CADÈNE, CADENNE, subst. fém.
A.− Vx. Chaîne de fer à laquelle on attachait les forçats. Être à la cadène, mettre à la cadène (Ac. 1798-1878).
− P. méton. Ensemble de forçats enchaînés.
Grande cadenne. ,,Nom donné aux bandes de forçats que l'on conduisait de Paris à Toulon ou à Brest et que l'on appelait aussi la chaîne`` (France 1907) :
1. ... voleurs, dont les pères ont jadis fait partie de la Grande Cadenne qui allait de Paris à Toulon ou à Brest. A. Delvau, Dict. de la lang. verte, 1866, p. 54.
B.− MAR. Chaîne de fer à longues mailles servant à rider les haubans contre le bordage d'un navire :
2. Nous étions en présence d'un navire, dont les haubans coupés pendaient encore à leurs cadènes. Verne, Vingt mille lieues sous les mers, 1870, p. 184.
PRONONC. : [kadεn].
ÉTYMOL. ET HIST. I.− Catène début XIVe s. « chaîne (de prisonnier) » (Aimé, Yst. de li Norm. [trad. écrite en Italie], I, 24 dans Gdf. Compl.) ; 1546 (Rabelais, Tiers Livre, éd. Marty-Laveaux, OEuvres, t. 2, chap. 25, p. 124 : [mat de] cathène « fou à lier »). II.− Cadène 1540 « chaîne de forçat » (Amadis, V, 5 dans Hug.) ; 1678 mar. cadene de Haubans (Guillet, Les Arts de l'homme d'épée, p. 75). I catène. Étant donnée l'orig. ital. de la trad. de l'Ystoire de li Norm., la première occurrence de cat(h)ène est empr. à l'ital. catena, graphie anc. cadena (Bl.-W.5) attesté dans Batt., au sens de « chaîne » dep. le xiiie-début xive s. (Iacopone) ; cf. le syntagme in catene « lié, enchaîné » attesté au xiiie s. (Chiaro Davanzati) d'où le sens de « emprisonné » et celui de « prison » ce dernier attesté av. 1529 (Castiglione). L'ital. est issu du lat. catena « chaîne ». Étant donné que ce texte ne se répandit pas en France, catene bien attesté au XVIe s. jusqu'à Rabelais, est prob. un nouvel empr. à l'ital. (Vidos, p. 308) ; cf. avec Rabelais l'ital. pazzo da catena, synon. matto da catena également dans Batt. II prob. empr. à l'ital. du Nord cadena, génois cadenna « peine à laquelle sont condamnés les soldats délinquants, ainsi nommée parce que les condamnés à la même peine sont enchaînés comme les galériens » ; vénitien cadèna (Vidos, p. 308 ; v. aussi Wind, p. 65) ; à l'appui de cette hyp. l'empr. à l'ital. de catene et le sentiment des contemporains qui considèrent le mot comme ital. : Est., Nouv. Lang. fr. italianisé dans DG : Ces messieurs les courtisans trouvent plus beau « attacher à la cadène » que « attacher à la chaîne ». L'hyp. d'un empr. au prov. cadena (FEW t. 2, 1, p. 502a ; Bl.-W.5 ; Dauzat 1973) fin XIIIe s. (Breviari d'amor dans Rayn.) est moins probable.
STAT. − Fréq. abs. littér. Cadène : 3.
BBG. − Kohlm. 1901, p. 34. − Hope 1971, p. 171. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 237, 310. − Tracc. 1907, pp. 119-120. − Wind 1928, passim. (tlfi:cadenne)
- Qquns écrivent cadelle mais c'est cadenne car on appelait ainsi la grande chaîne de forçats qui autrefois partaient de Bicêtre pour les bagnes de Brest ou de Toulon ; cette expression est restée. (VIR)
- Cadène est français. (FP)
- Du latin catena, chaîne. (Armand2012)