SNOB, adj.
A. − Qui a l'ambition d'être accepté par les milieux distingués de la société. Le jeune bourgeois admirait qu'on fût noble ; et elle le trouvait snob ; elle admirait qu'on fût bourgeois et il la trouvait sotte (Barrès, Cahiers, t. 4, 1905, p. 135). Quand Bloch me parla de la crise de snobisme que je devais traverser et me demanda de lui avouer que j'étais snob, j'aurais pu lui répondre: « Si je l'étais, je ne te fréquenterais pas » (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 744).
B. − Qui adopte sans discernement et avec ostentation les idées, les goûts, les usages de ceux qui représentent à ses yeux le critère social idéal de la distinction. Cercle, public snob ; jeune fille snob. Ce grand jeune homme blond qui est tellement snob, il a toujours une fleur à la boutonnière, une raie dans le dos, des paletots clairs (Proust, Swann, 1913, p. 242). Elle est un peu vaniteuse, un peu snob, dans la mesure de ses moyens (Flers, Caillavet, M. Brotonneau, 1923, I, 10, p. 6).
Manières snobs. [Gaston] était alors une manière de vedette dans les salons parisiens et snobs (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 301).
− Empl. subst. [Wagner] a permis à quantité de snobs, de gens de lettres et de sots de croire qu'ils aimaient la musique (Gide, Journal, 1908, p. 259). Le vrai « snob » est celui qui craint d'avouer qu'il s'ennuie quand il s'ennuie ; et qu'il s'amuse quand il s'amuse (Valéry, OEuvres, t. 1, Mélange, 1980 [1941], p. 389).
P. ext. Personne qui cède à l'engouement de la mode en cours. C'est dans le fait de cette coalition secrète que le snobisme trouve sa force. Sitôt qu'ils sont parvenus à s'unir voici les snobs dispensés d'agir (...). Ils connaissent le signe. C'est un geste, une coiffure, c'est un port de tête, un mot, une piété en commun pour un nom d'artiste nouveau ou oublié (Gaultier, Bovarysme, 1902, p. 90). Des snobs, prêts à casquer deux mille balles pour vous voir en chair et en os, il s'en ramènera à la pelle, je suis tranquille (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 250).
Rem. Au fém. le mot ne change pas de forme. Pour désigner une femme, et en accentuant la valeur péj., on préfère parfois pour le subst. le terme de snobinette (dér. infra).
Prononc. et Orth. : [snɔb]. Att. ds Ac. 1935. Plur. régulier pour le subst. des snobs ; plur. régulier ou plur. inv. pour l'adj. Voir Grev. 1980 § 750. Étymol. et Hist. A. Subst. 1843 le Snob, sobriquet donné à un personnage vulgaire et mal éduqué (Souvenirs du chevalier de Cussy, publ. par Marc de Germiny, Paris, 1909, t. 2, p. 229 d'apr. F. Baldensperger ds R. Philol. fr. t. 24, p. 113) ; 1857 « personne qui veut se donner des airs d'être de la bonne société et le fait avec ostentation » (Thackeray, Livre des Snobs, trad. Guiffrey, p. 107 ds Bonn., p. 137). B. Adj. a) 1857 « qui a les travers d'un snob » (Forgues ds R. des Deux-Mondes, XI, 636) ; b) 1881 (Rigaud, Dict. arg. mod., p. 349 : Snob, Snoboye. Noble, beau, correct, − dans le jargon du peuple). Empr. à l'angl. snob, terme pop. d'orig. obsc., peut-être dial., désignant un cordonnier ou un savetier (1781 ds NED), empl. dans l'arg. de Cambridge pour désigner celui qui n'est pas universitaire, et désignant plus gén. une personne de bas niveau social (1831, ibid.), quelqu'un sans éducation ni bon goût (1838, ibid.), d'où son empl. répandu par l'ouvrage de (W. M. Thackeray, The book of snobs, 1848, ibid.) dont la trad. est citée ds Bonn., loc. cit. L'empl. adj. corresp. à l'angl. snobbish att. dep. 1840 (NED.). Fréq. abs. littér. : 141 (tlfi:snob)
- Angl., 1848 (Thackeray, le Livre des snobs, The Book of Snobs), de snob « cordonnier », qui a désigné en argot de Cambridge celui qui n'était pas de l'Université, et, par ext., une personne vulgaire dans ses manières et dans ses goûts; l'étymologie par le latin sine nobilitate a été proposée après coup (GR)
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