MÈCHE, subst. inv.
A. − Fam. Être de mèche (avec qqn). Être de connivence, être complice dans une affaire qui doit rester secrète. J'ai des heures où je crois volontiers ce que dit de moi mon adversaire; je me sens parfois de mèche avec mes ennemis (Green, Journal, 1939, p. 44). Ils sont tous de mèche : l'Évêque, le Conseil, les riches (Sartre, Diable et Bon Dieu, 1951, i, 1, p. 38) :
Car s'il eût été le moins du monde de mèche avec Albertine, il ne m'eût jamais avoué qu'il l'avait laissée libre de onze heures du matin à six heures du soir. Proust, Prisonn., 1922, p. 132.
Prononc.: [mε ʃ]. Étymol. et Hist. 1. a) 1791 en mèche d'affut (il faut sans doute lire à mèche d'affur v. Esn. et Cellard-Rey 1980) « à partage égal dans le bénéfice des pages blanches et de la mise en pages (en parlant d'une société d'imprimeurs qui travaille en commun) » (Boulard, Manuel de l'imprimeur, p. 96) ; b) 1793 être de mèche « travailler ensemble, être complices » (d'apr. Esn.) ; Origine discutée. Sainéan Arg. fait remonter le mot au prov. mech « demi ». Esnault (Fr. mod. t. 20, p. 136) y voit l'it. mezzo « moyen ». Ces deux hypothèses doivent être rejetées pour des raisons phonét. FEW t. 6, 3, p. 325a a proposé de rattacher le mot à mèche1*, proprement « matière préparée pour prendre feu aisément », étant donné que l'arrangement conclu marque le début d'une activité. L'existence de l'occitan meuco (R. Ling. rom. t.18, p.106) semble corroborer cette hyp. Il est difficile de dire s'il a eu infl. de 1 sur 2 ou non.
STAT. −Mèche1 et 2. Fréq. abs. littér.: 935. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 583, b) 1563; xxes.: a) 1533, b) 1718.
BBG. −Esnault (G.). Qq. dates Fr. mod. 1952, t.20, pp.136-137. _ Guiraud (P.). Mél. d'étymol. arg. et pop. Cah. Lexicol. 1970, t.17, p.3, 8, 9. (tlfi:mèche)
¨Ital. mezzo « moitié » et « moyen », dans esser di mezzo con... « être de moitié avec » (qqn), d'où « être d'accord ». (GR)