FRINGUER, verbe.
B.− Emploi trans., pop. Habiller, vêtir. Être bien, mal fringué. Synon. frusquer (pop.), nipper (fam.). À travers ses doigts entr'ouverts il regarde à quel genre d'homme il a affaire et comme l'homme est plutôt mal fringué le saint-père est un peu inquiet (Prévert, Paroles, 1946, p. 154). « ... − Salut les voyageurs ! » dit Vincent gaiement ; il siffla d'admiration : « Comment que tu es fringuée !... » (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 96) :
... il me reste les quatre-vingts de l'housteau, c'est entendu que la famille me fringue : mais s'il y a un ressemelage de souliers, des mouchoirs à acheter, une chemise, des fixe-chaussettes, tu ne penses pas que j'attends les vacances ? Aragon, Beaux quart., 1936, p. 362.
− Emploi pronom. réfl. Il se fringuait comme l'oncle Arthur... en fier artiste exactement, avec barbiche, lavallière, tatanes longuettes (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 189).
Rem. La docum. atteste un emploi vx, fringuer (un verre). Y verser de l'eau et l'agiter afin de le rincer. Ce déjeuner avait été (...) une merveille (...) les couverts et les cristaux fringués à miracle (Richepin, Miarka, 1883, p. 93).
Prononc. et Orth. : [fʀ ε ̃ge]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 2. a) 1460-66 intrans. « se faire valoir, parader, poser » (Martial d'Auvergne, Arrêts d'amour, éd. J. Rychner, VIII, 58) ; b) 1478-80 part. prés. adj. fringant « qui a de l'éclat, brillant, pimpant, élégant » (G. Coquillart, Œuvres, éd. M. J. Freeman, Droitz nouveaux, 19) ; c) 1590 trans. « rincer (des verres) » (Tabourot des Accords, Escraignes dijonnoises, 19 ds Hug.) ; d) 1878 (Rigaud, Dict. jargon paris., p. 162 : Fringuer. Habiller. − Se fringuer, s'habiller. − Bien fringué, bien mis). Dér. de fringues*, étymol. I ; dés. -er. Le sens de « rincer, laver (des verres) » semble venir de ceux de « rendre brillant, propre » ou de « remuer, faire sauter l'eau dans » et il n'est pas nécessaire d'avoir recours à une orig. germanique (a. h. all. hreinjan « purifier » d'où all. rein « pur » à l'orig. de fringue selon G. Paris ds Revue critique, 1867, p. 332). Fréq. abs. littér. : 11. Bbg. Bugge (S.). Étymol. rom. Romania. 1875, t. 4, p. 357. − Gebhardt (K.). Les Francoprovençalismes de la lang. fr. R. Ling. rom. 1974, t. 38, p. 194. − Lew. 1960, p. 13, 14, 157. − Nicholson (G.G.). Ét. étymol. R. Ling. rom. 1929, t. 5, pp. 41-50. − Straka (G.). En relisant Menaud, maître-draveur. Mél. Imbs (P.) 1973, p. 286. − Thurneysen 1884, p. 99. (tlfi:fringuer)