BLÈCHE, adj. et subst. masc.
A.− Adjectif
1. Vx. [En parlant d'une pers.] Qui est d'un caractère mou et faible.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixe et du xxe siècle.
− Spéc., région. [En parlant d'une chose] Poire blèche. Synon. blette.
Rem. Attesté dans Besch. 1845, Lar. 19e-20e, Guérin 1892.
2. P. ext., arg. [Au sens physique et mor.] Laid, vilain, mauvais. Le kidnapping, y a rien de plus blèche (A. Simonin, Le Pt Simonin ill., 1957, p. 51) :
... la cuisine était d'un blèche ! Dès que vous aviez terminé votre porcife une seule envie vous venait : vous tirer tant l'odeur des mangeailles voisines devenait débectante. A. Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 47.
Rem. Attesté dans Rob. Suppl. 1970, et dans les dict. de France 1907, Esn. 1966.
− Spéc., arg. (typogr.). Faire banque blèche. Avoir une quinzaine improductive, sans toucher d'argent.
Rem. Attesté dans Lar. 19e-20e, Larch. Suppl. 1880 et France 1907.
B.− Subst. masc., vx, rare. Personne qui possède un caractère dolent, et manque de fermeté.
Rem. Attesté dans Ac. 1798, 1835, Besch. 1845, Littré, Nouv. Lar. ill., Quillet 1965.
− Spéc., arg. (typogr.). Faire blèche (ou coup blèche). Au jeu des cadratins, faire coup nul (sans points).
Prononc. ET ORTH. − Dernière transcr. dans DG : blèch'. Ac. 1798 écrit blèche. Ac. 1835, Littré et DG écrivent blêche. Besch. 1845 enregistre d'une part blaiche (mou, paresseux, sot), d'autre part blèche ou blaiche (terme d'injure). Cf. aussi Lar. 19e qui donne d'une part blaiche (lâche, paresseux), d'autre part blêche ou blaiche (qui manque d'énergie). Lar. 19e signale en outre l'expr. poire blèche pour poire blette (cf. Lar. 20e et Guérin 1892 qui soulignent que poire blèche se dit en Normandie). Lar. 20e admet blèche ou blaiche. Guérin 1892, s.v. blaiche, renvoie à blèche. Noter que dans ses citations il écrit blêche avec un accent circonflexe. Pour les dict. mod. le mot se trouve dans Quillet 1965 blêche ou blaiche et dans Rob. Suppl. 1970 blèche. La majorité des dict. qualifie le mot de vx et d'inusité. Pour le terme de bot., Lar. 19e signale ,,on dit aussi blègne``. Nouv. Lar. ill. enregistre blèche ou blechum.
Étymol. ET HIST. − 1596 bleche « homme mou » (L. Hulsius, Dict. françois-alemand et alemand-françois, Novibergae) ; 1701 blaiche (Fur.) ; 1732 blêche (Trév.); 1798 blèche (Ac.) ; 1794 arg. des typographes (A.-F. Momoro, Traité élémentaire de l'impr., p. 64). Terme norm. (Moisy) ; cf. Mén. (Blesche. On appelle ainsi en Normandie un homme de mauvaise foi) ; application au domaine moral de l'adj. a. fr. fém. blece « blette (en parlant d'un fruit) », v. blet.
BBG. − Colomb. 1952/53, pp. 210-212. − Rigaud (A.). La Vraie Cour des Miracles. 3. Vie Lang. 1969, p. 92. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 347, 364 ; t. 2 1972 [1925], p. 91, 229, 298, 368; t. 3 1972 [1930], p. 58. (tlfi:blèche)
- Du sens faible et dolent, plus ou moins confondu avec une var. de blette : poire blaiche ; emplois régionaux du XIXe passés en argot parisien v. 1880. (GR)
- Sens de devenir blet (blèque, en normand). (AYN)
- En français, blèche a le sens de faible de caractère, d'après Littré, qui propose, avec Grandgagnage, l'allemand : bleich, pâle. Le rapprochement de ce double sens n'est pas impossible. (1884. Typos de province)