ENQUIQUINER, verbe trans.
Pop., p. emphém. pour emmerder*.
A.− Emploi trans.
1. [Le suj. désigne une pers. ou une chose] Causer de l'agacement, de l'irritation. Ce qui l'enquiquinait le plus, c'était un tremblement de ses deux mains (Zola, Assommoir, 1877, p. 695). J'ai été enquiquiné durant six mois par une vieille taupe de cette race-là (H. Bazin, Tête contre murs, 1949, p. 205).
2. [Comme terme de mépris ; le suj. désigne une pers.] Ne pas se soucier de quelqu'un, ne faire aucun cas de son opinion. Le boucher va vous entendre (...) − Je l'enquiquine ! piaula Fanny (Colette, Seconde, 1929, p. 88).
3. Souvent au part. passé passif ou avec un suj. impers. Mettre dans l'embarras, gêner ou inquiéter. Ce qui m'enquiquine, c'est (que)... Pour l'instant, le grand est simplement enquiquiné (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 315).
B.− Emploi pronom. Éprouver de l'ennui, de la lassitude (cf. Delvau 1867, p. 511).
− (Ne pas) s'enquiquiner à + inf. Je ne vais pas m'enquiquiner à refaire tous les calculs (Dub.).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃kikine], (j')enquiquine [ɑ ̃kikin]. Var. enkikiner mais considérée comme rare ds Rob. Étymol. et Hist. 1844 fam. « causer une vive contrariété » ici part. prés. adj. la plus enkikinante de la création (Flaub., loc. cit.) ; 1858 enquiquiner (Larch., p. 507 [au sens de « insulter »]). Prob. dér. du rad. onomatopéique kik- que l'on trouve dans des mots fam. tels kiki « cou » ; préf. en-*, suff. -iner*. Fréq. abs. littér. : 7. (tlfi:enquiquiner)
- enquiquiner v.tr. non conv. AFFECT. "agacer" - PR[77], mil. 19e ; GLLF, TLF (cit.), Lex.[75], 1877, Zola ; R, 19e ; FEW (2, 671a), 1922, Lar.
- 1830 - «FOUCAULT LE BOMBE. Qu'est-ce qu'elle vient donc encore nous enquiquinner, c'te Clément, avec ses épreuves ? Est-ce qu'on travaille aujourd'hui ?» Les Barricades de 1830 (Levavasseur) - P.E. (bhvf:enquiquiner)