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Définition
eustache < Eustache ; ustache ; □ coup d'eustache > #1760
#nom masc.
Couteau ; couteau repliable à cran d'arrêt ou virole ; petit couteau grossier dit aussi jambette, (ciseaux) ; □ coup de couteau
- 1883. Le Tableau de Paris
graver ses mots d'ordre avec l'arête d'une pierre ou le bout rond d'un eustache. ⊕
- 1895. Chant d'apaches, dans Dans la rue - troisième volume - chansons et monologue
Ohé ! les apaches ! / A nous les eustaches, / Les lingues à viroles, / Les longes d'assassins ⊕
- 1835. Les prisons, dans Nouveau tableau de Paris au XIXe siècle
à cet effet, muni d'un eustache qu'ils cachent bien soigneusement aux regards du gardien, ils coupent un morceau de la croûte de leur pain, la frottent d'une gousse d'ail ⊕
- 1897. Bistrouille à l'armée du salut. Contes du Petit Pioupiou (4e série)
tu prends ton pain dans tes deux mains, et ton couteau de l'autre… […] Avec la pointe de l'eustache, tu traces, sur la croûte de la boule de son, ton nom en toutes lettres ⊕
- 1830. Supplément aux Mémoires de Vidocq [L'Héritier, de l'Ain]
Vidocq demanda que son prisonnier fût interrogé et fouillé. On le fouilla, il n'avait sur lui que l'attirail du mendiant, un eustache de trois sous, lame de fer, manche de bois noirci, un bissac de grosse toile, quelques croûtes de pain, et un peigne de buis. ⊕
- 1861. Les chiffonniers de Paris
–Pas mal riposté, papa Dumouchet, fit Foulbert en ricanant. T'es madré sur la chose, et si tu réchappes ta bobine de l'eustache vengeur [guillotine], tu tireras proprement tes guêtres du grand établissement des tire-boulets ! ⊕
- 1933. Filles à matelots
Mais, dis donc, c'coup d'eustache à l'épaule, d'où qu'ça vient ? ⊕
Dates
eustache existe depuis 1760
; c'est la plus ancienne date relevée à notre connaissance.
●● mon Eustache Dubois, Sedaine, Poésies, 1760 (Roland de L.) ●● un Eustache Dubois, 1772 (Enckell, bhvf) ●● eustache, Radet, Roméo et Paquette, 1772 (Enckell, DHPFNC)
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1915
1863
1889
1911
Sources de Bob
- 1830. Supplément aux Mémoires de Vidocq [L'Héritier, de l'Ain]
- 1835. Les prisons, dans Nouveau tableau de Paris au XIXe siècle
- 1861. Les chiffonniers de Paris
- 1863. Les bohèmes du drapeau. Types de l'armée d'Afrique
- 1866. Dictionnaire de la langue verte
- 1876. De quelques parisianismes populaires et autres locutions non encore ou plus ou moins imparfaitement expliquées des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles
- 1881. La chanson des gueux (édition intégrale 1910)
- 1883. Le Tableau de Paris
- 1886. L'Insurgé (Jacques Vingtras - III)
- 1889. (dictionnaire), dans Macé, La police parisienne. Mes lundis en prison
- 1894. Dictionnaire d'Argot fin-de-siècle
- 1895. Chant d'apaches, dans Dans la rue - troisième volume - chansons et monologue
- 1897. Bistrouille à l'armée du salut. Contes du Petit Pioupiou (4e série)
- 1900 [1897]. Dictionnaire thématique français-argot suivi d'un index argot-français. A l'usage des gens du monde qui veulent parler correctement la langue verte
- 1901. Argot des prisons et des récidivistes - Lexique argot-français, dans Manuel-Dictionnaire des juges d'instruction
- 1901. Dictionnaire français-argot et des locutions comiques
- 1903. Les enracinées
- 1904. La Maison Philibert
- 1907. Dictionnaire d'argot-français
- 1911. Le journal à Nénesse
- 1915. Les soldats de la guerre : Gaspard
- 1916. A careful selection of modern parisian slang including the new 'argot des tranchées' with explanatory notes
- 1917. Argot - Soldaten-Ausdrücke und volkstümliche Redensarten der französischen Sprache
- 1917. Vocabulaire du poilu et locutions du front
- 1920. Le langage populaire
- 1929. Je suis un gueux
- 1933. Filles à matelots
- 1935. Moi, le Dab, souteneur !
- 1951. Le langage populaire
- 1957. Du riffifi chez les femmes
- 1957. Glossaire d'argot, dans Du rififi chez les femmes
- 1960. Chass'bi
- 1981. La plus bath des javas
- 1981. L'argot tel qu'on le parle
- 2012. L'argot des prisons
Étymologie
- Eustache, d'après Eustache Dubois, coutelier de Saint-Étienne. (SAINXIX)
- From the name of its maker.
