c) Au fig., fam. et iron. Être frais. Être dans une situation embarrassante, être mal en point physiquement ou moralement. Nous voilà frais ! Synon. avoir bonne mine, être dans de beaux draps. Me voilà frais, avec celle-ci qui pleure encore ! (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 60). Ça nous fera trois heures de sommeil. Nous serons frais. − Dormez cet après-midi, lui dis-je (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 370) :
13. Car, ajouta le maître de poste en prenant un air piteux, le mérite n'est pas grand'chose en ce pays-ci, c'est le rang qu'on a et la noblesse qui font tout. « En ce cas je suis frais », [it. ds le texte] pensa Lucien. Stendhal, L. Leuwen,t. 1, 1836, p. 78. (tlfi:frais)
- frais (être -) loc. verb. non conv. ÉVÉN. "par antiphrase" - TLF, cit. Stendhal, 1836 ; L, ø d.
- 1799 - «[...] le calotin d'Aymar, choisi [...] pour organiser le républicanisme en Piémont. Il étoit frais le Piémont dirigé par un jean-foutre de calotin, créature de l'émigré Talleyrand.» Ah !... ah !... C'est aujourd'hui qu'il est encore au poste, sacré-dieu, in [R.F. Lebois], Le Père Duchêne, [numéro 14], 5-6 - P.E.
- 1804 - «JOCRISSE. [...] mais vous, au bout d'un mois, qui vous aurait reconnu ? vous avez oublié dans quelle panne alors... Ah ! oui, vous étiez frais, et parce que vous v'là un petit brin recallé, vous v'nez profiter de ça pour séduire ma femme [...]» Sidony et Servières, Jocrisse suicide, 13 (Masson) - P.E.
- 1807 - «TAPIN [...] J'eus bientôt dissipé mon patrimoine, et il ne me resta pour ressource que mes talens. J'étais frais, si ma bonne étoile ne m'avait fait donner dans l'oeil à madame Galantine, cette riche veuve dont voici la boutique.» Martainville, Tapin, 15 (Barba) - P.E.
- Corr.FEW (15/II, 173b), GLLF, Lex.[79], DELF, GR[85] (1808, D'Hautel)
- 1807 - «FRAIS. On emploie fréquemment ce mot par ironie, et dans un sens opposé à celui qui lui est propre. Ainsi, pour faire entendre que quelqu'un s'est mis dans un mauvais cas ; qu'il s'est enivré ; qu'il est mal vêtu, ou misérable, on dit qu'il est frais [...] Je serois frais, si je comptois sur lui. Pour dire, je serois mal à mon aise, si je me fiois à ses promesses.» [D'Hautel], Dict. du bas-langage, I, 405-6 (Slatkine) - P.E. (bhvf:frais)