CARREAU, subst. masc.
Coucher une pers. sur le carreau. Mettre une personne à terre, la tuer ou la blesser. J'ai couché sur le carreau trente-sept hommes qui ne s'en sont pas relevés (T. GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 350).
Demeurer, rester sur le carreau. Rester à terre, mort ou mortellement blessé. Sains et blessés prennent la fuite, cinq cadavres seulement restent sur le carreau (P. BOREL, Champavert, Don Andréa Vésalius, l'anatomiste, 1833, p. 69). Au fig. Subir un échec :
6. J'ai vu rester sur le carreau les candidats malheureux, comme Stéphen Liégard, lequel n'avait pour lui qu'un sérieux répondant, son Chambertin, dont il abreuvait ses électeurs... L. DAUDET, Quand vivait mon père, 1940, p. 233.
Laisser une pers. (étendue) sur le carreau. Abandonner une personne blessée mortellement ou tuée. Vous avez laissé quelques hommes sur le carreau... c'est une victoire coûteuse (BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes, 1847, p. 636). Au fig. Abandonner, délaisser une personne dans une situation difficile :
7. ... je suis certain de mon élection ; mais je suis bien forcé de me solidariser avec mes collègues, afin de ne pas les laisser sur le carreau... ZOLA, Vérité, 1902, p. 115.
Étymol. et Hist. a) 1330 « sol pavé de carreaux » (H. Capet, 931, ibid.) ; 1723 carreau de la Halle « endroit où les marchands font leur étalage » (J. SAVARY DES BRUSLONS, Dict. universel de comm., Paris) ; 1867 carreau de la mine (Lar. 19e) ; cf. 1885 (ZOLA, Germinal, II, p. 207) ; d'où les expr. ca 1600 étendre qqn sur le carreau (Hardy ds FEW t. 2, s.v. quadrus, p. 1401b) (tlfi:carreau)