- Périmé depuis longtemps. (LB, Riff. chez les femmes)
- L'eustache est un couteau à lame mobile, aussi peu propre à l'attaque qu'à la défense mais qui coupe la mie de pain et le fromage, parfois la pelure des pommes pour les meilleurs. de temps immémorial on en fabrique à Saint-Claude (d'où leur appellation de couteaux de Saint-Claude), à Thiers et ailleurs, part. à Saint-Germain-du-Crioult. Pour l'origine du nom : on dit que cela vient de son inventeur mais Nisard ne connaît personne de ce nom : probablement pas de filiation avec saint Eustache. Pour la forme, parfaire ressemblance entre le manche et un poteau, pieu pour tenir les tentes militaires, or on appelait ce pieu estache, ils étaient ornés comme les manches sont aussi enjolivés : ces estaches pourraient être les parrains des couteaux. Dans une note de bdp, Nisard convient d'être trompé : dans le Manuel du Coutelier, chez Roret on peut lire que ces couteaux sont connus dans une partie de la France sous le nom d'Eustache Dubois du nom d'un coutelier de Saint-Etienne. D'après ces renseignements c'est possible mais pas de preuve : c'est ce qu'on dit. Plus loin, Nisard, qui a pris connaissance d'un article de la Revue de Saint-Etienne sur l'eustache revient sur ses hypothèses et pose que l'un des fabricants désignés dans cet article se prénommait Eustache (Peyret) et qu'il vécut, dit-on, vers le milieu du XVIIIe, qu'il a eu des descendants, dont un Eustache Peyret-Dubois qui fit des couteaux comme son aïeul et qu'on dit que c'est ce dernier qui a donné son nom aux couteaux. (NISparis)
- De Eustache Dubois, coutelier à Saint-Étienne au XVIIIe. (GR)
Compléments
EUSTACHE, subst. masc.
Vieilli. Couteau à lame unique, mobile et généralement muni d'une virole. Pointe d'un eustache. Le mendiant avait sur lui un eustache de trois sous, lame de fer, manche de bois noirci ([L'Héritier], Suppl. Mém. Vidocq, t. 1, 1830, p. xxxviii). Il [Gamelin] (...) tira son couteau de sa poche, un eustache à manche de corne (France, Dieux ont soif, 1912, p. 83).
− P. ext. Couteau à lame unique et à cran d'arrêt ; couteau de poche à plusieurs lames. C'était un véritable eustache, lame épaisse et longue, cran d'arrêt, manche de corne noire (Sartre, Âge de raison, 1945, p. 147). Plus tard on nous munit d'un long couteau à cran d'arrêt, l'eustache des assassins (Cendrars, Main coupée, 1946, p. 147) :
Jacquot se donne une contenance en sortant de sa poche un gros couteau (...) avec des vilebrequins, des scies, des harpons. Il délivre une grande lame (...). D'un geste décidé, il lance son eustache contre un arbre. Queneau, Loin Rueil, 1944, p. 49.
Prononc. et Orth. : [østaʃ]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. [1782 (texte s. réf. ds Lar. 19e: un couteau connu sous le nom d'Eustache Dubois)] ; 1783 (Encyclop. méthod. Mécan., s.v. coutelier, t. 2, p. 38a : Parmi les couteaux qui se ferment (...) Eustache du Bois, d'un ancien et habile ouvrier de Saint-Étienne en Forez). Cf. ds Havard t. 2, p. 583, fig. 440 la reproduction d'un couteau se trouvant dans la coll. Sauvageot (n°690) au musée du Louvre, et portant écrit sur le manche le nom d'Eustache Dubois. Fréq. abs. littér. : 37. Bbg. Chautard (É). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 592. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 116. − Sain. Lang. par. 1920, p. 119. (tlfi:eustache)
- eustache n.m. Anthroponyme sur Eustache [nom d'un coutelier à St-Etienne au 18e s.] non conv. COUTELL. "couteau" - FEW (3, 250b), R, BW6, Lex.[75], PR[77], 1782 ; E, GLLF (rég.), DFNC (rég.), 1785 ; DG, 1789, Encycl. méth. ; TLF, cit. Mém. Vidocq, 1830 ; L, ø d. eustache Dubois - FEW, TLF, 1782 ; Ls, DG, GLLF, ND4, ø d.
- 1772 - «EKINKOPH. [...] A défaut de poignard j'emploirai mon couteau. (Elle tire de sa poche un Eustache Dubois, ou un couteau à ôter la poudre.)» Théis, Le Tripot comique, 103 (Cailleau) - P.E.
- Corr.ND4 (eustache ; 1779, Dorvigny)
- 1779 - «SUZON. Pardine ! si m'en souvient ! témoin, que j'y ai t'oublié mon petit couteau que vous m'aviez donné, où ce que j'en ai t'eu ben du chagrin, allez. JANOT. Comment ? St ustache Dubois que je vous avois fait présent ? Ah ben ! voyez, c'est comme un sort !» Dorvigny, Janot, ou Les Battus payent l'amende, 14 (s.l.n.d.) - P.E. (bhvf)