B. − Au fig., fam., péj.
1. Personne incapable et bornée. Synon. imbécile. Tu devrais consulter quelqu'un d'intelligent. Les ganaches qui te soignent (...) ne peuvent que te donner de mauvais conseils (Flaub., Corresp., 1853, p. 392). Ses notes écrites [d'un officier allemand] concernant la discipline faisaient notre joie, et il n'est pas douteux qu'en fin de compte cette ganache ne nous ait rendu la vie plus légère, (...) car le rire délivre et venge (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 110) :
... je crois qu'il n'y a que la République pour nous sauver, mais une République où on aurait mis Gambetta pour la couleur et où l'on aurait appelé les vraies et rares capacités du pays, et non une République composée exclusivement (...) de toutes les ganaches, vieilles et jeunes, de l'extrême-gauche. Goncourt, Journal, 1870, p. 592.
− Emploi adj. Au billard (...) s'il laisse un coup facile, (...) faut-il être ganache pour laisser des coups pareils (Poulot, Sublime, 1872, p. 126). Sous mon air timide et ganache j'ai une violence au fond de moi (Rivière, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p. 92).
2. En partic. Vieillard décrépit et radoteur. Vieille ganache. Synon. (vieille) baderne, (vieux) gâteux. Un tas de vieilles ganaches en gilet de flanelle (Flaub., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 165). Ce vieillard n'est plus qu'une ganache (Péguy, Argent, 1913, p. 1283). V. amoindri ex. 7, bajoue ex. 4. (tlfi:ganache)
- ganache n.f. WW"personne peu intelligente" - FEW (4, 176a), GLLF, TLF, 1740, Acad. ; PR[72], fin 18e ; L, 1826 ; ND2, déb. 19e. • Guenesche n.pr. - ø t. lex. réf. ; absent TLF.
- 1622 - «Bref, je n'ay jamais veu tel bruit, et quant les hommes et les femmes qui sont au monde seroient aussi parfaicts de corps comme Esoppe, d'esprit comme Guerin, de visage comme le comte de Guenesche, de chasteté comme la dame Catherine, que l'on ne laisseroit pas d'en parler.»Les Grands jours tenus à Paris par M. Muet, in Variétés historiques et littéraires, vol. 1, 220-1 (Jannet, 1855) Note de l'éditeur : "Guenesche 'type caricature créé en haine et en moquerie des Espagnols, dont, comme Polichinelle, il exagéroit encore sur sa physionomie le nez proéminent et la mâchoire saillante. De ganassa, qui est ce mot mâchoire en espagnol, on lui avoit fait le nom cité ici, et dont notre mot ganache est encore aujourd'hui une altération transparente'." - J.S.
- ganache n.f. non conv. INJURE "incapable" - FEW (4, 176a), GLLF, TLF, 1740, Acad. ; PR[72], fin 18e ; L, 1826 ; ND2, déb. 19e.
- 1774 - «/dans un contexte concernant les acteurs : / : Renvoyez donc à son défaut votre ganache de Liesse avec le plat Joli et les autres saltimbanques des choeurs de l'Opéra.» Confession gén. d'Audinot, 35 (Rouen, Lemonnyer, 1880) - J.S.
- ganache (vieille -) loc. nom. f. non conv. INJURE - TLF, av. 1815 ; GLLF, cit. Zola ; Lex.[79], GR[85], ø d.
- 1807 - «On dit aussi, et fort injurieusement, d'un homme âgé et radotteur, qui a l'esprit lourd et pesant, c'est une vieille ganache.» [D'Hautel], Dict. du bas-langage, II, 5 (Slatkine) - P.E. (bhvf:ganache)