3. Locutions
a) En sourdine. En utilisant une sourdine. Jouer en sourdine. Les bruits les plus éloignés (...) se percevaient détaillés avec un tel « fini » qu'ils semblaient ne devoir cet effet de lointain qu'à leur pianissimo, comme ces motifs en sourdine si bien exécutés par l'orchestre du Conservatoire que, quoiqu'on n'en perde pas une note, on croit les entendre cependant loin de la salle du concert (Proust, Swann, 1913, p. 33). Il y a (...) dans le jazz (...) des effets très nouveaux à exploiter, par exemple un violon solo jouant à la chanterelle accompagné par le groupe des trompettes en sourdine, rythmant la mélodie de syncopes imprévues (E. Guiraud, Busser, Instrument., 1933, p. 255).
− P. anal. En baissant, en modérant l'intensité d'un son (comme lors de l'utilisation d'une sourdine). Rimbaud (...) se mit à rire, comme ça lui arrivait souvent, à la muette, en sourdine (Verlaine, OEuvres compl., t. 4, Prisons, 1893, p. 370). Vous voulez entendre un peu de musique, Wilfred. En sourdine, pour faire un fond (Green, Chaque homme, 1960, p. 259).
b) Au fig.
α) En sourdine, à la sourdine (vx). Sans faire de bruit ; discrètement, sans se faire remarquer. Synon. secrètement, silencieusement. Décamper, partir en/à la sourdine ; démarche faite à la sourdine. « Le jeune irrité » (tout Sainte-Beuve est dans ce mot) n'aura eu en définitive ni épée dans la bedaine, ni coup de pied au cul, et il recommencera en sourdine ses machinations, comme dirait Homais (Flaub., Corresp., 1853, p. 237). Tout se passait d'ailleurs en sourdine, sauf dans les occasions solennelles : c'est ainsi qu'il y eut des batailles terribles au moment du mariage des enfants (Mauriac, Noeud vip., 1932, p. 144).
β) Mettre une sourdine à, mettre la sourdine. Modérer, atténuer, manifester plus discrètement. Mettre une sourdine à sa joie, à son enthousiasme, à ses prétentions. Fais ce que dois, advienne que pourra. Seulement, mets toujours plus la sourdine à tes espérances et attends toujours moins de réciprocité et de respect (Amiel, Journal, 1866, p. 530). Vatard s'était contenté de créer des filles, et n'osant risquer un garçon, il avait mis une sourdine aux fringales de ses nuits (Huysmans, Soeurs Vatard, 1879, p. 34).
1. 1585 à la sourdine « en cachette, en secret » (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 2, p. 7 : desrober quelque baiser à la sourdine) ; 2. 1835 en sourdine « id. » (Stendhal, L. Leuwen, t. 2, p. 416). (tlfi:sourdine)