en parlant de la pluie) », « repousser (en parlant du fusil) », d'où « sentir mauvais » (de même que cingler, cogner, fouetter, taper signifient « sentir mauvais » dans la lang. fam. ou arg., v. ESN.), mais le passage [a] > [] fait difficulté. D'apr. GUIR. Lex. fr. Étymol. obsc., dér. de élingue « cordage, filin », d'où « fouetter » (littéral. « frapper avec une élingue »), puis « sentir mauvais » ; de même élinguer « lancer (avec une fronde) », d'où « lancer, repousser au loin » suggérerait l'arg. repousser (du goulot) « sentir mauvais (de la bouche) », mais ces hyp. supposent des sens intermédiaires non att. (notamment élinguer « fouetter » et « sentir mauvais »). (TLFi)
- Argot parisien courant d'avant-guerre. (Dauzat1918voc)
SCHLINGUER, verbe intrans.
Arg., pop. Puer. Des bistroquets (...) où l'on débitait un alcool frelaté, des cantines où l'on servait de la barbaque, du chien crevé qui schlinguait (CENDRARS, Homme foudr., 1945, p. 297).
En partic. Avoir une haleine fétide. Les enfants, il faut dormir, mes jeunes humains. C'est très mauvais de ne pas dormir. Ça vous fait schlinguer du couloir, ou, comme on dit dans le grand monde, puer de la gueule (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 168).
Prononc. et Orth. : [], (il) schlingue []. ROB. 1985 : ,,On écrit aussi chelinguer, chlinguer``.
Étymol. et Hist. 1. 1846 schelinguer « sentir mauvais (de la bouche) » (L'Intérieur des prisons ds SAIN. Sources Arg. t. 2, p. 174) ; 2. 1868 intrans. « sentir très mauvais » (FLAUB., Corresp., p. 362). Orig. obsc. D'apr. le FEW t. 17, p. 43a, empr. à l'all. schlingen « avaler », d'où, par un contresens volontaire, « exhaler (une odeur) » ; dans ses premiers ex., ch(e)linguer, sch(e)linguer a en effet le sens de « sentir mauvais (de la bouche) », mais cette évol. sém. reste difficile à admettre. D'apr. ESN., empr. à l'all. schlagen « frapper », « fouetter (en parlant de la pluie) », « repousser (en parlant du fusil) », d'où « sentir mauvais » (de même que cingler, cogner, fouetter, taper signifient « sentir mauvais » dans la lang. fam. ou arg., v. ESN.), mais le passage [a] → [] fait difficulté. D'apr. GUIR. Lex. fr. Étymol. obsc., dér. de élingue* « cordage, filin », d'où « fouetter » (littéral. « frapper avec une élingue »), puis « sentir mauvais » ; de même élinguer « lancer (avec une fronde) », d'où « lancer, repousser au loin » suggérerait l'arg. repousser (du goulot) « sentir mauvais (de la bouche) », mais ces hyp. supposent des sens intermédiaires non att. (notamment élinguer « fouetter » et « sentir mauvais »). Bbg. COLOMB. 1952/53, p. 486-487. (tlfi:schlinguer)